mardi 23 mars 2010

Ciudad Baigon demain au CCC et bientôt en Europe [à l’affiche]

Le Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini est un centre culturel dont l’objectif est de promouvoir l’économie sous la forme coopérative, un type de société commerciale porteur d’un grand dynamisme économique en Argentine. Le CCC s’est installé en plein quartier des théâtres et des librairies, sur l’avenue Corrientes, au numéro 1543. Tous les mercredis, à partir de 21h30, son département consacré au tango, la Ciudad del Tango, y organise, dans la salle Osvaldo Pugliese, au fond, au niveau du rez-de-chaussée, un concert avec des artistes qui ont peu accès aux médias et que le conseil de la Ciudad del Tango considère comme novateurs. Le 31 mars, la Ciudad del Tango accueillera le chanteur Caracol, qui lui a, pour le moins, ses entrées dans la programmation de la 2 x 4, la radio 100% tango de la Ville de Buenos Aires, installée sur le trottoir d’en face, dans le Complexe culturel San Martín (pour écouter la 2 x4, cliquez sur le lien dans la rubrique Ecouter, dans la partie inférieure de la Colonne de droite).

Ciudad Baigon rue Defensa un dimanche d'août 2008

Demain, dans le cadre de cette série Tango de Miércoles, c’est donc la Orquesta Típica Ciudad Baigon, qui joue tous les dimanches après-midi dans la rue Defensa, à la Feria de San Telmo, qui s’installera sur la petite scène de la Sala Osvaldo Puglisese.
Entrée des spectateurs dans la salle à 21h30.
Prix de la place : 20 $ (peso argentin).

La Orquesta Típica Ciudad Baigon partira ensuite à la mi-avril en tournée en Europe : l’orchestre sera le 30 avril à Nîmes à la Milonga de l’association El Rebote, 292 route de Rouquairol, et le 1er mai à Tarbes. Ils seront le 6 mai à Bruxelles et le 8 mai à Lausanne, où ils animeront une grande milonga de l’association Tangofolie.

Les informations concernant Tarbes et Bruxelles ne sont pas disponibles.

L'orchestre passera aussi dans plusieurs villes non francophones, comme Rivoli (Italie), Ludwigburg et Weimar (Allemagne) et Prague (République Tchèque).

Conseils que l’on peut donner à tous ceux qui auront la change d’aller les écouter, que vous soyez danseurs ou non : demandez-leur avant tout de jouer leur propre musique. Cela leur fera plaisir et bien plus que cela : ils se sentiront tout à fait reconnus et compris pour ce qu’ils sont, des créateurs du tango d’aujourd’hui, un art vivant et non pas une musique embastillée dans les sillons de disques 78 tours remasterisés en disques compacts. Vous verrez : leur musique est bonne, originale, forte, les instrumentistes ont du talent et le chanteur aussi. Ils ont auto-produit un disque, qui porte leur nom : Ciudad Baigon, dont il est à peu près sûr que vous pourrez l’acheter à l’issue des concerts (ou avant). Et c’est parce qu’ils créent cette musique là, ce tango du 21ème siècle qu’il est si frustrant pour eux de faire le long et coûteux voyage vers l’Europe pour s’entendre réclamer par les responsables de milonga encore et toujours et uniquement les mêmes morceaux archi-connus du répertoire de D’Arienzo, Troilo, Pugliese, Di Sarli et Canaro comme si rien d’autre n’existait que ce club des Cinq.

Voici un extrait du texte de présentation qu’ils ont mis en ligne sur leur page Myspace et sur leur site. Cela devrait vous donner une idée de la perspective dans laquelle ils travaillent :

Una nueva generación. Una necesidad filtrándose. La mirada a la tradición empieza a funcionar ya no como espejo, más bien como puente hacia lo inexplorado. Fórmula donde se desarrolló el verdadero trabajo grupal, donde se forjó la formación que llevo el Tango a su Época de Oro: la Orquesta Típica. A partir de ahí, percibir la nueva sociedad; producir en consecuencia. Explorar el folklore urbano para arribar a dos instancias obligadas: crear lo que no existe, alcanzar la excelencia de lo existente. Descubrir ese lenguaje social en constante distorsión; ese lenguaje que disloca su discurso a cada momento generando lo nuevo.
Ciudad Baigon

Une nouvelle génération. Un besoin qui s’infiltre. Le regard vers la tradition commence à fonctionner non plus comme un miroir mais bien plutôt comme un pont vers l’inexploré. Formule dans laquelle s’est développé l’authentique travail d’équipe, dans laquelle s’est forgée la formation qui a porté le tango à son siècle d’or : la Orquesta Típica (1). A partir de là, percevoir la nouvelle société, produire en conséquence. Explorer le folklore citadin pour monter jusqu’à deux instances obligatoires : créer ce qui n’existe pas, atteindre l’excellence de l’existant. Découvrir ce langage social en constante distorsion, ce langage qui disloque son discours à chaque moment pour générer du nouveau.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour en savoir plus sur les artistes, consultez leur site ou leur page Myspace :
Site de Ciudad Baigon
Page Myspace de Ciudad Baigon
Page Myspace de Caracol
Pour en savoir plus sur El Rebote, l’association de tango nîmoise, cliquez sur le lien vers son site.
Pour en savoir plus sur Tangofolie, l’une des nombreuses associations de tango lausannoises, cliquez sur le lien vers son site.

(1) La orquesta típica, c’est une formation dont la composition s’est stabilisée à la fin des années 1910, au tournant des années 20. Elle compte 4 instruments obligatoires : le violon, le piano, le bandonéon et la contrebasse. A la grande époque des cabarets, dans les années 30 et 40, les Grands orchestres, ceux de Canaro (Francisco, Juan ou Rafaél), Pugliese (Osvaldo ou Alberto, l’un de ses frères aînés), Troilo, Di Sarli, Caló, Fresedo, Biaggi, D’Arienzo etc. comptait 4 ou 5 violons, un nombre similaire de bandonéons, une contrebasse et un piano. Il fallait du volume instrumental pour produire le volume sonore de nature à remplir les salles de bal, puisque la sonorisation n’existait pas encore. Elle est apparue dans les années 60 et a tué ce qui restait de grands orchestre. Une Orquesta Típica peut s’adjoindre d’autres instruments : la voix humaine en premier lieu, la guitare, l’alto et le violoncelle sont les plus fréquents. Raúl Garello n’hésite pas à ajouter des percussions, notamment une batterie, et de réintroduire certains instruments à vent, supplantés dans les années 20 par le bandonéon (flûte traversière, hautbois, clarinette, voire cuivres). L’apparition de la Orquesta Típica correspond à l’arrivée dans l’univers du tango de musiciens professionnels formés, passés par des écoles classiques, la plupart du temps des conservatoires : les pianistes. Elle correspond aussi à la fin de la phase d’apprivoisement du bandonéon, un instrument très difficile à maîtriser et pour lequel il n’existait pas d’école jusqu’alors. Il fallut donc que des pionniers comme Eduardo Arolas et Paquita Bernardo essuient les plâtres, se fassent la main sur la complexité de ce clavier et de ce soufflet pour qu’apparaissent les premiers virtuoses que furent Pedro Maffia et Pedro Laurenz dont le talent permit au tango d’être identifié assez vite au timbre du bandonéon. Aujourd’hui, les orquestas típicas sont la plupart du temps des quatuors ou des quintettes et les grands orchestres de ce type aujourd’hui compte une douzaine de musiciens, rarement plus. Il faut être la Orquesta Escuela de Tango Emilio Balcarce pour se produire sur scène en formation de 17 musiciens et la Orquesta de Tango de la Ciudad de Buenos Aires pour rassembler 32 instrumentistes. Les deux sont des formations subventionnés par les finances publiques, en l’occurrence celles de la Ville de Buenos Aires. Ciudad Baigon est une coopérative privée. Comme Astillero. Comme la Fernández Fierro. Comme beaucoup de formations de musiciens jeunes, très nombreuses à Buenos Aires et dans les environs.