Les grandes vacances approchent et à partir de lundi prochain et ce, jusqu’au 28 novembre, les parents qui le souhaitent sont invités à inscrire leurs enfants à la Colonia de vacaciones (une opération à l’échelle de toute la ville à destination des enfants défavorisés). La Colonia occupera les chères têtes blondes de 4 à 12 ans du 5 janvier au 6 février prochains en leur proposant beaucoup d’activités sportives et quelques ateliers récréatifs (dont le contenu n’est pas précisé davantage).
Pour inscrire leurs enfants, les parents doivent se munir de l’original de la carte d’identité du mineur (faisant foi que l’enfant habite bien Buenos Aires) et d’une photocopie et se rendre dans l’un des bureaux d’inscription. Il y en a un par commune (regroupement administratif de plusieurs quartiers), soit 15 en tout plus 3 autres qui seront spécialement installés dans les parcs Manuel Belgrano, Sarmiento et Polideportivo Chacabuco.
Il y a de la place pour 15 000 gamins. Si le nombre d’inscriptions dépassait ce chiffre, le Sous-Secrétariat au Sport procéderait au tirage au sort des heureux bénéficiaires le 17 décembre (c’est la Loterie Nationale qui procéderait au tirage). On ne mettra pas à profit le mois de décembre pour chercher des fonds, pour en appeler à la générosité de sponsors et accueillir tout de même les gamins en surnombre...
Cette année, l’opération se déploiera sur 10 parcs et complexes multi-sports situés le plus souvent au sud et à l’ouest de la ville, donc à proximité des quartiers défavorisés.
Les futurs moniteurs, quant à eux, sont appelés à présenter leur candidature aux différents postes à pourvoir. Ils ne pourront adresser cette candidature qu’en ligne, via la page consacrée à ce programme sur le site Internet de la Ville de Buenos Aires. Ce qui veut dire que tout acte de candidature a un coût : soit le candidat dispose chez lui d’une connexion internet (qu’il faut bien payer), soit il faudra qu’il achète son temps de connexion dans un locutorio (et ce n’est pas donné pour tous) (1). La Ville recrute des professeurs d’éducation physique, des étudiants en éducation physique et des instituteurs (2).
A Buenos Aires, il n’est pas étonnant de voir des enseignants travailler pendant les vacances scolaires. On est à mille lieux de la grosse blague française visant le personnel de l’Education Nationale : "Donnez-moi trois raisons pour lesquelles vous avez choisi le métier d’enseignant... Juillet-août-septembre" (3). En Argentine, aucune loi n’interdit le cumul des emplois et heureusement, car c’est la seule façon dont une très grande partie de la population peut arrondir ses fins de mois et faire bouillir la marmite, les artistes étant bien sûr des champions incontestés en matière de semaines de travail en deux temps complets et le week-end aussi...
(1) Le fait que les services des locutorios soient chers pour bon nombre de personnes m’a été démontré un soir que je me plaignais de la médiocre qualité de la connexion sur l’ordinateur mis à disposition des clients de l’hostel où je logeais. La personne avec qui je parlais m’a aussitôt conseillé d’aller dans un locutorio. J’ai ouvert la bouche pour dire non (parce que les locutorios n’étant ouverts qu’en journée avaient des horaires incompatibles avec mon emploi du temps) et spontanément cette personne, prête à s’excuser et oubliant que j’étais une touriste européenne, m’a dit : "ah, c’est cher peut-être ?" L’expression navrée de son visage, alors qu’elle prenait soudain conscience -mais à tort- de m’avoir conseillé quelque chose qui n’entrait pas dans mon budget, est un souvenir que je ne suis pas prête d’oublier. Je crois qu’elle m’en a davantage dit sur les difficultés de joindre les deux bouts en Argentine que le spectacle, pourtant éprouvant, des bouts de chou qui mendigotent dans le métro en faisant trois petites pirouettes, au lieu d’être à l’école comme la loi leur en fait obligation.
(2) le communiqué du 24 octobre paru sur le site de la ville parle ici de maestras de educación inicial. Ne voyant pas, dans une ville si soucieuse de l’égalité en droit entre hommes et femmes, de raison valable d’exclure les hommes, même s’il s’agit de s’occupe des tout-petits de 4 ans, je suppose qu’il y a là une erreur typographique comme il s’en présente parfois dans les communiqués officiels et que le recrutement concerne en général des maestros, hommes et femmes confondus... Mais je peux me tromper.
(3) Ce n’est d’ailleurs plus d’actualité car la rentrée a désormais lieu au début du mois de septembre. Elle avait lieu vers le 15 décembre il y a un quart de siècle et à la fin décembre avant-guerre, lorsque se terminait la saison des récoltes à laquelle les enfants de paysans participaient.