Le quotidien libéral et culturel La Nación rend hommage ce matin à Carlos Gardel, dont on célèbre aujourd’hui les 75 ans de la disparition accidentelle et atroce.
En plus de l'article, assez classique, le site du journal met à disposition du public un dossier multimédia en trois volets, Notas, qui présente deux promenades à travers la carrière de Gardel et les lieux qu'il a marqués, où il a vécu, Videos, avec deux interviews dont celle d'un expert aéronautique qui a refait, il y a de nombreuses années, une enquête sur l'accident qui coûta la vie à Gardel et à tous ceux qui l'accompagnaient (c'est lui qui a porté le coup de grâce à la légende de l'attentat et a donné raison au tout premier rapport qui accuse un vent trop fort et habituel sur cet aéroport, aujourd'hui fermé, le surpoids de l'avion et l'inexpérience du pilote) et une chronologie de sa courte carrière (un quart de siècle à peine).
Le quotidien n’a pas trouvé meilleur témoin que Cacho Castaña, un auteur-compositeur interprète de variété, qui a signé deux trucs pas trop mauvais, Café La Humedad et Garganta con arena (un hommage à Roberto Goyeneche, le chanteur, auquel il se compare volontiers et sans peur). C'est l'autre interview du volet Videos. Cacho Castaña, artiste moyen mais très populaire malgré tout, est connu pour son manque de modestie et le manque de lucidité de nombreuses positions publiques, comme l'année dernière où il est parti en croisade pour la peine de mort, après la survenue d'un fait divers qui avait touché une vedette du petit écran. Son interview est insupportable de vanité. Il s'y compare lui-même à Gardel qu'il dit admirer (quelle originalité !) et dont il dit qu'il vient s'asseoir près de lui lorsqu'il est inspiré pour écrire ses chansons... A n'écouter que pour vous faire l'oreille à l'accent particulier des Argentins.
Franchement, il y avait des gens plus intéressants et plus pointus à interviewer un jour comme aujourd'hui. Je ne parle pas que de Horacio Ferrer, à qui tout le monde pense nécessairement. Mais je pense aussi à Horacio Torres, le directeur du Museo Casa Carlos Gardel, à Horacio Salgán, le compositeur de Oratorio Carlos Gardel et je m'en tiendrai là pour ne pas sortir des Horacio...
Pour aller plus loin :
consulter les pages de La Nación
Voir aussi l'enquête de La Nación sur qui est Gardel pour la culture argentine.
Et pour écouter Carlos Gardel (c'est un peu mieux que Cacho Castaña, même si lui a du mal à le croire), voici Tomo y obligo, le dernier tango qu'il ait chanté (c'était à Bogotá, le soir, la veille de l'accident, le 23 juin 1935). Son dernier récital retransmis en direct sur une bonne partie de l'Amérique du Sud par La Voz de la Victor, la grande radio et la grande maison de disques de l'époque. On l'entend ici accompagné par Guillermo Barbieri et Angel Riverol qui moururent avec lui il y a 75 ans.