L'ex-général Reynaldo Bignone a été le dernier dictateur d'Argentine, depuis la défaite des Malouines en 1982. C'est lui qui était au pouvoir quand il a fallu revenir à la Constitution et organiser des élections libres en octobre 1983 qui ont porté au pouvoir le Président Raúl Alfonsín au moins de décembre suivant (lire ici l'ensemble de mes articles sur ce Président du retour à la Démocratie).
La phase finale du procès contre Bignone avait commencé il y a plusieurs mois (lire mon article du 2 novembre 2009 sur le début des audiences). Hier, Bignone a été condamndé à 25 ans de prison ferme, sans adaptation de peine, comme c'est fréquent pour des personnes de cet âge et de ce niveau de responsabilité (dont la peine est souvent adouci en résidence surveillée, ce que les Argentins appellent la prison à domicile). Il a été écroué dans une prison ordinaire. Il a 82 ans.
Les autres accusés du procès ont eu aussi été sévèrement condamnés : 17, 18, 20 et 25 ans pour plusieurs d'entre eux.
Pour sa défense, il a minoré le nombre de disparus, estimé à 30 000 par les observateurs de bonne foi. Lui a osé justifier les disparitions qui seraient certes illégales en temps de paix mais on était, selon lui, en guerre et il les a évaluées à moins de 8 000 en 10 ans de guerre (la Dictature stricto-sensu a duré de 1976 à 1983).
Bignone a aussi fait cette déclaration ahurissante devant la cour :
"Fue una guerra. Lo real era que existían clandestinas organizaciones terroristas que no eran demasiados jóvenes ni idealistas, su ideal era la toma del poder por la fuerza subversiva. Tenían combatientes, tácticas...fabricaban bombas, cargamento. Mataban indiscriminadamente y a traición. Asaltaban y cambiaban su identidad"
cité par Clarín
"Ça a été une guerre. La réalité, c'est qu'il existait des organisations terroristes clandestines qui n'étaient pas trop jeunes ni trop idéalistes. Leur rêve était la prise du pouvoir par la force subversive. Ils avaient des combattants, des tactiques... Ils fabriquaient des bombes, des recharges. Ils tuaient de manière indiscriminée et en traître. Ils attaquaient et ils changeaient leur identité".
(Traduction Denise Anne Clavilier)
On croirait entendre les criminels nazis devant leurs propres juges en Europe.
Bien entendu, les principales ONG des droits de l'homme étaient dans la salle pour entendre ce verdict. La présidente de Abuelas, dont l'Association est candidate au Prix Nobel de la Paix 2010, les représentants de Madres, de H.I.J.O.S et des autres associations qui s'occupent de retrouver les traces des disparus ont fait des déclarations à l'issue de l'audience. Vous pouvez retrouver les récits judiciaires, les analyses des commentateurs et celles des ONG dans les éditions de la presse d'aujourd'hui.
Pour aller plus loin :
Lire l'article de Página/12
Lire l'article de Clarín
Lire l'article de La Nación
Lire l'article de Crítica de la Argentina
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