Je vous ai déjà présenté la radio Fractura Expuesta qui émet tous les lundis soir à Buenos Aires sur un créneau horaire que lui cède la Radio de las Madres (l'antenne de l'association des Mères de la Place de Mai). Cette émission est difficile à écouter en direct depuis l'Europe à cause du décalage horaire (5 heures pour encore quelques jours, 3 heures d'ici peu) mais vous pouvez la télécharger depuis le site de Fractura Expuesta (entendez Fracture ouverte).
L'émission, qui est diffusée depuis 5 ans à présent, est conçue et animée par deux jeunes gens archi-sympathiques, Germán Marcos et Maximiliano Senkiw, qui, sous des allures givrées et avec un humour très pince sans rire, font montre d'une curiosité intellectuelle, d'une ouverture d'esprit et d'une culture tanguera dont le sérieux ne manquera pas de vous épater.
Ces deux derniers lundis, le 8 et le 15 septembre, ils ont reçu le sextuor féminin China Cruel. Vous pouvez donc écouter l'interview de Viviana Scarlassa (la chanteuse) et Verónica Bellini (la pianiste et l'une des compositrices du groupe), dans le second fichier MP3 du numero 234. L'interview est entrecoupée de morceaux dans leur interprétation vigoureuse et pleine de charme, dont la milonga La Trampera de Aníbal Troilo et le tango Tu muñequito verde, paroles et musique de Verónica Bellini.
Dans l'émission 235, celle de lundi dernier, ils interviewent Alorsa (La Guardia Hereje) par téléphone depuis chez lui (il habite dans la banlieue de La Plata) et dans la seconde partie, ils reçoivent la chanteuse Marisa Vázquez qui se produisait hier samedi, à 23h45, à la Catedral (Sarmiento 4006, dans le quartier d'Almagro). Vous pouvez écouter Marisa chanter quelques grands classiques, dont la valse Flor de Lino d'Héctor Stamponi et Homero Expósito, sur laquelle se clôt l'interview.
Les podcasts téléchargeables se présentent sous la forme d'un dossier zip contenant deux fichiers MP3 qu'il suffit de décompresser une fois qu'ils sont sur votre disque dur.
Pour le reste du contenu, Fractura Expuesta est aussi riche que loufoque. Il y a notamment, en première partie, un Flash informativo de quelques minutes qui peut jouer pour nous -et très bien- le rôle de test de nos connaissances sur l'histoire du tango et l'actualité argentine. Il s'agit d'un vrai-faux journal (qui vaut largement celui de Canal + France) où Germán Marcos et Maximiliano Senkiw vous racontent, avec un débit de mitraillette qu'ils accentuent encore pour l'occasion, la prochaine intervention des Casques Bleus envoyés par l'ONU comme force d'interposition entre les gardeliens, les magdaliens et les corsiniens qui jouent les snipers dans le quartier de l'Abasto (n° 234). Et dans le n° 235, ils racontent le scandale de la valise de tangos.
Bien sûr, pour bien comprendre leur humour un chouia local (1), mieux vaut avoir déjà entendu parler non seulement de Gardel mais encore des deux autres chanteurs solistes que furent Agustín Magaldi et Ignacio Corsini, ses contemporains, et du scandale de la valise de dollars interceptée par la douane des Etats-Unis au mois de janvier et qui aurait contenu une amicale et clandestine participation de Hugo Chávez à la campagne électorale de l'actuelle Présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner, un scandale dont la droite argentine fait ses choux gras, surgi quelques semaines seulement après la prise de fonction de la Chef d'Etat et qui rebondit en ce moment avec le procès du porteur de valise vénézuélien emprisonné aux Etats-Unis.
Dans la deuxième partie de l'émission, vous entendez le bulletin d'informations tout ce qu'il y a de plus sérieux, celui-ci, de la Radio de las Madres, un bulletin qui met l'accent sur la dimension politique et judiciaire de l'actualité du jour (la voix de Las Madres s'intéresse à la bonne administration de la justice, pas aux faits divers en tant que tels).
(1) un chouia (popular) : un poco