Comme vous avez pu le lire dans l'un des articles que j'ai publiés jeudi 24 juin, pour les 75 ans de la disparition de Carlos Gardel, Luis Alposta a fourni le motif du timbre que la Ville de Buenos Aires vient d'éditer à l'occasion de cet anniversaire.
Aujourd'hui, Luis publie une nouvelle chronique dans sa page Mosaicos Porteños qu'il tient tous les quinze jours sur le site du journaliste Marcelo Villegas, Noticia Buena : cette nouvelle chronique, il la consacre à la toute première série de timbres qui ait rendu hommage en Argentine à Carlos Gardel. Il s'agissait d'une initiative du tanguero japonais Joji Kanematzu et qu'avec le chanteur-compositeur Edmundo Rivero et le poète et compositeur Enrique Cadícamo, Luis appuya en Argentine à partir de juin 1984 lorsque le pays préparait les célébrations marquant les 50 ans de la mort du Zorzal Criollo. Une année 1985 qui vit aussi la pose du très beau mural fileteado que le Maestro León Untroib a peint pour la station de métro Carlos Gardel, au pied du bâtiment de l'Abasto.
Les trois tangueros Argentins et leur ami japonais présentèrent donc un dossier à la Commission Nationale d'expertise pour l'Emission de timbres commémoratifs, laquelle finit par accepter l'idée et émit en effet trois timbres, dont les motifs furent dessinés respectivement par les fileteadores Severi et Arce, qui exercent toujours, le caricaturiste de presse uruguayen Hermenegildo Sabát, qui vit à Buenos Aires depuis de nombreuses années et travaille à la rédaction de Clarín, et Alonso qui représenta un Gardel tel que le virent les Parisiens au début des années 20, déguisé en gaucho d'opérette (c'était la grande mode de l'exotisme facile et Gardel s'y prêta le temps de se faire connaître).
La chronique de Luis raconte donc cette histoire avec l'érudition discrète dont il fait preuve à chacune de ces petites vignettes que je vous invite à découvrir sur le site, dans une langue très simple, vraiment facile à lire dans le texte.
En illustration audio de cette vignette (vous savez qu'il y a toujours un document audio en bas de la page, un document que Luis tire de sa collection personnelle à la richesse et la variété inimaginables), vous entendrez Carlos Gardel chanter Anclao en París, un tango que lui écrivit Enrique Cadícamo à la demande du compositeur et guitariste Guillermo Barbieri qui a signé la partition. Bien entendu, Anclao en París fait partie de Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, éd. du Jasmin, mai 2010 (page 284).
Un mot encore sur Joji Kamenatzu (en transcription argentine,Yoyi Kamenatz) : grand admirateur de la chanteuse et compositrice Rosita Quiroga, à qui il écrivit un jour son admiration dans un espagnol parfait, il fut, par l'intermédiaire de la chanteuse, qui fut une patiente et une amie de Luis, un ami personnel de ce dernier. Ils se sont connus au Japon lors du premier voyage que Luis fit dans l'archipel. Joji Kamenatzu vécut ses dernières années, en se partageant entre le Japon et Buenos Aires, où il est décédé, comme il l'avait souhaité, et où il est enterré. C'est en très grande partie grâce à son aide que Luis a écrit son passionnant essai historiographique, El Tango en Japón, qui reste aujourd'hui l'unique ouvrage sur l'histoire du genre dans l'archipel nippon (ed. Corregidor, Buenos Aires, 1987). La plaque commémorative qu'ils ont tous les quatre posée sur la tombe de Carlos Gardel, le 24 juin 1985, je l'ai prise en photo en août 2007 et elle illustre l'une des pages de Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, déjà cité, tout comme l'autre photo, que vous trouverez sur la page de Noticia Buena de cette quinzaine, celle qui représente Joji Kamenatzu, Luis, Enrique Cadícamo et Edmundo Rivero, que Luis m'a gracieusement autorisée à reproduire dans mon ouvrage (1).
(1) la photo de groupe, qui en fait n'est pas exactement celle que Luis a choisie pour Noticia Buena mais une autre qui a été prise lors de la même séance de pose près de la tombe de Gardel, à quelques secondes d'intervalle, se trouve à la page 288 du bouquin (dans l'esquina intitulée La traversée du siècle et consacrée à la notice biographique d'un poète, je vous laisse deviner lequel. Franchement, ce n'est pas difficile).
La photo de la plaque commémorative, qui a été apposée sur le côté latéral de la tombe, sur le piédestal de la statue, se trouve à la page 297, dans une esquina qui s'intitule Simple escale technique et dont la clé du titre vous sera suggérée par l'article que j'ai consacré jeudi à la mort de Carlos Gardel, Alfredo Le Pera, son parolier et scénariste privilégié, Guillermo Barbieri et Angel Riverol, deux de ses guitaristes, dans un accident au sol sur un aérodrome colombien. La clé complète du titre est fournie par l'esquina elle-même dans le bouquin (vous ne croyez pas qu'en plus, je vais vous la livrer comme ça !).
Malheureusement, il y a sur cette page et celle qui lui fait face un petit défaut de fabrication. Allez savoir pourquoi, il manque les numéros de page. Mais la page d'avant et la page d'après sont, elles, numérotées. Aucun risque donc de vous perdre dans les 384 pages du livre ni dans le disque Melopea de 22 pistes qui l'accompagne et dont vous avez la description à la page 350 (la table des matières vous permettra d'ailleurs de la retrouver).