La création d’une nouvelle prime d’allocation familiale, destinée aux familles les plus défavorisées, totalement privées d’aides sociales, avait été annoncée par le Gouvernement argentin en octobre de cette année. Son montant et sa répartition ont fait l’objet d’une communication officielle en début de semaine.
Cette nouvelle allocation ira aux familles dont les parents sont sans emploi (donc sans couverture sociale), employés de maison (cette catégorie de travailleurs n’est pas affiliée au régime général rendu obligatoire au début de cette année), payés en dessous du minimum légal ou salariés au noir (on estime à plus de 40% de la population active les salariés non déclarés par leur employeur). La prime est une somme fixe, mensuelle, versée pour chaque enfant à charge au foyer et limitée à 5 enfants mineurs. Son montant représentera une moyenne de 366 $ (peso argentin) par famille au cours du premier mois de versement, c’est-à-dire à partir du 1er décembre. Puis le montant global des versements augmentera au fur et à mesure que les personnes remplissant les conditions ouvrant droit à cette prime se feront recenser par les services de sécurité sociale.
Dans un premier temps, au 1er décembre, le nombre d’enfants bénéficiaires s’élèvera à 2,7 millions, dont 49% ne sont aujourd’hui couverts par aucun système de protection sociale. Les 51% restant ont intégré le Plan Familias (leurs parents touchent 44 $ par enfant à charge) pour 1 million d’entre eux et les 356 000 autres bénéficient de plans sociaux ponctuels du Ministère du Travail. A terme, le nombre d’enfants couverts par la nouvelle mesure devrait s’élever à 5 millions (voir les chiffres de l’Argentine, dans la partie médiane de la Colonne de droite, dans la rubrique Buenos Aires : Infos pratiques).
Le Gouvernement espère que cette aide publique permettra à une bonne partie de la classe populaire d’élever son revenu net au-dessus du seuil de pauvreté, voire, pour les plus démunis, de sortir de l’indigence. Une pauvreté grandissante dans ce pays, dans lequel la crise économique internationale provoque peu à peu un cercle vicieux de montée du chômage, les gens qui n’étaient pas sur le marché de l’emploi se mettant à chercher un travail pour compenser par ailleurs une perte de revenu familial (baisse de salaire ou perte d’emploi d’un des contributeurs) alors que d’autres personnes, qui viennent de perdre leur travail, viennent grossir les rangs des chômeurs.
Depuis octobre, les parents qui remplissent les conditions d’attribution de l’allocation se sont présentés peu à peu dans les centres de sécurité sociale au fur et à mesure que l’information s’est répandue. Mais certains ne sont toujours pas inscrits, beaucoup d’entre eux pour une raison très simple : il faut d’abord qu’ils se fassent faire une carte d’identité, grâce à laquelle ils pourront recevoir le livret d’allocation qu’ils devront présenter avec leur pièce d’identité au guichet de la banque qui leur sera assignée pour pouvoir toucher leur argent. En Argentine, dans le bas de l’échelle sociale, beaucoup de gens, n’ont tout simplement pas de pièce d’identité. Et puis, pour certains d’entre eux, il va aussi falloir dépasser la peur, l’ignorance et le manque d’habitude (aller à un guichet de la sécurité sociale, franchir le seuil d’une agence bancaire, manipuler un livret...).
Il y a quelques jours, déjà, le Gouvernement avait relevé le salaire minimum des employés de maison (voir mon article à ce sujet), qui est distinct du salaire minimum des salariés travaillant en entreprise. Celui des ouvriers agricoles est lui aussi différent, ils intègre un autre système et ont recours à un autre régime de couverture sociale.
Aujourd’hui, le Gouvernement a annoncé deux autres mesures qui vont améliorer un tout petit peu le pouvoir d’achat des plus pauvres :
L’attribution d’une prime de Noël pour les retraités pauvres, ceux qui touchent la rente minimum de 827,2 $ par mois jusqu’à ceux qui touchent 1500 $ par mois. La prime, versée en une seule fois à la fin du mois de décembre, ira de 200 pesos pour les retraites touchant entre 1401 et 1500 $ par mois jusqu’à 325 pour ceux qui touchent entre 827,2 et 1000 $ mensuels. Cette prime concerne 90% des 5,5 millions de retraités pensionnés du pays (il existe aussi des personnes âgées qui ne touchent pas de retraite). Sur le sujet des retraités, lire mes articles de l’année dernière sur AFPJ, un système de retraite de base par capitalisation aboli depuis un an et remplacé par un régime de répartition devenu obligatoire (sauf catégories de travailleurs exclus, comme les employés de maison et les ouvriers agricoles).
La baisse de 30% du prix de vente au consommateur final sur 600 médicaments, les plus couramment utilisés contre les affections les plus fréquentes. Cette baisse, négociée avec les laboratoires pharmaceutiques, entre normalement en application dès à présent dans toutes les pharmacies et restera valable jusqu’au 1er juillet prochain. Par ailleurs, les autorisations de fabrication du vaccin contre la grippe A seront accordées à partir du 29 décembre 2009. La Présidente espère aboutir à la fabrication de 8 millions de doses pour l’hiver prochain (en juin 2010). Avec 8 millions de doses, on ne vaccine cependant qu’une petite partie de la population totale.
Pour aller plus loin :
Lire l’article de Página/12 du 24 novembre sur le lancement de la nouvelle allocation familiale.
Lire l’article de Página/12 du 24 novembre sur l’augmentation du taux de chômage et de sous-emploi (temps partiel subi) au 3ème trimestre 2009
Lire l’article de Página/12 du 26 novembre sur la prime de Noël pour les retraités.
Lire l’article de Clarín du 25 novembre sur le même sujet.
Lire l’article de Página/12 du 26 novembre sur la baisse du prix des médicaments.