Carte du quartier d'Almagro sur le site de la Ville de Buenos Aires
Le 28 septembre, c’est la fête du quartier d’Almagro parce que c’est à cette date-là, en 1839, que Julián (d’autres sources l’appellent Juan) de Almagro y de la Torre a acquis la partie nord d’une immense propriété terrienne qui appartenait alors à un certain Carlos dos Santos Valente. L’Argentine sortait alors et des guerres d’indépendance (la Revolución) et des guerres civiles qui l’avait suivie et Juan Manuel de Rosas régnait en dictateur consommé sur Buenos Aires et sa région depuis 1834. Ce Julián ou Juan de Almagro y de la Torre était un puissant personnage puisqu’il avait été, du temps de l’Empire colonial, ministre d'un Vice-Roi du Río de la Plata, le Marquis de Loreto, qui occupa ces hautes fonctions de 1784 à 1786.
L’immense propriété fut très vite connue comme "la Quinta de Almagro" et ce nom resta attaché au lieu. Le maître de céans et sa famille vécurent quelques années dans ce domaine, dans un manoir situé à peu près là où aujourd’hui se croisent les avenues Rivadavia et Medrano et où se trouve donc la célèbre Confitería Las Violetas, qui fait partie du réseau des Bares Notables, les grands cafés historiques de la ville.
Dès 1857, peu de temps après la chute de Rosas (3 février 1852), aux environs de cette esquina, on construisit l’une des premières gares de Buenos Aires, aujourd’hui disparue, la estación Almagro. Plus tard, la esquina devint un arrêt majeur de tramway, la célèbre ligne Lacroze, qui parcourait la ville d’est en ouest, depuis le cimetière de la Chacarita (créé en 1871 pendant l’épouvantable épidémie de fièvre jaune) jusqu’à Plaza de Mayo, le long de l’actuelle Avenida Rivadavia. La construction des parcelles dessinées dans ce vaste ensemble date des années 1870.
Le quartier d’Almagro est connu dans le répertoire du tango pour un très beau morceau, qui porte ce nom, Almagro, composé par Vicente San Lorenzo (nom de plume d’un musicien espagnol). Il est aussi connu pour son club, el San Lorenzo, dont les couleurs sont bleu et grenat et dont l’équipe de foot (professionnelle, s’il vous plaît) a été plusieurs fois championne d’Argentine. Au début de cette année, Osvaldo Requena a sorti un disque pour marquer le centenaire de la fondation de ce club de quartier (Milonga del Centenario, j’en ai parlé dans un article de juillet : vous y trouverez Almagro et plusieurs versions de Boedo, le tango du quartier limitrophe au sud-est). Et j’ai eu déjà l’occasion de vous parler un petit peu d’Almagro aussi dans Chroniques de Buenos Aires, où je vous ai notamment entretenus de la basilique María Auxiliadora y San Carlos (construite en 1901) qui a reçu tout à la fois Carlos Gardel et le premier bienheureux argentin post-indépendance, le jeune Ceferino Namuncurá, qui y fit sa première communion.
Et le lendemain, c’est la fête du quartier Parque Chas, à l’autre bout de la ville !!!!!