Photo Clarín
Si la luna brilla sobre la parrilla,
come luna y pan de hollín
Chiquilín de Bachín, Horacio Ferrer (musique Astor Piazzolla)
Si la lune brille sur le gril,
Il mange de la lune et du pain de suie.
(Traduction Denise Anne Clavilier, © Editions du Jasmin, in Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins).
La semaine dernière, le quotidien Clarín s'est lancé dans une série d'articles sur les plats qui ont marqué la table argentine depuis 200 ans que le pays existe en droit.
Cette semaine, cette série, qui revisite le Bicentenaire côté fourchettes et couteaux, Vía Resto, ce supplément gastronomique de Clarín, s'intéresse à l'asado, le barbecue traditionnel des dimanches et fêtes à travers lequel les Argentins boulotent à une quinzaine ou une vingtaine de personnes un demi-boeuf de la tête à la queue en arrosant tout ça d'une sauce chimichurri tout à fait goûteuse... Le supplément culinaire de cette semaine, Ollas y Sartenes, s'intéresse, quant à lui, au pain : le pain n'est pas une grande réussite en Argentine, il est assez insipide et quelconque, mais c'est la nourriture par excellence du travailleur et ce samedi, nous serons le premier mai, alors le supplément parle du pain et des mille et une façon de le préparer et de l'agrémenter (1).
Vía Restó a intitulé sa série "Les plats qui ont survécu 200 ans" mais il n'est pas sûr que l'asado garde sa qualité et son prestige encore longtemps. D'abord parce que le prix de la viande au détail ne cesse de monter, au point que le Gouvernement, tôt ce mois-ci, a restreint les exportations d'une manière draconnienne. En effet, c'est l'exportation qui fait monter les prix de la viande car les pays importateurs, comme la Russie par exemple, sont prêts à payer un très bon prix pour une viande de très bonne qualité puisque ce sont les produits de la meilleure qualité qui partent à l'étranger. Ensuite parce que la culture du soja gagnant de plus en plus de terres agricoles (le rendement et la rentabilité sont pharamineux !), les éleveurs sont en train de passer de l'élevage extensif traditionnel qui faisait la réputation et la qualité de la viande argentine à l'élevage intensif comme aux Etats-Unis, dont on tire une viande insipide, comme celle des poulets élevés en batterie...
Alors, allez donc lire ces articles avant qu'il ne soit trop tard et que nous n'ayons plus que nos yeux pour pleurer...
Lire l'article de Clarín sur l'asado
Lire l'article de Clarín du 21 avril sur le panorama gastronomique que parcourera la série "Les plats qui ont survécu 200 ans".
(1) avec un jeu de mot au passage : le titre est Buenas migas où il n'est pas difficile d'entendre Buenas amigas (bonnes amies et non bonnes mies). Quand on pense que Molière disait "Ma mie" pour "mon amie" !!!!!