Comme Noël il y a trois mois, Pâques aura été l'occasion d'une considérable hausse des prix à la consommation dans la ville de Buenos Aires. Les groupes agro-alimentaires Arcor (de capitaux argentins), Cadburry et Kraft ont pratiqué sur les oeufs, poules et cloches de Pâques des prix jusqu'à 320% supérieurs à ceux de leur chocolat ordinaire, sous forme de bonbons ou de barres. C'est ce que dénonçait hier le quotidien de gauche Página/12 toujours à l'affût des tactiques des industriels pour faire du chiffre au détriment des consommateurs ordinaires, dont le niveau de vie est grignoté par l'inflation persistante qui règne en Argentine depuis décembre 2001, lorsque toute l'économie du pays s'était effondrée d'un seul coup.
D'ordinaire, dans les boulangeries-pâtisseries, on repère à cette époque de l'année des augmentations du chocolat, transformé pour l'occasion en oeuf, en poule ou en lapin, comme de ce côté-ci de l'Altantique, à hauteur de 30 à 100 % du prix ordinaire appliqué à ce produit.
Mais cette année, Página/12 annonce, à la suite d'une enquête d'une association de défense des consommateurs, que dans les grandes chaînes de supermarchés de la capitale, les prix ont pu augmenter trois fois plus que les autres années, en particulier sur les produits fabriqués par les industriels qui détiennent la quasi-totalité du marché national du chocolat et des confiseries. Le pays n'a guère de tradition propre dans ce domaine, la qualité du chocolat qu'on y vend est assez médiocre et les industriels occupent donc tout l'espace commercial. En Argentine, le seul chocolat qui ait quelque qualité gustative est celui de San Carlos de Bariloche, une station de montagne, dans le nord de la Patagonie. Mais les chocolatiers belges, suisses, espagnols et français peuvent encore dormir sur leurs deux oreilles : le chocolat patagonien n'est pas prêt de leur ôter des parts de marché.
Les exemples donnés par le quotidien sont tout simplement renversants : je vous les indique pour que vous puissiez vous faire une idée de la sauce à laquelle le consommateur argentin lambda se fait manger aux périodes de fêtes :
Le chocolat au lait Milka est vendu à 59,7 pesos le kilo. Mais l'oeuf de Pâques Milka, élaboré avec ce même chocolat au lait, est venu, lui, à 229 pesos le kilo.
La barre de chocolat au yaourt estampillé Cadburry coûte 63,4 pesos du kilo mais l'oeuf en chocolat au yaourt Cadburry coûte, lui, 223,7 pesos du kilo. Ce qui fait une augmentation de 284 % pour Milka (qui appartient au groupe Kraft) et 253 % pour Cadburry.
Mais le pire de tout, c'est encore le groupe argentin qui en est responsable, c'est Arcor qui atteint le plafond phénoménal de 320 % d'augmentation saisonnière : son chocolat Bon o Bon (qui porte assez mal son nom, à mon goût) coûte 48,1 pesos au kilo (ce qui en fait le chocolat populaire par excellence, d'autant plus que c'est un produit argentin). Mais l'oeuf de Pâques Bon o Bon coûte, lui, 199,8 pesos au kilo. Et comme c'est le produit national et qu'il passe pour le moins cher, à votre avis, le consommateur portègne lambda, il achète quoi, dans le supermarché du coin de sa rue ?
Ces prix ont été relevés à Buenos Aires même par l'Union des Usagers et Consommateurs, dans des supermarchés des enseignes Disco (chilienne) et Carrefour (française).
Pour aller plus loin :
lire l'article d'hier dans Página/12.
Visiter le site du groupe argentin Arcor.
Visiter le site des supermarchés chiliens Disco, qui ne donne aucune information sur la société. Uniquement du marketing et de la publicité...
lire l'article d'hier dans Página/12.
Visiter le site du groupe argentin Arcor.
Visiter le site des supermarchés chiliens Disco, qui ne donne aucune information sur la société. Uniquement du marketing et de la publicité...
Le nombre d'articles portant sur ces questions de prix des produits de la vie courante et de pouvoir d'achat en Argentine et en Uruguay se faisant important sur Barrrio de Tango, vous les retrouverez désormais non plus seulement en cliquant sur le mot-clé (un peu fourre-tout) Economie dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, mais aussi grâce au mot-clé plus spécialisé niveau vie, que j'ajoute aux autres articles déjà parus depuis le 19 juillet 2008, date à laquelle j'ai ouvert ce blog.