mardi 2 septembre 2008

Rentrée des classes : révision générale


Comme à la fin de tout album d’Astérix qui se respecte (n’oublions pas que René Goscinny était un portègne d'adoption, qui a grandi à Buenos Aires et si vous lisez bien, vous verrez qu’il en avait conservé l’humour typique)... Or donc, comme à la fin d’une aventure du petit guerrier gaulois, mon séjour dans la Capital de la República del Tango (1) s’achève par un festin, dans une pizzeria de Monserrat, Tío Felipe, à la limite de San Telmo, calle Balcarce (que deux tanguerias ont rendues célèbres, el Viejo Almacén et Taconeando, la Veredad de Beba, fondée la première par Edmundo Rivero et la seconde par la chanteuse et danseuse Beba Bidart).
(de dr. à g., en partant du 1er plan :
les cheveux de Pablo Marasco, le front de Marina Baigorria, Néstor Tomassini et derrière lui en train d'apporter une énième pizza, en jaune les bras de Mabel Pramparo, Ernesto, Juan Esposito, Walter Piazza, le profil de Teresa, Chilo Tulissi et Jorge Muscia en grande conversation. Je manquais de recul pour les prendre tous).


Autour de cette longue table, au fond du restaurant, nous étions une quinzaine de convives joviaux et bruyants. Que les présents et ceux qui m'ont dit leur regret de ne pouvoir venir reçoivent ici mes remerciements (un vendredi soir quand il faut traverser tout BsAs de part en part au milieu d’un trafic automobile infernal avec toute une semaine de boulot dans les pattes ou quand il faut (re)venir exprès de La Plata, à 70 km au sud, venir passer la soirée chez Tio Felipe pour dire au revoir à la franchuta qui s'en va, c'est un effort dont vous n'avez pas idée).
Nous n’avons pas mangé de sanglier à la broche mais dévoré de bon coeur des empenadas farcies à la viande ou au fromage et des pizzas épaisses comme deux doigts (muzzarella grandes por favor... 3. Y vino tinto... Lopez! Gracias....). Autre concession locale, nous n’avons ni ligoté, ni baillonné le barbe. Dans le Gros Village (2) d'irréductibles Portègnes qui résistent encore et toujours à l'envahisseur nord-américain, entouré par les camps pas retranchés du tout de Hollywood, MacDo, Wall Street et FMI, les bardes chantent juste, avec une belle voix et des textes savoureux. Surtout quand le cantor de turno (3) s’appelle Alorsa. Qui, malgré le bruit infernal de ce boliche de quartier, m’a chanté La Pesadilla (pour la letra/le texte, cf. El día de San Cayetano et pour écouter, cliquez ici).

Pendant ces trois semaines dans cette ville tout ensemble infernale et magique, j'ai été accueillie et reçue avec une courtoisie affectueuse inconnue en Europe et caractéristique de la culture portègne, qui est tout en affect et en hospitalité. Elle nourrit l'âme et le coeur et me permettra d'hiberner dans la froideur septentrionale jusqu'au prochain hiver austral.

A tous les artistes, tous des personnes d’une profonde authenticité humaine, des poètes au sens grec du terme -des créateurs- qui me font l'amitié et l'honneur de soutenir mon travail et de m'apporter leur aide si précieuse, de retour en France, je ne peux que redire, cette fois-ci par écrit, ma reconnaissance émue...

A la Academia Nacional del Tango, un merci particulier aux Maestros Horacio Ferrer, Héctor Negro, Luis Alposta et toute sa famille, Alejandro Szwarcman, Raúl Garello ainsi qu’à Walter Piazza, en compagnie de qui j'ai pu assister au concert d’ouverture du Festival, à Gabriel Soria et son épouse Cecilia (idem), à Doña Nina Miranda (idem), à Luis Tarantino et à tous ceux qui travaillent là-haut, juste au dessus du Tortoni, chaque jour, au service des Académicos et des visiteurs et dont le sourire et la courtoisie sans défaut font intégralement partie du charme de cette institution...

Remerciements aussi (c'est bien le moindre) au Maestro Litto Nebbia (auteur-compositeur-interpréte et fondateur-directeur du label Melopea Discos), à Ricardo Garcia Blaya (directeur du site Todo Tango), à Francisco Torne (fondateur du site sur Aníbal Troilo, son grand-père, et président de Pichuco Records), à Horacio Torres (directeur du Museo Casa Carlos Gardel), à Ildefonso Pereyra (président de la Unión de Orquestas Típicas), à Manuel Pampin (président des Editions Corregidor) et à tous ses collaborateurs, au premier rang desquels María del Carmen, qui vous accueille dans la librairie et vous conseille comme il convient, à Angel Pulice, qui s'est déplacé jusqu'à Balcarce pour que nous puissions tout de même ne pas nous rater, et aux deux animateurs frapadingues et sympas comme tout de la radio tango underground et d'avant-garde Fractura Expuesta...

A mes amis millésime 2007, des Maestros eux aussi, Jorge Muscia et Chilo Tulissi. A Teresa, Ernesto, Juan Espósito et Mabel Pramparo (de la radio Web Tango City Tour, sans oublier les deux siamois, sortis tout droit des Aristochats, qui nous observaient avec le dédain de cette race qui se sait supérieure pour ces créatures inférieures que sont les humains !), Aurora Lubiz , professeur de la Escuela Argentina de Tango, deux des Pablos (Dichiera, à la guitare électrique, y Marasco, à la flûte) et la seule et unique Marina (Baigorria, au micro), sans oublier un troisième Pablo (Vaira, à la guitare basse) et un Santiago (Varela, aux percussions) qui à eux cinq forment le Quinteto La Biyuya, à Alorsa, l'animateur plantense (4) de la Guardia Hereje (¿como no?), à Water Alegre (CCC Floreal Gorini), à Ernesto et à Caro...

Aux amis de la récolte 2008 (un très bon millésime, qui vieillira bien) : Néstor Tomassini, Pochi et Osvaldo Boó (qui tous trois m'ont initiée aux mystères sacré du mate, et qui seront bientôt en Europe), Raimundo Rosales, Patricia Barone et Javier González (qui musicalisent et interprètent, entre autres, Alejandro Szwarcman et... Raimundo Rosales), Beatriz Suárez Paz et Bibiana Palmieri (Ministère de la Culture du GCBA), Marcela Bublik, Cucuza (Hernán Castiello) et Moscato (Maximiliano Luna), Cosme, Leonardo Lizzaro, Dipi (Diego Kvitko) et son Cuarteto Catenacho (un régal que ce concert de jeudi soir au San Martín, avec Cucuza en invité discret à voix d'or)... (5)

Sans oublier les amis français rencontrés à 12 000 km du pays, Chantal, Laurence et Eric.

Me voici de retour dans cette autre ville, très belle elle aussi, avec ce charme discret du noir et blanc, et leur amitié chaleureuse, dans le technicolor bazardeux et vivant de Buenos Aires me manque déjà... Et je sais que chaque gorgée de mate, la potion magique del pago lejano, le bled lointain, me ramènera un bout de leur présence jusqu'à l'année prochaine.




(1) surnom que la radio publique, la 2 x 4, a donné à la ville dont elle est l'une des voix.
(2) la Gran Aldea, entendez le Gros Village. Surnom qu'on donnait à Buenos Aires avant la grande vague migratoire qui a transformé cette ville, encore très campagnarde jusque dans les années 1870, en super-mégapole incommensurablement fière de son urbanité et inconsolablement nostalgique de son vert passé...
(3) de turno : de service, de garde, aux affaires (selon que vous parlez d'un vigile, d'un toubib ou de la majorité gouvernementale)
(4) Platense : gentilé de la ville de La Plata. A ne pas confondre avec marplatense (gentilé de la ville de Mar del Plata, nettement plus au sud) ni avec rioplatense (gentilé du Río de la Plata, ce qui correspond à une zone beaucoup, beaucoup, mais vraiment beaucoup plus vaste et qui plus est, bi-nationale).
(5) Sites d’artistes argentins : merci de prendre en considération qu’en Amérique du Sud, il y a, plus souvent qu’en Europe, des ruptures d’accès à Internet pour des tas de raisons diverses et variées. Si donc après avoir contacté l’un ou l’autre des ces artistes, vous restiez longtemps sans réponse, ne vous offusquez pas : d’abord ils travaillent tous énormément et il se peut qu'il y ait une défaillance quelque part, ce qui n’arrange pas la situation. Si vraiment ce que vous avez à leur dire est important, pour vous ou pour eux, n’hésitez pas à vous manifester auprès de moi (voir adresse mail en bas). Je ferai ce qui est en mon pouvoir pour que vous puissiez communiquer malgré les défaillances techniques.