jeudi 18 mars 2010

Une pétition pour la Milonga del Indio plaza Dorrego [Actu]


C’est le danseur Carlos Rivarola qui a lancé l’opération, exaspéré de voir les autorités municipales contester à El Indio, grand animateur du tango salón dans Buenos Aires et personnage emblématique du quartier de San Telmo, le droit d’organiser sa célèbre milonga, la Milonga del Indio, sur la Place Dorrego, au coeur de San Telmo, où elle se tient régulièrement et gratuitement à la belle étoile depuis de très nombreuses années.

Carlos Rivarola en appelle donc à la solidarité de toute la communauté tanguera de la capitale argentine et lui demande, au moins provisoirement, de faire taire ses dissensions (et Dieu sait qu’il y en a) et d’oublier pour un moment toutes les rivalités qui peuvent exister entre les professionnels des différentes disciplines pour faire front ensemble et défendre une des manifestations les plus connues, non seulement à Buenos Aires même et à l’intérieur du pays mais aussi à l’extérieur des frontières.

La Milonga del Indio a été, l’année dernière, l’un des lieux où se sont déroulés les épreuves du Championnat de tango de la Ville de Buenos Aires, juste avant le Championnat du monde, jumelé au Festival de Tango de Buenos Aires. El Indio a été membre en août 2009, du jury du championnat du monde pour la catégorie Tango salón, je l’ai vu de mes propres yeux prendre place à la table des jurés à l’une des journées d’éliminatoires organisés à la Trastienda, à San Telmo et il a été fort applaudi à l’annonce de son nom...

Sa milonga a lieu en plein air, tous les dimanches, à partir de 19h30 et jusqu’à minuit, à l’angle (esquina) des rues Defensa et Humberto Primero. Il est en fait question purement et simplement d’interdire (cerrar) la manifestation.

La pétition réclame un droit permanent pour El Indio d’implanter le bal à cet endroit, désormais bien connu de tous. Tout le monde peut y adhérer puisqu’elle est signable en ligne, à condition de décliner son identité véritable et sa nationalité (pas de pseudonyme comme c’est habituel sur Internet) et de donner le numéro de son passeport (pour les non-Argentins. Pour les Argentins, le numéro de la carte d’identité suffit).

Dimanche prochain, tous les défenseurs de la Milonga del Indio sont appelés à venir au rendez-vous pour que la milonga devienne une manifestation géante pour réclamer sa pérennisation.

Je ne vous traduis pas l’appel lancé par Carlos Rivarola car cet appel, tel qu’il a été envoyé lundi en espagnol à un forum de discussion très majoritairement sud-américain, avec une grande quantité de sous-entendus, s’adresse presque exclusivement aux Portègnes. A vrai dire, le texte est plutôt hermétique pour qui ne vit pas à Buenos Aires et n’a pas une très bonne connaissance politique et géographique de cette ville immense. Je vous en donne donc le sens global en substance :
Il y en a assez de ces décideurs politiques qui n’ont jamais rien fait pour aider le tango, qui s’approprient indûment le résultat du labeur des artistes qui, malgré tout, arrivent tant bien que mal à décrocher quelque chose et qui, après avoir tout fait pour empêcher les artistes de prospérer, ont encore le culot de s’attribuer le mérite de toutes les manifestations visant à promouvoir le tango dans Buenos Aires (1). Faisons front en oubliant nos querelles, tous ensemble, danseurs, musiciens, chanteurs, public. Montrons-leur que les danseurs ne sont pas si égoïstes et si égocentriques qu’ils en ont la réputation et qu’ils savent, quand il y a péril, se mobiliser pour l’un d’entre eux. Tout le monde Plaza Dorrego dimanche 21 mars à 19h30, avec ses papiers d’identité sur soi, pour dire à tous ces gens ça suffit comme ça ! (2)

Pour signer la pétition internationale, cliquez sur ce premier lien.
Pour visiter le blog de la Milonga del Indio (qui permet bien entendu d’accéder à la pétition), cliquez sur ce deuxième lien.
Pour visiter le site de María et Carlos Rivarola, cliquez sur ce troisième lien.

(1) D’où cette revendication d’indépendance du 1er Festival de Tango indépendant, dont je vous disais dans un précédent article, le 16 mars, que ses organisateurs avaient voulu se démarquer de manière radicale du Gouvernement de la Ville : nombreux sont les artistes qui rejettent la politique culturelle menée par l’actuel gouvernement ultra-libéral, dont ils estiment qu’elle fait plus de mal que de bien (cf. mon article du 16 mars 2010). Ce qui n’empêche absolument personne pendant le Festival de Tango de Buenos Aires de tresser les louanges du "Gobierno de la Ciudad" qui a organisé "esta lindisima fiesta que es este festival para nuestro tango"... Si on veut être invité l’année prochaine, mieux vaut dire merci et mettre temporairement un mouchoir sur ses convictions de tout le reste de l’année.
(2) Il y a au moins une chose d’assurée, c’est qu’il y aura très, très peu d’artistes portègnes en 2011 pour glisser un bulletin Mauricio Macri dans l’urne lors de la prochaine élection présidentielle, à laquelle le chef du Gouvernement de la Ville de Buenos Aires (Macri) fait actuellement des pieds et des mains pour se présenter, au point qu’il vient de rompre ses relations avec le chef de son propre parti politique, le PRO, De Narvaez, qui tente, lui, par tous les moyens de l’en empêcher
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