jeudi 19 novembre 2009

18% d’augmentation pour les employé(e)s de maison [Actu]

Bien entendu, statistiquement, cette hausse ne va toucher que des femmes ! A tel point que dans son article de Página/12 de ce matin, le journaliste emploie directement le féminin. Quand on sait à quel point en espagnol, le masculin l’emporte sur le féminin dès qu’il s’agit d’une formule au pluriel...

Bref, le Bulletin officiel de la République argentine vient de publier un décret du Ministère du travail à effet immédiat : le salaire horaire minimum d’une employée de maison payée à l’heure passe de 8,70 $ à 10,27 $. Pour une femme de ménage qui fait 4 heures par jour chez un même patron, le salaire minimum du mois passe donc de 571 $ (ce n’est pas suffisant pour vivre, surtout dans une ville, en Argentine) à 673,78 $ (ce qui n’est pas plus suffisant, même si à la campagne, une famille peut s’en sortir mieux en cultivant ses propres légumes dans son jardin et en élevant quelques poules, voire une ou deux têtes de petit bétail). Généralement, une femme de ménage se partage entre plusieurs employeurs pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Personnellement, je connais une femme, charmante, qui se partage là-bas entre deux patrons, sans s'accorder aucun jour de repos dans la semaine. Elle est à son travail à peu près de 10 à 12 heures par jour et touche environ 1000 $ par mois. Si vous lisez mes articles sur le panier de la ménagère, publié en septembre 2008 et en octobre 2009 (sous le mot-clé Economie), vous pourrez constater qu’avec ça, on ne va pas bien loin.

Dans des professions qualifiées, telles que dame de compagnie, gouvernante, majordome..., dans lesquelles les salarié(e) sont mensualisé(e)s, le salaire minimum (pour 8 h/jour, c’est-à-dire un temps plein) est de 1846,70 $ si les salariés doivent pourvoir à leur propre système de prévoyance et de 1347,56 $ pour les salariés les moins qualifiés ou les plus débutants et que l’employeur inscrit à un système de prévoyance, qui n’est pas obligatoire pour cette catégorie de travailleurs. (Dans la Colonne de droite, en partie médiane, dans la rubrique Buenos Aires : infos pratiques, je m’efforce de tenir à peu près à jour le taux du peso argentin, $, avec l’euro. La monnaie argentine n’est pas convertible).

Aujourd’hui, 370 000 employés de maison sont déclarés auprès de l’administration. On estime néanmoins à 1 million le nombre de travailleurs dans ces métiers dans un pays dont la population atteint à peine 40 millions d’individus, en projection des chiffres du dernier recensement en 2005. Les employés de maison ont désormais droit à leur propre régime de Sécurité sociale : pour une cotisation totale de 81,75 $, payée en partie par l’employeur, en partie par la salariée, dont 35 $ de cotisation retraite et 46,75 $ de protection santé, une employée de maison peut être couverte pour la santé, la retraite et les risques de décès-invalidité. La salariée qui veut étendre la couverture médicale à ses ayant-droits (enfants mineurs et parents à charge) doit acquitter la somme supplémentaire de 39 $.

Il faut avoir cotisé 30 ans pour partir à la retraite avec la pension minimum, qui est aujourd’hui de 827 $.

Les employés de maison ont désormais droit de toucher aussi les allocations familiales qui leur étaient inaccessibles jusqu’à il y a peu (les allocations familiales faisaient partie uniquement du système de couverture des salariés d’entreprises).

Pour encourager les particuliers employeurs à déclarer leurs employés de maison et donc à leur payer tout ce qu’ils leur doivent (niveau de salaire + protection sociale), le gouvernement a mis en place une incitation fiscale d’un maximum de 9000 $ par an, déductibles de la base d’imposition de l’impôt sur le revenu.

Pour aller plus loin : lire mes articles sur les niveaux successifs de salaire minimum, d’allocations familiales et de pensions de retraite, sous le raccourci Economie, dans la rubrique Quelques rubriques thématiques dans la Colonne de droite (vous obtiendrez aussi l’ensemble de ces articles en cliquant sur le mot-clé dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, en haut de l’article, entre le titre et le texte).

Lire l’article que Clarín consacre au sujet de son édition du 18 novembre 2009.