Cet événement-monstre ne s’intéressant pas vraiment au tango (c’est le moins qu’on puisse dire), je n’en ai pas parlé dans Barrio de Tango pendant tout le temps où il a fait jaser à Buenos Aires mais il faut tout de même savoir qu’il existe, étant donné la place qu’il occupe pendant les deux semaines de sa durée. Ce festival est principalement un festival de rock et de musique pop et latino en tout genre surtout si ça fait du volume en termes de vente de disques. Comme son nom l’indique, son principal soutien financier est une marque de soda des Etats-Unis, elle-même secondée depuis 4 ans par la locale de l’étape, la marque Quilmes, grande brasserie industrielle argentine passée dans le giron du leader mondial brassicole, l’internationalo-belge Interbrew.
Le festival s’est ouvert sur une méga-fête le 13 septembre et s’est ensuite déroulé du 26 septembre au 5 octobre (re-méga-concert pour la clôture). 160 groupes et artistes ont participé à l’événement.
Si de grosses vedettes internationales, commercialement tout ce qu’on fait de plus bétonnées, sont venues à Buenos Aires pour ce festival, on y a vu aussi des artistes qui certes vendent moins (c’est-à-dire peu en dehors du monde hispanophone) mais qui sont très appréciés et à juste titre dans leur zone linguistique. Parmi eux, les Argentins Andrés Calamaro, Fito Paez et Luis Alberto Spinetta (artiste culturellement et politiquement engagé et l’un des créateurs du rock nacional -argentin bien sûr, chaque pays de la fraternité ibérico-américaine ayant son propre rock nacional) et l’Espagnol (de Barcelone) Loquillo (le fada) et son groupe Los Trogloditas (rock nacional espagnol, lui aussi politiquement significatif dans son contexte).
Une anecdote pour sourire (et pour finir) : pendant un concert, il s’est produit une panne d’électricité. Toute la salle plongée dans le noir. Le percussionniste continue néanmoins à jouer, imperturbable, malgré l’absence de micro tandis que ses compagnons sont réduits au silence (évidemment sans courant, une guitare électrique !...). Pour réclamer le retour de la lumière, le public s’est mis à interpeller le producteur du spectacle (ça se fait, dans ces circonstances), il scandait : "Coca ! Coca ! Coca !" Il y en quelque chose qui tourne pas rond au royaume du soda...