L’information n’a strictement rien à voir avec le très beau tango de Homero Manzi et Aníbal Troilo dont est tiré le (long) titre de la une de Página/12 de ce jeudi 3 juin 2010 : "El duende de tu son, che bandoneón" est le premier vers de Che Bandoneón.
Cette expression typiquement argentine est intraduisible en français... Che est une interjection qui est aussi une forme vocative (servant à interpeller ou à appeler quelqu’un) du pronom de 2ème personne du singulier.
Rien de semblable en français. Dans Barrio de Tango, mon anthologie bilingue, où ce tango a bien sûr sa place, j’ai opté pour "Sacré bandonéon". Mais ce n’est qu’une approximation.
El duende de tu son, che bandoneón,
se apiada del dolor de los demás...
Homero Manzi
Le Djinn de ta voix, sacré bandonéon !
Compatit au malheur des autres...
(Traduction Denise Anne Clavilier, in Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, © éditions du Jasmin, mai 2010)
Cette citation illustre en fait une rencontre officielle entre José Mujica et Cristina Fernández, présidents respectifs de l’Uruguay et de l’Argentine, qui ont scellé la réconciliation autour de la querelle qu’avait fait surgir entre les deux pays l’installation il y a 5 ou 6 ans d’une usine papetière de capitaux finlandais sur la rive orientale du fleuve Uruguay. Et quand je parle d’une querelle, c’était presque un casus belli. L’affaire est allée jusqu’au Tribunal International de La Haye qui a rendu un jugement qui donnait tort aux deux parties (voir mon article du 21 avril 2010 à ce sujet). Ce qui a permis à chacun des deux pays de trouver dans les longs attendus du jugements des motifs pour crier victoire. Et les deux pays se sont réconciliés comme César et Panisse autour de la bouteille de mousseux dans Marius de Marcel Pagnol. Lors de cette réunion au sommet, des cadeaux ont été échangés selon la coutume diplomatique en vigueur et parmi ces cadeaux officiels, il y a eu ce magnifique bandonéon qui s’expose à la une du quotidien.
Pour ceux que la politique intéresse (surtout lorsqu’il s’agit de contentieux frontaliers et d’enjeu économico-écologique), il faut lire l’article de Página/12 (avec l’aide éventuelle de Reverso, un outil de traduction en ligne que vous trouverez à la rubrique Cambalache casi ordenado dans la Colonne de droite)
Pour ceux qui préfèrent le Djinn (ou le génie) de la voix du bandonéon, je les invite à cliquer sur ce lien qui leur permettra d’écouter Che bandoneón, grâce à Todo Tango, chanté par Jorge Casal avec l'orchestre d'Aníbal Troilo.