Comme vous le savez, Barrio de Tango, avant d'être le blog que vous lisez, est un tango et un tango des plus classiques, dont les paroles sont dues à Homero Manzi (1er novembre 1907 - 3 mai 1951) et à Aníbal Troilo (11 juillet 1914 - 18 mai 1975). Ce qui fait en quelque sorte de Homero Manzi et Aníbal Troilo les deux saints patrons de ce site.
Et aujourd'hui, c'est tout à la fois la Toussaint et l'anniversaire de naissance de Homero Manzi. Il aurait cette année 102 ans.
Mural peint sur un mur de la rue Tabaré
Esquina Barco Centenera y Tabaré, qui est le lieu par excellence de Barrio de Tango et de beaucoup d'autres letras de Manzi, en particulier Manoblanca mais aussi Sur, dans le cadre d'un grand hommage au poète sur les murs de ce carrefour, où l'on peut encore voir le paredón que sa poésie a rendu immortel (paredón y después, célèbre vers de Sur), on a peint ce mural qui reprend un texte du poète. Je vous le traduis ici (sans le transcrire, le mural se lit très bien, il vous suffit de cliquer sur la photo pour l'agrandir).
Les thèmes de mes chansons sont toujours des souvenirs personnelles. Depuis l'âge de 13 ans jusqu'à celui de 18, j'ai été interne au Colegio Luppi, situé au coeur de Nueva Pompeya, à la croisée de Centenera et Esquiu (1) [...] Ce paysage [...] avait sa poésie. Sans doute, à l'époque, ne l'ai-je pas comprise [...] Mais aujourd'hui lorsque je rappelle ce souvenir, je peux reconstruire, émotionnellement, ce vieux quartier qui s'endormait à côté du remblai (2) pour le raconter avec la voix du tango. [...]
Au Colegio Luppi, cloué au milieu des rigoles (3) et entouré de crapeaux, et aux camarades que je n'ai plus revus, à la rue Esquiu, à l'avenue Centenera, aux gens qui habitent ses petites maisons, au remblai qui retenait les inondations, au train qui sifflait avec mélancolie, je dédie ce souvenir... Barrio de Tango.
(1) le croisement entre l'avenue Centenera et la petite rue Esquiu, qui part en biais, se trouve à l'autre extrémité du paredón, 100 mètres plus loin que la rue Tabaré.
(2) El terraplén est la digue qui avait été construite pour protéger cette zone des crues du Riachuelo, qui coule un peu plus au sud dans un lit qui connait des variations. Au-dessus du terraplén, on avait construit une ligne de chemin de fer pour le transport des marchandises depuis la gare de fret du quartier de Liniers. Cette ligne a été déplacée depuis mais elle traverse toujours la zone.
(3) rigoles de drainage qui quadrillaient le quartier installé sur une zone très marécageuse. L'eau y était croupie et infecte. Enrique Cadícamo raconte dans ses mémoires, qu'il est tombé un jour dans l'un de ces fossés à l'âge de 10 ans. On l'en a retiré mais il est tombé gravement malade aussitôt après et il a frôlé la mort tant l'eau était contaminée.
Esquina Barco Centenera y Tabaré, qui est le lieu par excellence de Barrio de Tango et de beaucoup d'autres letras de Manzi, en particulier Manoblanca mais aussi Sur, dans le cadre d'un grand hommage au poète sur les murs de ce carrefour, où l'on peut encore voir le paredón que sa poésie a rendu immortel (paredón y después, célèbre vers de Sur), on a peint ce mural qui reprend un texte du poète. Je vous le traduis ici (sans le transcrire, le mural se lit très bien, il vous suffit de cliquer sur la photo pour l'agrandir).
Les thèmes de mes chansons sont toujours des souvenirs personnelles. Depuis l'âge de 13 ans jusqu'à celui de 18, j'ai été interne au Colegio Luppi, situé au coeur de Nueva Pompeya, à la croisée de Centenera et Esquiu (1) [...] Ce paysage [...] avait sa poésie. Sans doute, à l'époque, ne l'ai-je pas comprise [...] Mais aujourd'hui lorsque je rappelle ce souvenir, je peux reconstruire, émotionnellement, ce vieux quartier qui s'endormait à côté du remblai (2) pour le raconter avec la voix du tango. [...]
Au Colegio Luppi, cloué au milieu des rigoles (3) et entouré de crapeaux, et aux camarades que je n'ai plus revus, à la rue Esquiu, à l'avenue Centenera, aux gens qui habitent ses petites maisons, au remblai qui retenait les inondations, au train qui sifflait avec mélancolie, je dédie ce souvenir... Barrio de Tango.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
(1) le croisement entre l'avenue Centenera et la petite rue Esquiu, qui part en biais, se trouve à l'autre extrémité du paredón, 100 mètres plus loin que la rue Tabaré.
(2) El terraplén est la digue qui avait été construite pour protéger cette zone des crues du Riachuelo, qui coule un peu plus au sud dans un lit qui connait des variations. Au-dessus du terraplén, on avait construit une ligne de chemin de fer pour le transport des marchandises depuis la gare de fret du quartier de Liniers. Cette ligne a été déplacée depuis mais elle traverse toujours la zone.
(3) rigoles de drainage qui quadrillaient le quartier installé sur une zone très marécageuse. L'eau y était croupie et infecte. Enrique Cadícamo raconte dans ses mémoires, qu'il est tombé un jour dans l'un de ces fossés à l'âge de 10 ans. On l'en a retiré mais il est tombé gravement malade aussitôt après et il a frôlé la mort tant l'eau était contaminée.