mardi 16 novembre 2010

Tres mujeres para el show - retour sur images. Article n° 1800 [Retour sur images]

La salle avant le spectacle

C'était à Buenos Aires le samedi 4 septembre dernier et je terminai en beauté mes vacances en Argentine en allant applaudir à Clásica y Moderna, Callao 892, trois très grandes pointures du tango, les chanteuses Susana Rinaldi, Marikena Monti et Amelita Baltar, qui était honorée hier au Plenario de la Academia Nacional del Tango (lire à ce sujet mon article du 12 novembre 2010). L'occasion faisant le larron, le Plenario me permet de rattraper l'horrible retard que j'ai pris cette année sur mes Chroniques de Buenos Aires, pour des raisons professionnelles tout à fait indépendantes de ma volonté.

Début du spectacle : Marikena Monti présente Amelita Baltar, qu'elle a en photo dans le dos

Pour les photos, elles valent ce qu'elles valent : j'étais mal placée, malgré les recommandations de Amelita Baltar qui avait demandé elle-même aux organisateurs de bien me traiter (mais bon ! j'étais seule et j'étais une étrangère, j'ai été traitée comme telle : à Buenos Aires, il y a de nombreux lieux où le touriste est moins bien reçu que les clients locaux, sans doute parce que le touriste, généralement venu de l'hémisphère nord, ne reviendra guère, alors que le Portègne, qui habite 200 mètres plus loin, si !) et qui, plus est, j'avais été installée dans les courants d'air de la porte d'entrée (alors que je sortais d'une grippe, mais ça personne ne le savait). Ajoutez que je me refuse à prendre des photos au flash (vous imaginez la gêne que constituent pour les artistes toutes ces petites lumières qui clignotent dans la salle !). Donc photos d'amateur, qui ne valent que pour la passion pour le tango et le talent qui animait la photographe.

Amelita Baltar entre deux chansons


Amelita Baltar s'accompagnant à la guitare en revenant à ses premières amours : la musique folklorique

Un très beau spectacle, qui coûtait 150 $ de droit au spectacle, avec une obligation de 50 $ minimum de consommation (la planche de fromages et de charcuteries est un bon choix dans ce restaurant qui est plus réputé pour son décor et son programme culturel que pour le contenu de ses assiettes). Par rapport aux prix que je vous indique d'ordinaire, celui-ci peut paraître élevé. Ce serait oublier que la soirée occupe une petite vingtaine d'intervenants, les trois chanteuses, leurs musiciens (chacune a les siens), un technicien son et un technicien lumière...

Susana Rinaldi présentant Marikena Monti (ma meilleure photo de la soirée, avec au premier plan les cheveux de mon compagnon de table, un médecin argentin qui m'a invitée pour remercier la France du bon accueil qu'elle lui avait fait dans les années de dictature. Encore un Argentin qui s'était réfugié à Paris, comme Susana Rinaldi elle-même)

Marikena Monti entre deux chansons

Quoi qu'il en soit du prix et de l'accueil discutable que nous recevons, le spectacle vaut vraiment le coup (et c'est peu de le dire). Toutes les trois sont somptueuses, dotées d'un très bel humour (le numéro d'Amelita Baltar sur la chirurgie esthétique à laquelle elle refuse d'avoir recours, l'auto-critique de Susana Rinaldi qui dit elle-même avoir un sale caractère et les minauderies de Marikena Monti qui remercie le technicien lumière qui lui permet de ne pas faire plus vieille que ses 36 ans - elles sont toutes les trois septuagénaires, comme vous le savez ou pouvez le présumer), et d'une voix exceptionnelle, chacune avec sa personnalité artistique propre. En plus, toutes les trois connaissent admirablemnt notre langue. Elles se présentent mutuellement : Marikena Monti a présenté Amelita Baltar, Susana Rinaldi, surgie de la rue comme un diable de sa boîte au point que la salle, saisie, en a oublié de l'applaudir, a présenté Marikena Monti et c'est bien entendu Amelita Baltar qui a présenté Susana Rinaldi dont le tour de chant concluait la soirée (malgré une grippe carabinée dont elle ne laissait presque rien voir, à part un mouchoir dont elle se tamponnait le nez après chaque morceau).

Susana Rinaldi

Une dernière anecdote, terrible pour la Française que je suis : à un moment donné, Marikena Monti a annoncé qu'elle allait chanter une chanson qu'elle voulait dédier à Carla Bruni et à une starlette argentine du même tonneau dont elle a prononcé le nom après celui de la présidente française. A peine avait-elle prononcé les trois premières syllabes du nom de l'ancien top-model que toute la salle s'esclaffait. Rire général. Je n'aime pas Carla Bruni, la chanteuse comme la femme me laisse tout à fait indifférente et j'estime qu'elle abuse de sa position protocolaire d'épouse du chef d'Etat pour se constituer une notoriété qui n'a rien à voir avec le service du pays. Malgré cela, je vous avouerai  qu'entendre une salle entière à Buenos Aires hurler de rire au seul énoncé de son nom fut une drôle d'expérience, plutôt désagréable. Voilà donc l'image qu'ils ont désormais de la France institutionnelle : une affaire de branquignoles hystériques... Ceci dit, Marikena Monti nous a interprété une chanson de Jacques Brel, dont elle a pris soin de préciser qu'il était belge et non français (il passe couramment pour français là-bas), et a chanté en duo avec Edith Piaf. Eh bien, il faut une belle quantité de talent pour affronter un tel mythe, même par disque interposé...