samedi 19 décembre 2009

Dernier Plenario 2009 à la Academia Nacional del Tango [à l'affiche]

Pour peu que vous soyez un lecteur passablement fidèle de ce blog, vous connaissez déjà bien cette manifestation qui se tient fort ponctuellement tous les 1ers et 3èmes lundis de chaque mois, sauf en janvier et février qui sont les mois des grandes vacances d'été.

Cette année pour la première fois, ce Plenario sera consacré à présenter le travail des élèves de l'Atelier d'écriture Homero Expósito, qu'animent conjointement Alejandro Szwarcman et Alejandro Martino, et dont je vous ai parlé l'année dernière à la même époque, lorsque se sont ouvertes les inscriptions pour le 1er quadrimestre 2009 (l'année scolaire argentine est répartie en 2 quadrimestres et non en 3 trimestres comme chez nous).
En l'occurrence, et c'est bien logique, le tango rituel sera... Mi noche triste, de Pascual Contursi et Samuel Castriota chanté par Carlos Gardel (1), dont il existe deux enregistrements, l'un datant de 1917 et l'autre des années 30 et les deux versions sont stylistiquement très différentes (ce qui montre à la fois l'évolution du genre et l'évolution du chanteur).

La conférence sera donnée par Horacio Ferrer, président de la Academia, qui parlera des premiers tangos des grands poètes du genre (Los primeros tangos de los grandes letristas del género). En ce qui le concerne, on hésite entre Yo soy María, le grand air de María de Buenos Aires (écrite en 1967) ou Chiquilín de Bachín (écrit en 1968), qui est une valse. Balada para un loco, qui est un tango, date de décembre 1969 (comme le savent tous ceux qui ont lu les divers articles que je viens de consacrer à ce morceaux à l'occasion des 40 ans de sa création au Luna Park).

Et pour une poigné d'autres très grands poètes, je vous propose, de mon propre chef, quelques noms et titres (ceux d'entre vous qui assisteront au Plenario pourront me dire si c'est ça ou non....)

Pour Celedonio Esteban Flores : Por la pinta, que le poète dut rebaptiser Margot à la demande de Carlos Gardel, qui avait lu ce poème dans les colonnes de Crítica (un quotidien disparu dans les années 50), Crítica qu'il lisait pour la qualité de ses pronostics hippiques.

Enrique Cadícamo : Pompas de jabón que mit en musique le pianiste et compositeur Roberto Goyheneche (l'oncle de l'autre, le chanteur Roberto Goyeneche), à quelques mois de sa mort prématurée d'une tuberculose pulmonaire (en 1924).
Homero Manzi : Viejo ciego, que mirent en musique à sa demande ses amis Sebastián Piana et Cátulo Castillo.
Alfredo Le Pera : Carillón de la Merced, écrit en urgence avec Enrique Santos Discépolo et qui sauva in extremis la revue de la chanteuse Tania (la compagne de Discépolo) dans un théâtre de Santiago del Chile en 1932.

Enrique Santos Discépolo : Que vachaché. Malgré l'interprétation de la grande Tita Merello, ce fut un four retentissant qui affecta beaucoup l'auteur-compositeur et comédien encore tout jeune.
Homero Expósito : Maquillaje, que mit en musique son petit frère, Virgilio Expósito, début d'une longue et fructueuse collaboration entre les deux frères...

Le traditionnel espace artistique sera consacré aux créations des oeuvres des élèves de la promotion sortante. Elles ont été mises en musique par Edgardo Acuña. Ces tangos, milongas et valses seront interprétés par un trio de chanteurs, accompagnés à la guitare par Edgardo Acuña : Carlos Rossi, Jorge Guillermo et Patricia Martínez.

Ce dernier Plenario de l'année aura lieu le 21 décembre, à 19h30, comme toujours, au premier étage du siège de la Academia (Mayo, 833). Et l'entrée est libre et gratuite comme toujours.

Après quoi, la Academia Nacional del Tango ferme ses portes pour deux bons mois.
Reprise des opérations en mars, avec la rentrée scolaire.
D'ici là, passez de bonnes fêtes...
(1) Mi noche triste est en effet considéré comme le tout premier tango à texte de l'histoire du tango. Il a été chanté (très peu de temps) par Pascual Contursi lui-même, qui s'est empressé d'aller le présenter à Gardel pour que Gardel le prenne à son répertoire et que ce changement d'interprète le libère de la fureur de Samuel Castriota, qui ne supportait qu'on ait osé mettre des paroles sur sa partition instrumentale de Lita. Carlos Gardel était alors un chanteur de folklore pampero et il se produisait tous les soirs au restaurant de Palermo, el Armenonville, avec un immense succès. Il ne chantait pas encore, et pour cause, du tango : à chanter, il n'y avait que des trucs de corps de garde ou de rengaines assez creuses...