Le deuxième tour de l’élection présidentielle en Uruguay se tiendra dimanche prochain, 29 novembre 2009. Les futurs scrutateurs sont formés aujourd’hui et demain. Les sondages d’opinion montrent un écart de 8 à 10 points entre le candidat de la droite, Luis Alberto Lacalle, et le candidat de la gauche, José (Pepe) Mujica, en faveur de ce dernier.
Ce week-end, les candidats ont présidé chacun de grands rassemblements, les derniers grands meetings de cette campagne qui aura été particulièrement longue. Il est très rare en Amérique du Sud qu’il faille un second tour pour départager des candidats, tant les différences (pour ne pas dire les différends) idéologiques sont restées vives dans les corps électoraux de la région.
Ce qui indique sans beaucoup de risque de se tromper que les jeux sont pratiquement faits maintenant, sauf événement particulièrement spectaculaire qui surviendrait d’ici dimanche, c’est le dernier argument électoral lancé par Luis Alberto Lacalle, qui ne vaut vraiment pas tripette : c’est une prédiction au ton dramatique avertissant les électeurs du grave danger de pouvoir absolu qui pèserait sur le pays en cas de victoire de Mujica à la fin de la semaine. Parce que le Frente Amplio, la coalition électorale et gouvernementale que personnifie Mujica, aurait alors tous les leviers du pouvoir en sa possession puisqu’elle a obtenu, de justesse, mais bel et bien obtenu, la majorité au Sénat et à la Chambre des Députés à l’issue du scrutin du 25 octobre dernier. La belle affaire ! c’est déjà le cas aujourd’hui, où le président Tabaré Vázquez, lui aussi élu du Frente Amplio, gouverne avec une majorité solide dans l’une et l’autre chambres et que l’on sache, l’Uruguay est encore une démocratie qui se porte plutôt bien.
Le professeur Carlos Laborde, un poids lourd du Partido Nacional (dit Partido Blanco), celui que préside Luis Alberto Lacalle, Carlos Laborde donc, vieux militant blanco, inscrit depuis 25 ans dans le parti et qui vient de manquer le siège de député de Río Negro qu’il briguait fin octobre, a annoncé hier qu’il démissionnait du Partido Nacional et, dans cette annonce publique, il n’a même pas pris la peine d’écarter l’idée de voter pour Pepe Mujica dimanche prochain. Il dit ne plus reconnaître son parti, qu’il a connu et aimé comme un parti démocratique et profondément anti-dictatorial, dans la nouvelle ligne démagogique (électoraliste) adoptée par Lacalle, qui fait des pieds et des mains pour gagner à lui les 17% de voix de l’autre parti de droite, le Partido Colorado, mené par Pedro Bordaberry, fils d’un ancien dirigeant de la Dictature militaire de 1973-1985, qui ne renie rien de l’action de son père et apporte un soutien déclaré, sans faille et bien visible, à Luis Alberto Lacalle. Derrière Carlos Laborde, qui n’est pas le premier à faire défection au PN, ce ne sont pas moins de 40 autres responsables politiques de Río Negro qui ont annoncé qu’eux non plus ne voteraient pas pour Lacalle au second tour (lire l’article de La República datée du 22 novembre 2009).
Lequel se présente désormais aussi comme le candidat du partido colorado, dans cet article daté d’aujourd’hui et paru également dans La República (quotidien de Montevideo).
Dans ces conditions, la presse occupe le temps comme elle peut avec des réflexions plus ou moins profondes sur l’âge du capitaine (dans cet article du quotidien uruguayen El País portant sur l’âge de Mujica et des comparaisons oiseuses sur les âges respectifs des autres chefs d’Etat de la région).
Du côté argentin, Clarín joue au jeu des sept erreurs en comparant un spot électoral de De Narvaez (chef de file de la droite libérale argentine), pour les élections législatives du 28 juin dernier, avec le plus récent spot électoral de Lacalle (Lacalle a copié et il paraît que ça se voit comme le nez au milieu de la figure).
Página/12 (toujours du côté argentin) vend carrément la peau de l’ours avant qu’il ait été tué avec un sous-titre sur le dernier grand meeting du Frente Amplio : La majorité uruguayenne se prépare pour un triomphe dimanche.
La República, en Uruguay même, se montre évidemment plus prudente dans le choix des termes mais la description de l’énorme manifestation en dit long sur le résultat attendu dans les urnes.
La Nación, de Buenos Aires, à travers son correspondant à Montevideo, voit Mujica aux portes de la victoire dans le deuxième tour uruguayen.
Bref, finalement, dans le genre suspense, c’est plutôt raté...
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