C'est le triste événement qui est survenu à Buenos Aires dans la nuit de jeudi à vendredi : le pianiste et compositeur Osvaldo Requena est décédé à l'âge de 78 ans. C'est le Syndicat argentin des musiciens, qu'avait fondé Osvaldo Pugliese en 1936 et dont il était membre, qui l'a annoncé à la presse.
Osvaldo Requena était né à Buenos Aires le 29 juin 1931. Il appartenait à une famille de musiciens. Son oncle, bandonéoniste, avait appartenu à l'orchestre de Pedro Maffia et avait été le professeur de Leopoldo Federico et José Libertella pour n'en citer que deux.
Lui même entra dans la carrière comme pianiste de l'orchestre de Raúl Kaplun en 1951 et il travailla aussi avec Eduardo del Piano, Eduardo Rovira, Atilio Stampone (actuellement président de la Sadaic), Florindo Sassone et Leopoldo Federico, qu'il considérait le grand ami que le tango lui avait donné. Il forma son propre trio en 1985 avec le grand violoniste piazzollien Fernando Suárez Paz et le bandonéoniste Daniel Binelli, qui ouvrait, précisément, jeudi soir, le cycle Tangocontempo au Café Vinilo (lire mon article du 25 mars 2010 à ce sujet). Le trio s'appellait Tango Sessions. Au bout de quelques années, Reynaldo Nichele et Carlos Pazo sont venus remplacer le violoniste et le bandonéoniste des premiers temps.
Osvaldo Requena fut un compositeur et un arrangeur de tango, il fut aussi compositeur de musique de film.
En 1984 et 1991, il avait été le chef de la Orquesta Nacional Juan de Dios Filiberto, que dirige aujourd'hui Atilio Stampone.
Il a fait de nombreuses tournées dans le monde, il a joué notamment aux Etats-Unis, en Europe et en Asie. Il était jusqu'à sa mort l'un des chefs de l'orchestre qui accompagnait le spectacle Café de los Maestros, actuellement en tournée en Asie, avec les danseurs Aurora Lubiz et Luciano Bastos, qui m'ont fait l'honneur et l'amitié de me confier une photo d'eux pour illustrer la couverture de mon livre.
Osvaldo Requena laisse derrière lui 400 disques comme directeur d'orchestre et accompagnateur de nombreux grands chanteurs et comme pianiste, il a enregistré 800 morceaux. L'un de ses derniers disques était sorti en 2008, il rassemblait de grandes pointures du tango comme Leopoldo Federico et le chanteur José Angel Trelles pour un hommage à l'équipe de football du San Lorenzo, le club du quartier de Almagro, l'équipe préférée de mon ami Alorsa, parce qu'en 2008 les Bleu et Grenat fêtaient leur centenaire : Milonga del Centenario, chez RGS Music.
Pour aller plus loin :
lire la dépêche de Telam du 27 mars 2010
lire l'article de Clarín du 27 mars 2010
lire l'article de La Nación du 27 mars 2010.
A l'heure où je publie cet article, le site de Página/12 ne parle pas de la disparition d'Osvaldo Requena.
Comme à mon habitude dans ce blog lorsqu'une personnalité s'en va, je renvoie aux jours suivants le reste de l'actualité, y compris cet incroyable marathon de tango que la communauté homosexuelle de Buenos Aires a lancé aujourd'hui, pour 42 heures ininterrompues de bals, de cours et de conférence-débats, un peu partout dans la capitale argentine (Monserrat, Balvanera, Almagro, Palermo...). Et le retour sur scène de Alejandro Szwarcman, à Fina Estampa, Camarones 1599, à l'angle avec la rue Donato Alvarez, ce soir, à 22h.