Jean-Louis Mingalon consacrera la dernière chronique tango de la saison dans l'émission de France Musique Etonnez-moi Benoît ce samedi 26 juin vers 11h30. L'émission elle-même commence à 10h30. Comme la dernière fois, l'intervention de Jean-Louis aura lieu en direct. Comme toujours, l'émission sera téléchargeable en mp3 par abonnement au podcast ou écoutable à volonté pendant 30 jours après la diffusion.
A compter du 1er juillet, France Musique comme toutes les stations de Radio France passera à sa grille d'été et il nous faut espérer que la grille de rentrée, en septembre, maintiendra cette seule petite niche qu'ait le tango sur une radio de service public, qui consacre, par ailleurs, plusieurs émissions hebdomadaires au jazz et rien que ces 20 minutes mensuelles au tango argentin, qui est pourtant un univers musical et culturel tout aussi riche, même s'il ne prend pas racine aux Etats-Unis mais dans un pays qui a donné, mine de rien, 10 mythes au monde au cours des 100 dernières années : Carlos Gardel et Astor Piazzolla, Jorge Luis Borges, Perón, Evita et El Che, Manuel Fangio, Carlos Monzón (même s'il a tué sa femme) et Diego Maradona, dont on sait de son vivant qu'il est et qu'il sera un mythe... et bien sûr le tango argentin lui-même...
Dont l'une des plus grandes représentantes est donc Tita Merello (à prononcer à l'italienne), chanteuse, letrista, compositrice et actrice de cinéma, née hors mariage le 11 octobre 1904 et morte une veille de Noël, celle de 2002 (ci-dessus, son visage suggéré sur la devanture d'un marchand de couleurs de Rivadavia, tout à coté du mythique Café de los Angelitos, dans le quartier de Balvanera, en août 2007)...
Son enfance est emblématique du faubourg du 20ème siècle à Buenos Aires. Il y a de quoi faire un vrai mélo pour faire pleurer dans les chaumières. Et puis imaginez aussi cette immense chanteuse chantant faux dans sa jeunesse. Et si ! Comme quoi, rien n'est jamais perdu... Elle nous a laissé de très nombreux témoignages de son talent, au disque avec sa voix grave, gouailleuse, presque éraillée de fille effrontée du faubourg : écoutez-la chanter Arrabalera, de Cátulo Castillo et Sebastián Piana dans les années 50, une chanson écrite pour l'un de ses films (ici grâce à Todo Tango comme toujours) ou dans ce El Choclo dans le splendide texte de Enrique Santos Discépolo (que j'ai traduit dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, aux Editions du Jasmin, mai 2010) et sous la direction de Francisco Canaro, sans doute l'une des plus belles interprétations de ce grand tango d'entre les tangos (encore grâce à Todo Tango). Et au cinéma où elle joua avec les plus grands, notamment avec Pepe Arias (le créateur sur scène du tango Victoria, de Discépolo -toujours), par exemple dans un classique du cinéma des annéees 50 en Argentine, Mercado del Abasto, de Lucas Demare (le frère du compositeur du tango Malena, autre tango phare traduit dans mon anthologie déjà citée), où elle joue une marchande des Halles (el Abasto), un film qui est pour Buenos Aires le pendant du Marius de Pagnol pour Marseille. Elle y joue et elle y chante. L'histoire est un peu larmoyante comme beaucoup de films argentins de ces années-là mais elle est profondément ancrée dans l'identité portègne et dans la vie de ce quartier, qui ressemble encore par bien des traits à ce qu'il était il y a près de 60 ans. Le DVD (avec sous-titres en anglais et en portugais) est disponible sur la boutique en ligne de Zivals, Tangostore, dont vous trouverez le lien dans la rubrique Les Commerçants del Barrio de Tango, dans la partie inférieure de la Colonne de droite.
Son enfance est emblématique du faubourg du 20ème siècle à Buenos Aires. Il y a de quoi faire un vrai mélo pour faire pleurer dans les chaumières. Et puis imaginez aussi cette immense chanteuse chantant faux dans sa jeunesse. Et si ! Comme quoi, rien n'est jamais perdu... Elle nous a laissé de très nombreux témoignages de son talent, au disque avec sa voix grave, gouailleuse, presque éraillée de fille effrontée du faubourg : écoutez-la chanter Arrabalera, de Cátulo Castillo et Sebastián Piana dans les années 50, une chanson écrite pour l'un de ses films (ici grâce à Todo Tango comme toujours) ou dans ce El Choclo dans le splendide texte de Enrique Santos Discépolo (que j'ai traduit dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, aux Editions du Jasmin, mai 2010) et sous la direction de Francisco Canaro, sans doute l'une des plus belles interprétations de ce grand tango d'entre les tangos (encore grâce à Todo Tango). Et au cinéma où elle joua avec les plus grands, notamment avec Pepe Arias (le créateur sur scène du tango Victoria, de Discépolo -toujours), par exemple dans un classique du cinéma des annéees 50 en Argentine, Mercado del Abasto, de Lucas Demare (le frère du compositeur du tango Malena, autre tango phare traduit dans mon anthologie déjà citée), où elle joue une marchande des Halles (el Abasto), un film qui est pour Buenos Aires le pendant du Marius de Pagnol pour Marseille. Elle y joue et elle y chante. L'histoire est un peu larmoyante comme beaucoup de films argentins de ces années-là mais elle est profondément ancrée dans l'identité portègne et dans la vie de ce quartier, qui ressemble encore par bien des traits à ce qu'il était il y a près de 60 ans. Le DVD (avec sous-titres en anglais et en portugais) est disponible sur la boutique en ligne de Zivals, Tangostore, dont vous trouverez le lien dans la rubrique Les Commerçants del Barrio de Tango, dans la partie inférieure de la Colonne de droite.
Tita Merello, surnommée Tita de Buenos Aires par le chanteur de variété Cacho Castaña qui adore se rendre populaire par ce genre de clins d'oeil, était par excellence la voix pour le tango de sainete porteño : il faut l'écouter dans ces oeuvres qui naquirent dans des pièces de ce théâtre populaire qui racontait en une heure et pour un peso la vie quotidienne du prolétariat de Buenos Aires, ces tangos qui forment le répertoire de Las Minas del Tango Reo (voir mes articles sur ce spectacle de Lucrecia Merico et Valeria Shapira). Ce sont des titres comme Niño Bien ou Garufa, du groupe montevidéen La Troupe de los Atenienses, dans les années 20 et 30, Se dice de mí ou Papa, lleváme pa'l Centro (Papa, emmène-moi dans les beaux quartiers). Une grande partie de son répertoire est donc tiré de sa carrière de comédienne et d'actrice comme vous pourrez le constater si vous avez la curiosité d'aller consulter sa fiche sur le site Cine Nacional, qui recense tout ce qui touche au cinéma argentin (le site est très riche et très précis).
Ci-contre l'affiche du film La historia del Tango (captée sur Cine Nacional)
Ci-contre l'affiche du film La historia del Tango (captée sur Cine Nacional)
Dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins déjà cité plus haut, j'ai traduit l'un de ses tangos : Decíme Dios ¿dónde estás? (dis-moi, mon Dieu, où es-tu ?), une grande protestation contre l'injustice du monde... Ce tango, sobre et terrible, est comme un poignard levé vers le ciel...
Bref, Jean-Louis Mingalon aura l'embarras du choix pour trouver les trois morceaux qu'il nous fait traditionnellement écouter chaque mois. Alors tout le monde à sa souris ! Il faut faire savoir à Benoît Duteurtre que cette chronique, les amateurs de tango francophones y tiennent...
Bref, Jean-Louis Mingalon aura l'embarras du choix pour trouver les trois morceaux qu'il nous fait traditionnellement écouter chaque mois. Alors tout le monde à sa souris ! Il faut faire savoir à Benoît Duteurtre que cette chronique, les amateurs de tango francophones y tiennent...
Pour aller plus loin :
rendez-vous sur la page de l'émission sur le site de France Musique (Radio France), où vous pouvez écouter et télécharger le numéro de chaque semaine
cliquez sur les initiales JLM parmi les mots-clés du blog Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, pour accéder à tous les articles parus sur la chronique tango de Jean-Louis Mingalon dans ce blog
et sur Tita Merello elle-même :
lisez l'une des toutes dernières interviews qu'elle donna, sinon la dernière, dans cet article du journal Los Andes le 28 novembre 2001
lisez l'une des toutes dernières interviews qu'elle donna, sinon la dernière, dans cet article du journal Los Andes le 28 novembre 2001
consultez la page sur Tita Merello sur le site argentin Cine Nacional
consultez la page sur Tita Merello sur le site argentin Todo Tango
et enfin allez visiter le site que des admirateurs ont consacré à cette grande artiste (même si ce site n'est pas tenu à jour et que, de ce fait, certains liens ne fonctionnent plus, notamment pour voir et écouter la comédienne-chanteuse).