Le mardi 25 mai prochain, l'Argentine va célébrer en grande pompe le Bicentenaire de la première déclaration d'indépendance. Il y en eu deux en Argentine. L'une le 25 mai 1810, au Cabildo de Buenos Aires, où il s'est agi dans un premier temps de ne plus rendre compte aux autorités madrilènes, alors usurpatrices. Napoléon venait de déposer le roi légitime, Ferdinand, et d'installer à l'Escurial son propre frère, Joseph, que les Espagnols, furieux, surnommèrent bien vite Pepe Borracho (Pepe l'Ivrogne). L'autre le 9 juillet 1816, quand le Congrès, rassemblé à Tucumán, dans la demeure d'une riche famille, décréta à nouveau l'indépendance d'un pays qui se dessinait peu à peu comme ce qui est aujourd'hui la partie nord et centrale de l'Argentine (sans la Patagonie, qui fut conquise plus tard, dans les années 1820 et 1830 et, plus tard encore, dans les années 1860).
Peu à peu, le Gouvernement dévoile le programme des festivités pour le moi de mai prochain. Il y a quelques semaines, la Présidence a fait savoir que le Te Deum national serait célébré à la Basilique de Luján et placée sous les auspices de la sainte Patronne du pays (lire mon article du 1er avril à ce sujet).
Cette fois-ci, c'est le programme des cinq jours centraux, du vendredi 21 au mardi 25 mai, dont il est question : une grande foire sera organisée le long de l'avenue 9 de Julio, une gigantesque artère de 140 mètres de large, dont près d'un kilomètre de long (9 cuadras) sera interdit à la circulation, entre l'avenida Corrientes et l'avenida Belgrano, pour faire place à des stands, des guérites, des activités de toutes sortes. Il s'agira d'un espace fédéral où les 24 Provinces qui composent le pays pourront se mettre en valeur ainsi que quelques autres pays du sous-continent qui fêtent eux aussi leur bicentenaire cette année (le Vénézuela vient de célébrer le sien, il y a quelques jours, avec un grand concours de chefs d'Etat de la région) et quelques pays européens, dont l'Espagne, qui, il y a un siècle, avait envoyé ni plus ni moins qu'une Infante aux festivités du Centenaire.
Quatre défilés sont prévus sur les 5 jours, dont un, le 25 mai, auquel participeront 2 000 artistes, dont la sélection s'est opérée il y a quelques jours au Centre culturel de la Mémoire et des Droits de l'Homme qu'est devenu l'ESMA, cette école de mécanique de la marine qui, sous la dictature, servit de prison clandestine et de centre de torture. Ce défilé, qui partira de la Plaza de Mayo, parcourera la Avenida de Mayo avant de bifurquer vers l'Obélisque, un monument qui fut dressé au croisement de Corrientes et 9 de Julio en 1936, pour les 400 ans de la première fondation de Buenos Aires. Ce défilé, confié à un metteur en scène décoiffant, racontera en 19 tableaux les 200 d'histoire du pays, avec un grand déploiement de technologie, d'innovation et de genres musicaux et théâtraux.
Le défilé militaire aura lieu, quant à lui, le samedi 22 mai, au matin, avec certains régiments qui revêtiront por l'occasion les uniformes historiques des temps forts qui forgèrent l'histoire du pays. Il y aura également un Défilé de l'Intégration, le dimanche, dans l'après-midi, avec des représentations de différents pays invités, tant il est vrai que la population actuelle de l'Argentine s'est formée d'un flux abondant d'immigrants venus d'un peu partout, y compris du Japon.
Les trois expressions musicales typiques du pays seront représentées avec des concerts prévues sur différentes scènes le long du Paseo del Bicentenario : folclore, tango et rock (lire mon article du 19 avril sur la série de disques, avec DVD et livre, que vient de sortir Melopea sur l'histoire du rock nacional).
Enfin, il y aura aussi un Paseo de los Sabores (promenade du goût) avec 72 stands de présentation de spécialités gastronomiques venus de tout le pays, des différentes communautés et des organisations sociales.
Le tout en plein automne. Il commence à faire frisquet à Buenos Aires et les Portègnes sont nettement plus frileux que nous autres, les Francophones d'Europe et encore plus si l'on compare avec les Québecois....
Pour en savoir plus :
lire l'article de Clarín de ce matin.