Hier soir et ce soir au CAFF, à 23h, Sánchez de Bustamante 764, la OTFF (1) présente son nouveau disque, intitulé simplement Fernández Fierro et auto-produit, comme d'habitude avec ce groupe qui tient à rester hors du système (entendez hors de portée des griffes des majors).
Entrée à 20$ sans table et 30$ avec.
Entrée à 20$ sans table et 30$ avec.
Jacquette du disque (extraite du site de la OTFF)
Le nouvel album (2) compte 8 pistes, dont deux (Bluses de Boedo, avec le chanteur attitré du groupe, Chino Laborde, et Avenida Desmayo) sont en audition sur le site Web de l'orchestre (vous trouverez le lien dans la Colonne de droite, en partie basse, dans la rubrique Zorzales, grillons et autres cigales). Trois autres morceaux sont en audition sur la page Myspace et la page Facebook du groupe. Huit morceaux originaux, dont trois du contrebassiste Yuri Venturin, qui est aussi le directeur musical du groupe, qui fonctionne en coopérative. Deux autres sont de Alfredo "Tape" Rubin, un autre est signé du premier bandonéon de l'orchestre, Julio Coviello (dont je vous ai parlé dans un ou deux articles au sujet de ses shows à la tête de sa propre formation, au Bar Sanata, à Almagro) et un autre d'un autre des bandonéonistes, Pablo Gignoli. Tout cela suit assez bien l'exemple de Osvaldo Pugliese (3).
Les musiciens de la OTFF saluent eux aussi le Bicentenaire avec le nouveau morceau, Avenida desmayo. Vous captez le jeu de mot ? (4)
Le nouveau disque, enregistré les 11 et 12 mai dernier, montre l'évolution du groupe vers un style de plus en plus oppresant, une dénonciation du sordide et une colère qui laisse de plus en plus voir. A Buenos Aires, je suis passée devant leur salle mais je n'ai pas eu l'occasion d'aller les écouter. Mais au New Morning, à Paris, lorsqu'ils sont passés en avril (voir mon article), j'avais été frappée par cette évolution très nette tant dans la composition et les arrangements que dans le développement de la sonorité et du volume sonore de l'orchestre.
Aujourd'hui, la sortie de ce disque, le 6ème du groupe, donne lieu à une interview de Yuri Venturin dans Página/12 par Cristian Vitale. Les premières lignes posent le musicien : un poster des Beatles, une bouteille de Fernet Blanca (5) vidée déjà à moitié, une salle à manger austère, un portrait de Bob Marley et une photo où Pugliese et Goyeneche se donnent l'accolade. "C'est ça la synthèse", dit-il en jouant avec deux disques 33 tours, l'un des Ramonas (du rock) et l'autre de Gardel. Lui-même revendique pour son orchestre un tango de rebellion et de rupture, comme Julián Peralta, qui a quitté il y a plusieurs années la OTFF pour fonder son propre groupe, de tango de rupture et de rebellion lui aussi, Astillero...
Quelque chose d'infernal, cet orchestre (6). Agresif, impresionnant, d'une masculinité exaltée, je dirais, selon la définition qu'il [Yuri Venturin] en donne.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Le reste est à lire en VO sur le site du quotidien (l'article est sous ce lien).
Pour aller plus loin :
Vous connecter à la page Myspace de la OTFF
Vous connecter à la page Facebook de la OTFF
(1) Je traduis pour les nouveaux lecteurs qui débarquent sur ce blog : CAFF, c'est le Club Atlético Fernández Fierro (rien à voir avec le sport en fait, c'est la salle de concert de la OTFF). OTFF : Orquesta Típica Fernández Fierro, un orchestre traditionnel de tango argentin qui joue du répertoire et crée de plus en plus de la musique contemporaine.
(2) La photo de couverture, très belle, est de Alejandro Tulissi. C'est du travail en famille. Le premier bandonéon est le gendre du peintre Chilo Tulissi et son épouse, Teresa, dont je vous ai donné mercredi une recette d'empanada de carne à damner un saint (voir l'article). La photo représente l'entrée du CAFF dans la rue Sánchez de Bustamante, dans le quartier de l'Abasto, telle que vous pouvez la voir en vous promenant dans cette rue, avec l'insulte graffitée sur la porte et les ordures qui traînent sur le trottoir d'un quartier qu'habita Carlos Gardel mais qui reste peu soigné, un coin paradoxalement anti-touristique (mais il est vrai que les touristes s'aventurent rarement dans cette rue jusqu'à cette hauteur).
(3) A ceci près que sur un disque d'Osvaldo Pugliese, il y avait un seul morceau de lui, cinq à sept morceaux des musiciens de l'orchestre et deux ou trois de compositeurs extérieurs à l'orchestre (D'Arienzo, Arolas, Bardi, Troilo, Piazzolla, Di Sarli, Salgán...)
(4) Avenida de Mayo est l'avenue qui relie le Congrès de la Nation à la Plaza de Mayo qui va buter sur le palais présidentiel, la Casa Rosada. Desmayo : c'est l'évanouissement.
(5) Voir mon article sur l'apéro des Portègnes, qui vient aussi d'une soirée chez les Tulissi, comme la recette d'empanada. Je vous fais tout le repas de ce soir-là tout au long de la semaine. On termine dimanche par la recette du locro.
(6) La difficulté de traduction de cette phrase, c'est qu'en espagnol, orquesta est un substantif féminin et non pas masculin comme en français.
Le nouvel album (2) compte 8 pistes, dont deux (Bluses de Boedo, avec le chanteur attitré du groupe, Chino Laborde, et Avenida Desmayo) sont en audition sur le site Web de l'orchestre (vous trouverez le lien dans la Colonne de droite, en partie basse, dans la rubrique Zorzales, grillons et autres cigales). Trois autres morceaux sont en audition sur la page Myspace et la page Facebook du groupe. Huit morceaux originaux, dont trois du contrebassiste Yuri Venturin, qui est aussi le directeur musical du groupe, qui fonctionne en coopérative. Deux autres sont de Alfredo "Tape" Rubin, un autre est signé du premier bandonéon de l'orchestre, Julio Coviello (dont je vous ai parlé dans un ou deux articles au sujet de ses shows à la tête de sa propre formation, au Bar Sanata, à Almagro) et un autre d'un autre des bandonéonistes, Pablo Gignoli. Tout cela suit assez bien l'exemple de Osvaldo Pugliese (3).
Les musiciens de la OTFF saluent eux aussi le Bicentenaire avec le nouveau morceau, Avenida desmayo. Vous captez le jeu de mot ? (4)
Le nouveau disque, enregistré les 11 et 12 mai dernier, montre l'évolution du groupe vers un style de plus en plus oppresant, une dénonciation du sordide et une colère qui laisse de plus en plus voir. A Buenos Aires, je suis passée devant leur salle mais je n'ai pas eu l'occasion d'aller les écouter. Mais au New Morning, à Paris, lorsqu'ils sont passés en avril (voir mon article), j'avais été frappée par cette évolution très nette tant dans la composition et les arrangements que dans le développement de la sonorité et du volume sonore de l'orchestre.
Aujourd'hui, la sortie de ce disque, le 6ème du groupe, donne lieu à une interview de Yuri Venturin dans Página/12 par Cristian Vitale. Les premières lignes posent le musicien : un poster des Beatles, une bouteille de Fernet Blanca (5) vidée déjà à moitié, une salle à manger austère, un portrait de Bob Marley et une photo où Pugliese et Goyeneche se donnent l'accolade. "C'est ça la synthèse", dit-il en jouant avec deux disques 33 tours, l'un des Ramonas (du rock) et l'autre de Gardel. Lui-même revendique pour son orchestre un tango de rebellion et de rupture, comme Julián Peralta, qui a quitté il y a plusieurs années la OTFF pour fonder son propre groupe, de tango de rupture et de rebellion lui aussi, Astillero...
“Una cosa infernal, esa orquesta. Agresiva, impresionante, de una masculinidad exaltada, diría”, define
(Extrait de l'article de Página/12)
(Extrait de l'article de Página/12)
Quelque chose d'infernal, cet orchestre (6). Agresif, impresionnant, d'une masculinité exaltée, je dirais, selon la définition qu'il [Yuri Venturin] en donne.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Le reste est à lire en VO sur le site du quotidien (l'article est sous ce lien).
Pour aller plus loin :
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(1) Je traduis pour les nouveaux lecteurs qui débarquent sur ce blog : CAFF, c'est le Club Atlético Fernández Fierro (rien à voir avec le sport en fait, c'est la salle de concert de la OTFF). OTFF : Orquesta Típica Fernández Fierro, un orchestre traditionnel de tango argentin qui joue du répertoire et crée de plus en plus de la musique contemporaine.
(2) La photo de couverture, très belle, est de Alejandro Tulissi. C'est du travail en famille. Le premier bandonéon est le gendre du peintre Chilo Tulissi et son épouse, Teresa, dont je vous ai donné mercredi une recette d'empanada de carne à damner un saint (voir l'article). La photo représente l'entrée du CAFF dans la rue Sánchez de Bustamante, dans le quartier de l'Abasto, telle que vous pouvez la voir en vous promenant dans cette rue, avec l'insulte graffitée sur la porte et les ordures qui traînent sur le trottoir d'un quartier qu'habita Carlos Gardel mais qui reste peu soigné, un coin paradoxalement anti-touristique (mais il est vrai que les touristes s'aventurent rarement dans cette rue jusqu'à cette hauteur).
(3) A ceci près que sur un disque d'Osvaldo Pugliese, il y avait un seul morceau de lui, cinq à sept morceaux des musiciens de l'orchestre et deux ou trois de compositeurs extérieurs à l'orchestre (D'Arienzo, Arolas, Bardi, Troilo, Piazzolla, Di Sarli, Salgán...)
(4) Avenida de Mayo est l'avenue qui relie le Congrès de la Nation à la Plaza de Mayo qui va buter sur le palais présidentiel, la Casa Rosada. Desmayo : c'est l'évanouissement.
(5) Voir mon article sur l'apéro des Portègnes, qui vient aussi d'une soirée chez les Tulissi, comme la recette d'empanada. Je vous fais tout le repas de ce soir-là tout au long de la semaine. On termine dimanche par la recette du locro.
(6) La difficulté de traduction de cette phrase, c'est qu'en espagnol, orquesta est un substantif féminin et non pas masculin comme en français.