lundi 4 mai 2009

La crise touche le tourisme en Argentine [Actu]

L'intérieur de l'hôtel Alvear Palace (extrait de son site)


Les chiffres de février, temps fort de la saison touristique (1), montre une baisse de fréquentation de la part des touristes étrangers. Par rapport à février 2008, l’aéroport international de Ezeiza a enregistré 22,1 % de touristes entrants. Et ceux qui sont venus ont baissé le montant global de leurs achats de 35,2%. Pour la première fois depuis plus de 2 ans, l’aéroport international de Buenos Aires a vu partir vers l’extérieur plus de voyageurs qu’il n’en est entré. Et les dépenses des Argentins à l’extérieur ont été plus importantes que celles des étrangers en Argentine. Par rapport à l’année dernière, le nombre d’Argentins partis à l’étranger en février a augmenté de 4,6%. Et le solde du tourisme est négatif de 8 902 personnes (différence entre le nombre d’Argentins partis à l’étranger et le nombre d’étrangers venus en Argentine).

Les dépenses totales des étrangers venus passer leurs vacances en Argentine ont baissé de 35,2 % et leurs achats au quotidien une fois arrivés dans le pays ont baissé de 16,8% avec un débours de 86,9 USD par personne et par jour et un séjour de 14,7 nuits dans le pays par personne. En revanche, le total des dépenses des Argentins partis à l’étranger pendant le mois de février a lui aussi baissé par rapport à février 2007 mais dans une moindre proportion, seulement de 2,6%. Ils ont passé en moyenne 19 nuits à l’étranger chacun, ce qui correspond à un allongement de leur séjour de 6,5%, et ils ont dépensé une fois sur place 75,6 USD par personne et par jour, soit une réduction de 12,5% par rapport à la même époque l’année dernière.

Déjà en janvier, les professionnels du tourisme sur la côte argentine avaient observé une baisse de la fréquentation, une réduction draconienne des dépenses et du nombre de jours passés au bord de la mer par rapport à l’année dernière (lire mon article à ce sujet).

Actuellement, alors que nous sommes en demi-saison, à l’automne, une période réputée pour la douceur du climat, les hôtels 5 étoiles (2) de la Capitale argentine baissent leurs prix pour attirer le client. Vous pouvez trouver des packages de 3 nuits au prix de 2 ou des baisses de 50% sur le prix des chambres.

La Direction des Migrations, dépendant du Ministère de l’Intérieur, a enregistré une baisse de 12,31 % de visiteurs étrangers au cours du 1er trimestre 2009. Le secteur hôtelier reste néanmoins optimiste puisque la chute est inférieure à ce que la profession avait pu craindre et semble inférieure à ce que connaissent d’autres pays : - 34,38 % dans les pays limitrophes en moyenne (Chili, Paraguay, Bolivie, Brésil), - 27,41 % en moyenne en Europe et - 18,75 % aux Etats-Unis et au Canada réunis. Les deux hôtels de luxe les plus emblématiques de la ville, l’Alvear, à la Recoleta, et le Hilton, à Puerto Madero, organisent leur stratégie pour limiter les pertes ou les baisses de fréquentation et attirer le plus grand nombre d’hommes d’affaires. Ces données datent d’avant le déclenchement de la crise sanitaire de la grippe A, qui n’a pas à ce jour touché l’Argentine. Il est difficile d’imaginer comment les gens vont réagir dans les mois qui viennent avec la psychose qui semble parfois s’emparer de l’opinion publique dans les pays riches.

En savoir plus :
Lire l’article de Clarín du 15 avril 2009 sur le solde touristique de février.
Lire l’article de Clarín du 28 avril 2009 sur la stratégie commerciale des hôtels 5 étoiles.
Visiter le site de l’hôtel Alvear, l’un des plus beaux et des plus typiques de Buenos Aires, du point de vue de l’architecture, du style (et de la gastronomie, dit-on).

(1) C’est le plein été et l’époque des carnavals.
(2) La catégorie d’hôtels que fréquente la grande majorité des touristes étrangers, du fait du niveau de change et des prix locaux mais aussi pour le niveau de confort auquel ils sont habitués. L’hôtellerie argentine est loin des critères de confort, de silence et de propreté de ses homologues nord-américain et européens, en dehors du haut de gamme. En revanche, le logement chez l’habitant ou le système dit hostel (location d’une chambre avec partage des équipements, salles de bain, cuisines, télé, salle à manger, terrasse et/ou patio, avec les autres clients) est beaucoup plus développé. C’est un excellent mode de logement pour connaître une ville, à condition de savoir se débrouiller pour faire les courses et la cuisine (et parfois le ménage dans les hostels qui n’ont pas de personnel de service).