Vendredi dernier, une famille argentine a su, grâce à des tests génétiques, que le fils, né en détention arbitraire, de leurs enfants était vivant et identifié. C’est le 98ème petit-enfant dont l’Association Abuelas de Plaza de Mayo annonce l’identification. Le jour même où s’ouvre en Argentine le procès du dernier chef d’Etat de la période de dictature militaire, Bignone (voir mon article d’hier).
C’est le jeune homme qui a lui-même entamé des recherches, à l’âge de 15 ans, lorsqu’il se mit à soupçonner qu’il n’était pas le fils biologique de son père adoptif, qui était un agent des services d’intelligence de l’Etat. Autrement dit, vu l’époque, un type à la solde de la CIA. Il se mit en contact avec l’association des grands-mères de la Place de mai en découvrant que son acte de naissance indiquait qu’il était né à l’hôpital militaire de Campo de Mayo, or on sait que Campo de Mayo a été le plus grand centre de détention et de torture pendant la Dictature militaire, entre 1976 et 1983. La plupart des accouchements qui y ont eu lieu sont le fait de parturientes emprisonnées et non d’épouses de militaire, qui disposaient naturellement d’autres lieux pour accoucher, beaucoup plus confortables et moins en contact avec ce que la Dictature ne voulait pas montrer d’elle-même. N’oubliez pas que le discours officiel soutenait que l’Argentine était toujours une démocratie qui ne faisait que se défendre contre l’infiltration communiste (mais la plupart des victimes de la persécution ont été des péronistes, comme c’était le cas des parents de Martín).
D’ordinaire, lorsque Abuelas annonce une identification, je m’efforce de raconter dans ces colonnes l’histoire de ce couple à qui cet enfant a été arraché et volé. Mais cette fois-ci, Abuelas protège l’identité du jeune homme et de sa famille, qui n’a découvert que tardivement, il y a seulement que quelques mois, que cet homme et cette femme attendaient leur 4ème enfant au moment où ils ont disparu, en octobre 1979, et que cet enfant, c’était ce jeune homme qui a donc trois frères et soeurs aînés dont il fait ou va faire connaissance. Abuelas a juste fait savoir que la maman était une militante péroniste disparue (c’est-à-dire qu’on ne sait pas quand ni où ni comment elle est morte et qu’il est fort vraisemblable qu’on ne le saura jamais).
La dernière identification en date était celle d’une petite-fille, annoncée en février dernier.
Pour aller plus loin :
Lire l’article de Página/12
Lire sur Página/12 la lettre ouverte d’enfants volés et identifiés et de frères et soeurs d’enfants volés sur les prélèvements d’ADN en vue des identifications.
Lire l’article de Página/12
Lire sur Página/12 la lettre ouverte d’enfants volés et identifiés et de frères et soeurs d’enfants volés sur les prélèvements d’ADN en vue des identifications.
Vous trouverez le lien avec le site de Abuelas dans la rubrique Cambalache (casi ordenado), dans la Colonne de droite, avec les sites de différentes ONG des droits de l’homme.
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