jeudi 24 juin 2010

Hommage de La Nación à Alfredo Le Pera [Troesma]

Gardel (1er plan) et Le Pera (derrière), caricature anomyne publiée aujourd'hui par La Nación

De tous les quotidiens nationaux argentins, c'est La Nación qui évitela grande injustice d'oublier l'autre grand mort de Medellín, sans qui Gardel n'aurait pas été tout à fait le même Gardel que celui que nous connaissons et admirons : son partenaire, parolier et scénariste des trois dernières années, Alfredo Le Pera, né en juin 1900, peut-être le 6 ou peut-être le 3, à Sao Paolo au Brésil, d'un ménage italien. Alfredo Le Pera arriva en Argentine âgé de quelques mois et a grandi en Argentine.

Il a abandonné les études médicales entreprises sur les instances de son père pour faire un carrière de journaliste qui le mena à Paris comme correspondant d'un quotidien argentin. Et c'est à Paris, ou peut-être dans les studios de Joinville, que la Paramount le présenta à Carlos Gardel. On pense que les deux hommes s'étaient connus déjà à Buenos Aires mais c'est à Joinville que se noua leur partenariat artistique. Alfredo Le Pera se vit commander le scénario d'un nouveau film que Carlos Gardel devait tourner en 1932 pour la Paramount qui les réunit encore plus tard, à New York, pour les quatre grands longs métrages musicaux qui contiennentn leurs grands chefs d'oeuvre tangueros. Ces quatre films sont Tango Bar, Cuesta Abajo, El Tango en Broadway, El día que me quieras.

C'est lui qui fut aussi l'organisateur de la tournée fatale où il devait perdre la vie à côté de son ami, un jour d'hiver, sur un petit aérodrome de montagne balayé par des vents trop violents entre Bogotá et Cali.

C'est Gabriel Plaza qui rédige cet article. En voici des extraits :

Hace 75 años, el trágico accidente aéreo en Medellín apagó la vida de Carlos Gardel y Alfredo Le Pera, una dupla que cambió la historia del tango canción para siempre. Para Gardel, esa fatídica muerte, en el punto más alto de su carrera como estrella de cine y cantor popular, fue el salto a la inmortalidad como ícono porteño alrededor del mundo. Para Le Pera, su colaborador más estrecho a partir de la década del treinta, como guionista y letrista de las canciones en los films Cuesta abajo, El tango en Broadway, El día que me quieras y Tango Bar fue la conclusión de un papel secundario tan glorioso como en las sombras.
Gabriel Plaza, La Nación

Il y a 75 ans, le tragique accident aérien à Medellín a éteint la vie de Carlos Gardel et d'Alfredo Le Pera, un duo qui a changé l'histoire du tango-canción [tango à texte] pour toujours. Pour Gardel, cette mort fatidique, au sommet de sa carrière d'étoile de cinéma et de chanteur populaire, fut un saut vers l'immortalité comme icône de Buenos Aires partout dans le monde. Pour Le Pera, son partenaire le plus proche à partir de la décennie de 1930, comme scénariste et auteur des chansons des films Cuesta Abajo, El Tango en Broadway, El día que me quieras et Tango Bar fut la conclusion d'un rôle secondaire aussi glorieux qu'il fut dans l'ombre.
(traduction Denise Anne Clavilier)

Si algún arrepentimiento tengo de haberlos presentado es porque Le Pera le sacó a Gardel la superstición de viajar en avión." Guibourg tenía razón. La sociedad creativa sólo daría buenos resultados. Le Pera desarrollaría una intuición, un lirismo y un oficio para el que se había entrenado toda su vida y volcaría en letras a personajes hechos a medida de Gardel, lo que lo transformaría en una estrella de Hoollywood poco antes de su muerte. Y, lo más importante, decodificaría como nadie la atemporalidad de ese imaginario gardeliano destinado al mito en himnos como "Volver": "Yo adivino el parpadeo/de las luces que a lo lejos van/marcando mi retorno"
Gabriel Plaza citant Edmundo Guibourg, qui pensait avoir présenté les deux hommes à Paris.

Si j'ai des remords de les avoir présentés, c'est parce que Le Pera a enlevé à Gardel sa superstition de voyager en avion.Guibourg avait bien raison. L'association de créateurs n'a donné que des bons résultats. Le Pera allait développer une intuition, un lyrisme et un métier pour lequel il s'était entraîné toute sa vie et allait coucher dans ses textes des personnages faits à la mesure de Gardel, ce qui allait le transformer en une star d'Hollywood (1) peu avant sa mort. Et, le plus important de tou, il a décodifié comme personne l'intemporalité de cet imaginaire gardélien au destin de mythe avec des hymnes comme Volver...
"Je devine le clignement/des lumières qui aux lointains/s'en vont guider mon retour" (2)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Je vous invite à aller lire cet article, comme toujours, en vous faisant aider si besoin est par le logiciel de traduction en ligne Reverso, que vous trouverez dans la rubrique Cambalache (casi ordenado), dans la partie basse de la Colonne de droite.

Vous découvrirez à travers l'article que c'est bien Alfredo Le Pera, plus que Carlos Gardel, qui parle lorsque le chanteur entonne Sus ojos se cerraron (ses yeux se sont fermés). C'est Le Pera qui a vu mourir le grand amour de sa vie, lui qui tenta tout pour la sauver de la maladie qui l'emportait, comme elle emporte, impitoyablement, le premier amour du fils de famille qui rêve de vivre de la musique de El día que me quieras.

Ecoutons ce tango magnifique et poignant, chanté par Gardel, grâce à Todo Tango, comme toujours. Pour en connaître la traduction en français, comme celle de tous les tangos qui illustrent les articles de ce jour, voyez mon livre, Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, ed. du Jasmin, mai 2010.

(1) Gabriel Plaza confond ici les deux grands centres cinématographiques des Etats-Unis, celui d'Hollywood sous le soleil de la Californie, et celui de New York. Carlos Gardel n'a jamais joué à Hollywood. Il n'a jamais tourné que sur la côte est, qu'à New York.
(2) Ces trois vers appartiennent à Volver. Tous droits de la traduction en français réservés à l'auteur, Denise Anne Clavilier et à l'éditeur, Editions du Jasmin, mai 2010.