lundi 30 novembre 2009

José Mujica Président sans surprise et dans la liesse [Actu]

La photo symbole de cette victoire électorale tirée du site de El País
De gauche à droite : Danilo Astori, vice-président élu et futur président du Sénat, Pepe Mujica, président élu et Tabaré Vázquez, président sortant et toujours en fonction


Sans surprise malgré les incertitudes nées du 1er tour, que j’ai reportées dans deux articles antérieurs, et avec un résultat qui se situe autour de 52,6% alors que 99,96 % des bulletins sont dépouillés (à 15h45 heure locale), José (dit Pepe) Mujica a été élu Président de la République de l’Uruguay.
Il a 74 ans. C’est un ancien guerillero Tupamaro (une guerrilla marxiste urbaine). Sous la dictature (1973-1985), il a connu de longues années de prison, il a aussi connu la torture. C’est le premier guerrillero qui accède à la magistrature suprême en Uruguay. C’est aussi le plus âgé des candidats qui ait été élu à cette fonction depuis l’indépendance du pays, en 1830.

Les observateurs politiques s’attendent à voir s’organiser un gouvernement avec aux postes clés des anciens compagnons de lutte de futur président, qui prendra ses fonctions le 1er janvier prochain.

Son adversaire, Luis Alberto Lacalle, lui-même ancien président démocratique, a obtenu, à ce stade du dépouillement, 43,3% des suffrages, c’est-à-dire qu’il n’a pas fait le plein des voix à droite. On avait vu pendant la campagne du 2ème tour beaucoup de ses fidèles lui faire publiquement défection, à cause de sa stratégie de séduction des électeurs du Partido Colorado, hyper-libéral et lié à l’héritage de la Dictature.

Quelque 4% des électeurs ont voté blanc ou nul. Le fait que les votes blancs ou nuls soient considérés dans cette élection comme suffrages exprimés et donc comptabilisés dans les résultats finaux explique l’écart entre les deux candidats.

Aussitôt après les premières estimations à la clôture du scrutin hier soir, le président sortant, Tabaré Vázquez, le 1er président de gauche, élu il y a quatre ans, s’est rendu au QG de Mujica pour le féliciter chaleureusement. Les deux hommes, qui n’ont pas toujours été d’accord, loin de là, tout au long de cette interminable campagne électorale de près de 9 mois effectifs, sont tombés dans les bras l’un de l’autre, partageant l’euphorie de cette victoire historique. Historique parce que le Frente Amplio, vaste fédération politique qui rassemble tous les courants de la gauche représentative dans le pays, transforme l’essai de 2005 (l’élection de Vázquez), parce que c’est une victoire au second tour, une situation assez exceptionnelle en Amérique du Sud et parce que c’est un symbole fort du retour à la démocratie que de voir quelqu’un qui a pris les armes il y a trente ans porté aujourd’hui au pouvoir par les urnes.

Le premier discours du futur président a été pour souhaiter que la Nation ne se partage pas entre vainqueurs et vaincus, pour saluer le travail de son prédécesseur et annoncer que son gouvernement poursuivra la même politique, qui a visiblement amélioré la situation socio-économique dans le pays tout en le gardant attractif pour les investisseurs.

Les journaux en Uruguay et en Argentine font leurs gros titres sur cette élection, qui, dans ces deux pays, laissent au second plan le scrutin d’hier au Honduras qui entérine le coup d’Etat du mois de juin.
En Europe (Belgique, Espagne, France, Suisse), l’actualité politique est dominée par le résultat d’un référendum en Suisse (57% des citoyens helvétiques ont voté pour l’interdiction de la construction de minarets sur le sol national, ce qui va entraîner une modification constitutionnelle). Tous les journaux, francophones ou hispanophones, qui traitent de l’élection de Pepe Mujica, relèguent donc cette information au second plan. Un bon nombre de titres n’abordent même pas la nouvelle.
Aux Etats-Unis, le New York Times publie un article assez succinct de son correspondant au bord du Río de la Plata.

Pour en savoir plus :
La presse en Uruguay
Lire l’article principal de El País, celui de Montevideo
Lire l’article présentant le who’s who de l’équipe qui entoure Pepe Mujica dans El País
Lire l’article de El País sur l’avenir électoral du président sortant Tabaré Vázquez en 2014
Lire l’article principal de La República qui titre avec un humour jubilatoire Habemus Pepe
Lire l’article de Observa
La presse en Argentine
Lire l’article principal de Página/12
Consulter le reportage photo de La Nación
Lire l’article de Crítica de la Argentina
Lire l’article de La Prensa
Lire l’article de Clarín
En Espagne
Lire l’article de El País, celui de Madrid, (qui a donné la priorité aux élections honduriennes)
Lire l’article de ABC
Lire l’article de El Mundo
Dans les pays francophones :
Lire l’article du Monde (France)
Lire l’article du Soir (Belgique)
Le Temps (Suisse) s’est contenté de reproduire la dépêche AFP. Mais vu les nombreux votes d’hier à travers toute la Confédération et les conséquences qu’ils ont sur la vie politique suisse et l’image du pays à l’extérieur, c’est normal.
Enfin vous pouvez aussi vous reporter, sous le lien, à l’article du New York Times.