mardi 19 mai 2009

Hommage à Pichuco [Troesmas]

L’actualité d’hier, le décès du grand poète uruguayen Mario Benedetti, m’a fait retarder de 24h la pubication de cet article, prévu pourtant depuis quelque temps déjà. Il me semblait normal à la date du 18 mai de laisser toute la place au Maestro Benedetti et au chagrin des Uruguayens et de toute la communauté hispanophone.



Pourtant hier, c’était aussi l’anniversaire de la mort, en 1975, à 61 ans, de Aníbal Troilo, grand compositeur, grand chef d’orchestre, grand bandonéoniste, musicien qui se sera attaché tous les coeurs, y compris les plus rebelles...

Ici, dit cette belle et sobre épitaphe, sur l’arrière de sa tombe, dans le Carré des personnalités du Cimetière de La Chacarita à Buenos Aires, "Aníbal Troilo vit éternellement dans le souvenir de ses amis".

En mai 1975, alors que la ville de Buenos Aires défilait devant le cercueil du Bandoneón Mayor de Buenos Aires, comme l’avait surnommé Julián Centeya, dans la chapelle ardente installée dans le Teatro General San Martín, dans la avenida Corrientes, partiellement interdite à la circulation pour l’occasion, Héctor Negro écrivait un très beau et assez long poème qu’il terminait par ces vers :

Cómo decirte chau...
[...]
Para decirte: "Gordo...
mirá tu bandoneón,
está sembrado,
ya es de los gorriones, de los pibes,
de las hojas viajeras de este mayo,
de este pueblo
que te quiere de lejos..."
Cómo decirte chau...
ahora que otra vez estás naciendo.
Héctor Negro, mai 1975

Comment te dire adieu...
[...]
Pour te dire : Le Gros,
Regarde ton bandonéon,
Il est là comme semaille
Déjà il est aux piafs, aux mômes
Aux feuilles voyageuses de ce mois de mai
À ce peuple
Qui t’aime de loin...
Comme te dire adieu...
Maintenant que te voici à nouveau en train de naître
.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Ce poème magnifique clôt le volume que la collection Historia del Tango consacre à Pichuco (Editions Corregidor). Il s’agit bien d’un poème et non pas d’un tango ou d’une chanson car il n’a pas été mis en musique. Il est d’ailleurs sans doute trop long pour être chanté.

Alors pour rendre aussi hommage en musique à Pichuco, on peut écouter le tango que lui ont dédié Astor Piazzolla et Horacio Ferrer, en 1974, alors que tout l’entourage du musicien, eux y compris, s’inquiétait pour son état de santé... El Gordo Triste, ici enregistré en public, à Bahía Blanca, sa ville, par la chanteuse Sandra Savoia, sur Todo Tango bien sûr...

Pour aller plus loin :

Ce sont les jours ou jamais pour aller visiter le site consacré à Aníbal Troilo, par ses petits-enfants, les frères et soeurs Torné. En tout cas en attendant le 11 juillet. Vous trouverez le lien dans la Colonne de droite, en partie inférieure, dans la rubrique Troesmas, bien sûr.

Les articles de ce blog consacrés à Aníbal Troilo, dit Pichuco, dit El Gordo, se trouvent rassemblés sous le raccourci qui porte son nom, dans la Colonne de droite, rubrique Vecinos del Barrio, section Toujours là.