C’est à l’occasion de la prochaine présentation du premier disque de Guitarra Negra, son groupe, que le chanteur Alfredo Piro a les honneurs d’une interview dans le supplément culturel de Página/12 de ce matin. Cette présentation aura lieu mardi prochain au Teatro Alvear (voir mon article du 20 mars 2010 à ce sujet).
Dans cette interview, le chanteur raconte la genèse du disque et explique comment il a opéré la sélection des titres.
“El repertorio fue el resultado del armado de temas para tocar en vivo. En base a eso se hizo una selección bastante peliaguda. Primaron ciertos factores, como el de diversificar géneros como para contraponer el título, porque al primer contacto con el disco uno ve que no es sólo de milongas, ¿no? Por otro lado, nos dejamos llevar por las canciones que más nos gustaban, o que más apuraban para estar listas, aunque en ningún momento primó elegir algún tema porque era más conocido que otro”
Alfredo Piro, Página/12
Alfredo Piro, Página/12
Le répertoire a été le résultat du montage des morceaux en vue d’un concert en public. Sur cette base, on a fait un choix sur le fil du rasoir. On a privilégié certains facteurs, comme celui de diversifier les genres pour faire contrepoint au titre, parce qu’au premier contact avec le disque, chacun voit que ce ne sont pas seulement des milongas, n’est-ce pas ? (1). D’un autre côté, on s’est laissé porter par les chansons qui nous plaisaient le plus ou qui étaient les plus urgentes à préparer, encore qu’à aucun moment, il n’a été prioritaire de choisir un thème parce qu’il était plus connu qu’un autre.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Un peu plus loin dans cette discussion à bâtons rompus, Alfredo Piro parle de la façon dont il a découvert Alfredo Zitarrosa, l’auteur-compositeur-interprète engagé uruguayen à qui rend hommage le disque de Guitarra Negra : à travers un hommage qui lui fut rendu il y a vingt ans, un an après sa mort, par différents artistes, dont étaient sa mère, Susana Rinaldi, et le chanteur catalan Joan Manuel Serrat, un artiste très cher au coeur de beaucoup de ses plus jeunes confrères et consoeurs argentins. C’était le 17 janvier 1990, et il s’en souvient visiblement comme si c’était hier.
Encore plus loin, il confie à Cristian Vitale, le journaliste qui l’interroge, qu’il produit en ce moment un nouveau disque de sa maman, qui y chantera accompagnée du seul bandonéon de Leopoldo Federico. Il va falloir surveiller la sortie de cet album.
Pour les avoir vus tous les deux ensemble sur scène au concert d’ouverture du Festival de Buenos Aires en août 2008 au Teatro Avenida (voir mon article du 25 août 2008), ça promet d’être quelque chose, comme on dit ordinairement en France pour signaler une qualité exceptionnelle.
Quant à Guitarra Negra, j’attends le disque que Alfredo Piro m’a gentiment envoyé par la Poste. Je trouverai bien le moyen de vous en faire un petit compte-rendu, d’autant que le directeur musical et les arrangements sont de Moscato (Maximiliano Luna, que vous connaissez aussi par ailleurs), et que je combinerai sans doute avec un compte-rendu sur Perfume de Tango, le nouveau disque de Mariel Martínez et Alejandro Picciano, que je viens de recevoir par la Poste aussi... Des artistes différents, des styles différents, des répertoires différents mais dans les deux cas, voix et guitares.
Après la présentation à l’Alvear mardi, Alfredo Piro et Guitarra Negra seront aussi à Clásica y Moderna, le samedi 17 avril. Je ne connais pas l’heure. Le programme de la journée à Clásica y Moderna (Callao 892) est plus que chargé : Federico Mizrahi se produit dans l’après-midi dans la série des concerts des Pianistas notables (voir mon article du 9 mars 2010 sur ce cycle de récitals gratuits) mais Tres Mujeres para el show fera exceptionnellement relâche ce samedi soir-là. Impossible de savoir pour l’heure quelle place Guitarra Negra trouvera dans ce programme ! Clásica y Moderna y pourvoira sur son site d’ici peu, lorsqu’ils publieront la programmation d’avril.
(1) Le disque s’intitule Milongas de A à Z. Or il se compose de milongas, de chacareras, de zambas, de gatos, de habaneras, de candombes... Il est assez fréquent à Buenos Aires de procéder ainsi par contrepoint, par anti-phrase ou par superlatif. C’est un trait de la culture locale qui nous est vraiment peu familier, au point que nous avons du mal à sentir les nuances du discours ainsi tenu.