mardi 3 novembre 2009

Pour une chaîne publique de télévision consacrée au Patrimoine [ici]

C’est tout un groupe de grands professionnels de la télévision, de vieux serviteurs du service public blanchis sous le harnais (comme dirait Corneille), qui tous ont connu le temps béni de la télévision française sans publicité, "un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître" (comme dirait Charles Aznavour) et qui lancent un projet culturel très ambitieux et très nécessaire : créer, dans le cadre de l’offre TNT (Télévision Numérique Terrestre, la nouvelle norme télévisuelle bientôt unique en France), une chaîne publique, donc financée par l’Etat, sans publicité, relayée par un site Internet où les émissions seront podcastables ou téléchargeables, ce qui libérera du temps d’antenne en évitant la multidiffusion, et entièrement consacrée à la présentation, à la défense et à la promotion du patrimoine, par le biais d’archives télévisuelles et d’émissions d’actualité, à l’échelle de la France, de la francophonie et de l’Europe, sans restriction d’époque ni de pays.

Et qu’est-ce que ça vient faire dans un blog sur l’actualité du tango argentin, me direz-vous. Eh bien, tout et rien à la fois. C’est comme pour la tirade des nez : "on pourrait dire bien des choses en somme" (pour citer Edmond Rostand). A commencer par le fait que cette chaîne manque à notre paysage audio-visuel et que la culture, c’est un domaine de l’humain où tout se tient. Que nous comprenons tout de travers dans une tradition qui n’est pas la nôtre (c’est le cas du tango) si nous ne connaissons pas bien notre propre culture, notre propre langue, notre propre passé.
L’idée est lancée. A vous de l’attraper, de lui donner forme, de lui donner vie...
Le patrimoine auquel cette chaîne entend se consacrer, c’est bien sûr, d’abord, le patrimoine télévisuel français en tant que tel : il y a dans ce pays une multitude d’archives télévisées sur des émissions d’une immense qualité qui ne sont pas faites pour dormir de leur dernier sommeil sur les étagères de l’INA, des fictions, des représentations de théâtre, d’opéra, de ballet, de cirque, des documentaires, des jeux, du sport, des reportages, des enquêtes journalistiques, des interviews, des talk-shows (même si personne ne les appelait ainsi dans l’hexagone il y a encore vingt ans) et des débats littéraires où les invités s’écoutaient sans s’interrompre, des conférences de presse gaullo-élyséennes, des actualités... Et il en va de même en Belgique et en Suisse pour m’en tenir aux deux autres pays francophones que compte l’Europe.

Mais le patrimoine sur la Chaîne du Patrimoine, ce sera aussi les festivals, y compris les petits, les musées, y compris les pas nationaux, les pas connus, les bizarres, les pas répertoriés sur les guides touristiques qu’on trouve dans les grandes surfaces, les monuments historiques, classés ou non, en France ou ailleurs, les centres culturels, la musique, le théâtre, la littérature, la danse, le cinéma, les traditions, la cuisine, l’agriculture, l’industrie, l’artisanat... bref tout ce à quoi la télévision s’est intéressée un jour ou l’autre, à laquelle elle continue de s’intéresser parce que, que nous le sachions ou non, que nous le voulions ou non, cela fonde notre identité, ici, en France et en Europe, cette Europe qui peine tant à se trouver et à se construire, parce qu’elle ne se cherche plus que dans le mercantile et la lutte contre l’immigrant sans papier et qu’elle oublie complètement que ce qui la forge c’est d’abord et avant tout un patrimoine culturel complexe et multilingue, parfaitement identifiable pourtant depuis l’extérieur du vieux continent.
Dimanche 1er novembre, Canal Académie, la radio francophone digitale de l’Institut de France dont vous trouverez le lien dans la rubrique Cambalache (casi ordenado) dans la Colonne de droite, a mis en ligne une émission d’une petite demi-heure à l’enthousiasme contagieux : une interview d’un des porteurs du projet, le réalisateur Jacques Rutman (un ancien de La Tête et Les Jambes, une émission très originale qui fut l’une des gloires -et elles sont nombreuses- de l’ORTF) par la journaliste Virginia Crespeau. Et c’est une belle leçon de français et de radio par la même occasion. C’est une belle langue que la nôtre, dans la bouche de ceux qui la maîtrisent.
Le projet est lui-même soutenu par une trentaine d’Académiciens des différentes Académies constituant l’Institut de France et par une impressionnante brochette de personnalités des arts et du spectacle.

Pour ce projet, se sont constitués un Comité de soutien et une association :
Le comité de soutien :
SRCTA - UNSA, France Télévisions - Pièce V142,
7, esplanade Henri de France - 75907 Paris Cedex 15 (France)
Tel : 00 33 (0)1 56 22 56 08 / 56 48 - fax : 00 33 (0)1 56 22 47 59
Courriel : lachainedupatrimoine.srcta@yahoo.fr
L'association :
La Chaîne du Patrimoine
1 rue Henri Aguado, 92230 Gennevilliers (France)
Tel : 00 33 (0)1 40 85 87 69 - fax : 00 33 (0)1 45 51 02 07
Courriel : contact@lachainedupatrimoine.com
Pour écouter l’émission de Canal Académie et vous faire une idée par vous-même, cliquez sur le lien.