mercredi 29 octobre 2008

Création d’une police métropolitaine à Buenos Aires [actu]


Photo DyN (Pagina/12 du 29.10.08)
Mauricio Macri salué par un vigilante de la police fédérale

L’idée n’est pas nouvelle. Elle était déjà dans l’air sous le mandat de Jorge Telerman (chef du gouvernement portègne jusqu’au 9 décembre 2007, du Partido Justicialista) et elle figure en bonne place dans le programme de gouvernement de Mauricio Macri, le chef de Gouvernement de Buenos Aires en fonction (droite libérale). Au début, il était plutôt question de trouver un accord avec le Gouvernement national pour que les effectifs de la Police Fédérale opérant à Buenos Aires soient placés sous le contrôle du Gouvernement de la Ville mais un tel accord ne pouvait qu’avorter puisque Présidente et Chef de Gouvernement sont, depuis leurs prises de fonction respectives et quasi-simultanées, campés dans une opposition frontale l’un à l’autre, ce qui ne les empêche nullement de clamer à tout bout de champs qu’ils n’aspirent qu’à une saine coopération dans le respect mutuel et pour le bien de tous... Ils viennent encore d’en donner une cinglante démonstration avec un duel à fleuret à peine moucheté, au Museo de los Inmigrantes, l’ancien Hotel de los Inmigrantes d’affreuse mémoire, lors d’une cérémonie officielle autour de trois projets sélectionnés pour les célébrations du Bicentenaire dans la Capitale.

L’Assemblée législative de Buenos Aires (la Legislatura) a donc adopté, avec une large majorité, une loi créant un nouveau corps de police et l’institut de formation qui va avec (ou avant). Cela faisait 7 mois que le projet de loi avait été déposé par le Gouvernement sur le bureau de la Legislatura. Le vote s’est départagé entre 42 pour et 13 contre, les pour venant de la majorité gouvernementale (el macrismo) mais aussi du bloc kirchneriste (la tendance majoritaire du PJ) et des socialistes. La Coalición Cívica, qui appartient à l’opposition nationale comme Mauricio Macri, a voté contre, Igualdad Social (Egalité sociale) et Nueva Izquierda (Nouvelle gauche) aussi. Encore des lignes de démarcation politique qui se déplacent...

La Policia Metropolitana sera un corps de sécurité, composé de policiers armés, formés à l’Instituto Superior de Seguridad Pública, créé dans la foulée, et assurera des missions de prévention et de protection des biens et des personnes, sur le territoire de la Ville (202 km2), avec les mêmes prérogatives que la Police Fédérale (celle à laquelle appartient le brave planton, la plupart du temps sympathique et chaleureux, qui surveille la rue devant l’agence bancaire implantée sur la esquina, avec sa casquette à visière rigide visée sur la tête et son gilet fluo orange sur le dos : el vigilante).

En début de carrière, un policier métropolitain percevra un salaire de 3000 $Arg (ce qui est plutôt généreux et va attirer des candidats... mais par ailleurs il n’y a pas un centavo pour accorder aux enseignants les 20% d’augmentation qu’ils réclament dans ce pays où l’inflation flirte avec les 25% l’an). Le gouvernement disposera d’un budget de 205 millions de pesos sur ce chapitre en 2009. On attend la première promotion de policiers issus de l’ISSP en octobre 2009 (comme il serait on ne peut plus surprenant que les cours commencent avant mars, il s’agira donc d’une formation-éclair).

A Buenos Aires, on institue donc une police supplémentaire. Dans la province de Buenos Aires, tenue par les péronistes, le Gouvernement Daniel Scioli envisage de durcir la répression contre les délinquants en abaissant dans la Province l’âge de la responsabilité pénale. Il est vrai que ces dernières semaines ont été riches en faits divers crapuleux, tous plus ignobles les uns que les autres, et que l’opinion publique s’en émeut légitimement. Il y a peu, on a ainsi arrêté pour meurtre un collégien bonaerense. Hier, ses professeurs ont publiquement pris sa défense : ils pensent que l’adolescent, qui n’a pas d’après eux le profil d’un homicide, est accusé parce qu’il appartient à un milieu défavorisé.

En réponse à cette montée de politique sécuritaire à droite comme à gauche, la Présidente s’oppose avec force à toute modification des lois au niveau national. Elle tient fermement que c’est à la racine qu’il faut traiter le problème en améliorant les conditions de vie des couches les plus modestes et en favorisant leur accès à l’emploi ou à l’activité économique du maximum de personnes.