samedi 13 novembre 2010

Quand Mujica met les pieds dans le plat [Actu]

Le président uruguayen, Pepe Mujica, ancien guerrillero urbain aux manières volontairement joviales et sans façon, est connu pour ne pas souvent employer la langue de bois. Suivant ce qui semble devenir une véritable habitude chez lui, il a donc dénoncé dans une conférence de presse tenue en Uruguay, avant une rencontre bilatérale avec le voisin argentin au sujet de la gestion de la papeterie UPM (ex-Botnia), sise sur la rive orientale de l'Uruguay en violation d'un traité international sur la gestion commune de ce fleuve-frontière, que l'Argentine était un pays "coupé en deux" : pour preuve, il en veut que le Gouvernement a interdit au Vice-Président de paraître à la veillée funèbre de l'ancien Président Néstor Kirchner.

L'absence absolue du Vice-Président et Président du Sénat Julio Cobos dans ces cérémonies a été l'un des événements politiques significatifs de ces jours de deuil national et, à moins d'avoir mal cherché, je n'avais vu nulle part sur aucun des grands quotidiens nationaux argentins, y compris ceux de l'opposition, que cette absence était le fait d'une volonté expresse du gouvernement. Elle était au contraire présentée, quoi que discrètement, comme une décision de l'intéressé et semblait ainsi relever de la rupture politique manifeste et profonde qui s'est installée progressivement entre le couple Kirchner et Cobos à partir du 18 juillet 2008, lorsque le Président du Sénat a voté contre un projet de loi fiscal proposé par le Gouvernement, éloignement qui est encore plus marqué depuis que Julio Cobos a été devancé il y a quelques mois par Ricardo Alfonsín dans son propre parti et a perdu vraisemblablement toute chance de pouvoir se présenter à la présidence de la République en 2011 au nom de l'UCR, leur parti commun (Unión Civil Radical). Il était aussi assez évident, malgré des explications officielles très peu convaincantes, que l'installation de la chapelle ardente à la Casa Rosada en lieu et place du protocolaire Palais du Congrès relevait aussi de cette rupture politique, le Gouvernement ou la Présidente elle-même ne voulant en aucun cas que le maître de cérémonie puisse être le Président du Sénat, premier personnage du Congrès.

Pour en savoir plus :
lire l'article de Clarín retranscrivant et commentant les déclarations fracassantes du Président José Mujica (dit Pepe par ses partisans et les autres).
Ne pas oublier, lors de la lecture, que Clarín est violemment anti-kirchnériste et qu'il existe un contentieux très grave entre la propiétaire du journal et le Gouvernement actuel (soupçon d'adoptions illégales d'enfants volés pendant la dictature et soupçon de prise de participation majoritaire frauduleuse dans la seule papeterie argentine produisant du papier journal grâce à l'aide de la Junte).