Les deux émissions régulières sur le tango avec podcast et depuis Buenos Aires nous offrent, cette quinzaine, des émissions imperdibles (à ne pas manquer).
Depuis son studio niché dans un immeuble moderne du coeur de l’Abasto, Tango City Tour nous fait vivre le programme de septembre de Todas las músicas. Barrio de Tango vous décrit la chose pour vous mettre l’eau à la bouche et Tango City Tour vous le met ensuite dans les oreilles (c’est pas une bonne répartition du travail, ça ?).
Leur podcast n° 125 nous fait goûter, malgré la distance, un petit quelque chose du concert que la Orquesta de Tango de la Ciudad de Buenos Aires a donné dans le quartier de Villa Urquiza. Le podcast 126 nous entraîne à celui que la Orquesta Escuela de Tango Emilio Balcarce a donné à la Biblioteca Nacional. Tous ceux qui auront déjà vu le film Si sos brujo, una historia de tango de Caroline Neal (actuellement sur les écrans de France métropolitaine) pourront découvrir le millésime 2008 de cet orchestre pas ordinaire. Et tous ceux qui habitent trop loin de toute salle projetant ce chef d’oeuvre (et je pèse mes mots) y trouveront une digne compensation. Ces orchestres dépendent tous les deux de la Ville de Buenos Aires, d’où leur participation tous les mois au cycle de concerts gratuits Todas las músicas. La OET Emilio Balcarce joue en formation de 17 musiciens ; en fait, ils sont plus nombreux, puisqu’il y a au moins deux pianistes et deux contrebassistes qui se relayent sur scène. La Orquesta de Tango de la Ciudad de Buenos Aires joue en formation de 34 musiciens, c’est la seule formation contemporaine qui ait la taille des orchestres de tango légendaires des années 30 et 40. Depuis ces années-là, l’apparition de la sonorisation et la banalisation du disque ont fait fondre les effectifs des orchestres qui n’ont donc plus ce volume sonore de cette époque surnommée La Década de Oro.
Un détail en passant. Si vous envisagez prochainement un voyage à Buenos Aires et qu’un cena-show en bonne et due forme vous tente là-bas, vous pouvez participer au concours avec tirage au sort qu’organise Tango City Tour (pour gagner une entrée au cena-show 100% arts déco Tango Porteño). Pour jouer, il vous suffit de savoir quelle est la date exacte de naissance de Carlos Gardel (attention, il peut encore rester un petit piège, si vous ne vérifiez pas vos sources ! L’entrée sera attribuée par tirage au sort parmi les bonnes réponses...)
Pendant ce temps-là, dans le studio de la radio de las Madres, Fractura Expuesta présente le saxophoniste de jazz et de tango Jorge Retomaza (cf. son show de mercredi dernier au CCC Floreal Gorini) dans son émission n° 236, datée du 22 septembre (les documents MP3 n° 136 et 236, chaque émission étant téléchargeable sous la forme d’un dossier zip de deux éléments) et dans l’émission 237, du 29 septembre, le duo des agités du tango interviewe le chanteur Hernán Castiello, dit Cucuza, sur le tour de chant qu’il préparait pour ce samedi à l’Espace Culturel Nos Enfants (Espacio Cultural Nuestros Hijos) sous le titre Tango sin Grupo (je vous ai déjà traduit la subtile glose lexicale de Cucuza autour de cette soirée).
Historiquement, Tango City Tour est le premier podcast jamais consacré au tango sur toute la Toile. L’émission a fêté en juin ses 3 années d’existence et elle est maintenant reprise sur plusieurs centaines de chaînes radiophoniques, dans toute l’Argentine, de nombreux pays d’Amérique du Sud et du Nord et même en Europe (notamment des radios universitaires anglaises et belges).
Fractura Expuesta est plus vieille (l’émission a fêté ses 5 ans en août au Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini, à grand renfort de ballons, de bonbons puis, une fois le public retiré, de vin rouge pour faire glisser une montagne d’empenadas à une quinzaine d’invités privilégiés). En revanche, il n’y a que fort peu de temps que l’émission est téléchargeable, le premier podcast remonte en effet au 25 août de cette année.
Sur le plan du contenu, l’une et l’autre émission vous permettront d’entendre de la bonne musique authentique et vous feront découvrir des artistes intéressants. C'est un peu plus classique dans Tango City Tour, avec des enregistrements historiques et un tango chanté par Gardel à titre rituel dans chaque podcast, on fait plus dans l'inédit dans Fractura Expuesta, dans le tout récent et on n'entend pas souvent Gardel, quoi que...
Donc quoi qu’il en soit de ce qui suit, ne vous laissez pas effrayer par mon discours et foncez... Eoutez-les !
Pour ce qui est de suivre les propos des animateurs, le niveau de langue exigée pour écouter l’une et l’autre emission n’est pas exactement le même. Les débutants ont intérêt à se faire l’oreille (et la culture de base) avec Mabel Pramparo et Juan Expósito : leur timbre clair, leur diction posée, le registre de langue qu’ils ont choisi, typiquement-portègne-mais-il-y-a-des-limites-à-tout, permettront de bien comprendre l’essentiel de leur dialogue, moyennant, de la part de l’auditeur récent, une honnête patience envers soi-même : on ne comprend jamais tout du premier coup et il faut vingt fois sur le métier remettre votre ouvrage (1). Ainsi armés, les anciens débutants devenus intermédiaire-avancés pourront commencer à écouter, à dose homéopathique d’abord (en tout exercice, il faut savoir ménager son effort) le débit lancé au triple galop, haché par les éclats de rire et les fausses bisbilles (c’est horripilant quand on ne comprend rien), et les délires carabinés dont nous gratifient Germán Marcos et Maximiliano Senkiw surtout dans le flash d’info. D’autant que côté débit galopant, leurs deux acolytiques, Sebastián Linardi (couverture des concerts) et Carlos Bevilacqua, journaliste de presse écrite, qui signe dans Página/12 (milongas en ville), n’ont rien à leur envier.
A titre d’exemple, lundi dernier (émission 237, 1ère partie), Germán et Maximiliano vous développent l’histoire d’un attentat raté contre le Monument du Tango (une sculpture imposante installée à Puerto Madero, le nouveau quartier ultra-chic qui squatte les anciens docks du vieux port) et celle, non moins farfelue, d’une nouvelle règle de circulation sur la piste de danse dans les milongas portègnes : des couloirs réservés l’un aux débutants (mamertos, la classe biberon), l’autre aux danseurs avancés (allusion à l’instauration récente et vertement contestée de couloirs réservés aux bus et aux taxis dans quelques avenues stratégiques de Buenos Aires).
De toute manière, quelque soit votre niveau d’espagnol, la musique reste un langage universel. Donc allez-y sans crainte. Dans les deux cas, les sites vous aident à comprendre en vous indiquant noir sur blanc de quoi causent les émissions (Fractura Expuesta vous décline même le contenu du flash info : vous pouvez lire avant d’écouter).
Pour visiter le site de Tango City Tour, cliquez ici (et -encore plus commode- installez directement le podcast sur votre ordinateur, à partir de iTunes ou tout autre logiciel qui a votre préférence).
Pour visiter le site de Fractura Expuesta, cliquez là (vous devrez aller chercher l’émission chaque semaine, car pour le moment, il n’y a pas d’abonnement avec montée automatique).
(1) "Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage", un consejo del escritor clásico francés Nicolas Boileau (1636-1711) a todos los escritores para mejorar cada frase : trabajarla 20 veces.