El Afronte est une Orquesta Típica composée de trois violons, dont le premier est aussi le chef d’orchestre et compositeur du groupe Gabriel Atúm, d’un violoncelle, de quatre bandonéons, d’un piano, d’une contrebasse, d’un chanteur (qui est aussi le webmaster du site internet) et, cerise sur le gâteau, ils ont même une danseuse toute seule...
Par les temps qui courent, un ensemble de 12 artistes dont une masse de10 instrumentistes, c’est déjà "du bon" orchestre, comme on dit dans les faubourgs de Paris quand la taille ou le volume impose le respect...
Indépendamment de la taille, c’est un orchestre original qui a été déclaré de Interés Cultural en 2006 par le précédent gouvernement de la ville de Buenos Aires et qui présente un répertoire mêlant oeuvres classiques des grands devanciers (Di Sarli, Troilo, Pugliese, Piazzolla...) et morceaux originaux de la main du premier violon.
El Afronte est adhérent à l’Unión de Orquestas Típicas dont ils furent l’un des orchestres fondateurs en juin 2005 et dont ils respectent bien évidemment les règles très contraignantes : ne jouer qu’avec les instruments típicos (pas de synthé, pas de guitare électrique, pas de vent ni de cuivres...), développer leurs propres arrangements des morceaux d’autrui et enrichir le trésor commun du répertoire avec leurs propres oeuvres.
Cet ensemble a été fondé le 11 décembre 2004 à l’initiative de Gabriel Atúm qui s’est immédiatement mis à la construction d’un répertoire à base d’arrangements originaux. C’est un orchestre socialement engagé, dans la promotion et la défense de la culture populaire et qui poursuit ouvertement un objectif politique d’accès des classes défavorisées à la culture, au savoir, à l’instruction. En cela, ils s’inscrivent clairement dans la grande tradition d’un Homero Manzi ou d’un Osvaldo Pugliese, tous ces artistes qui ont mouillé leur chemise pour ouvrir l’horizon des moins bien lotis... L’UOT trouve d’ailleurs l’une de ses origines dans le travail social qu’un directeur de Centre culturel de quartier, Ildefonso Pereyra, a déployé, après la crise de 2001, pour soutenir les habitants de la zone.
Sur leur site, vous pouvez écouter (et même télécharger) deux morceaux, tirés l’un et l’autre du disque Tango al Palo (1). Ils ont déjà sorti trois disques, dont deux sont encore disponibles dans le commerce. Je regrette personnellement qu’ils aient choisi uniquement deux instrumentaux. On aimerait, je pense, entendre aussi, même sans télécharger, la voix de Marco Bellini... Leur arrangement de Libertango (d’Astor Piazzolla) est impressionnant. La plupart des musiciens jouent ce tango avec une certaine légèreté, de l’entrain, voire pour beaucoup une forme d’allégresse. Mais El Afronte vous met dans les tympans un drame beethovenien, tout à fait splendide et qui ne trahit en rien la musique de Piazzolla...
Toute l’année, El Afronte se produit en vivo dans une milonga du mercredi soir, Maldita Milonga, rue Perú 571 dans le quartier de San Telmo. Ils continueront jusqu’à la fin de l’année. A Maldita Milonga, la soirée commence par un cours, à 21h. L’orchestre se met à jouer, à une heure raisonnable : 23h (entrée 12 $).
Maldita Milonga, qui existe depuis la mi-2007, fait partie d’un plus vaste projet culturel, Buenos Aires Tango Club, où interviennent d’autres artistes et groupes avec une offre complète intégrant la musique, la danse, le théâtre...
Par ailleurs, tous les dimanches, sauf s’il pleut, El Afronte est à la Feria de San Telmo où ils s’installent pour jouer rue Humberto 1er au n° 343 entre 12h30 et 17h30. C’est un concert en plein air, a la gorra bien sûr (au bon coeur des passants qui s’arrêtent pour les écouter).
Le 14 novembre, ils joueront en direct sur les ondes de La 2x4, dans l’émission de Gogo Safigueroa, Los Tres Berretines, de 15 à 17h (comptez - 3 h depuis l’Union Européenne continentale). Branchez-vous donc à l’heure dite sur le streaming du site.
(1) vous pouvez l’entendre comme Tango au gibet, Tango à la barre, Tango à la cognée...