Mauricio Macri, le très contesté Chef du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, aura à répondre devant la justice des méthodes pour le moins musclées utilisées par une milice qu'il avait montée à Buenos Aires pour déloger les déshérités et les sans-abris qui avaient trouvé refuge, si on peut appeler ça ainsi, dans la rue. C'était il y a encore un an quand la nuit, des gros bras s'attaquaient aux sans-logis à coup de matraque dans la rue, pour leur faire fuir le territoire de la capitale et trouver refuge dans la Province de Buenos Aires, dirigée par la majorité nationale (le Gouverneur de la Province, Daniel Scioli, un des poids lourds du Partido Justicialista, est l'ancien vice-président du Président Néstor Kirchner).
Après l'inculpation dans l'affaire des écoutes illégales des victimes de l'attentat contre l'AMIA, après son refus de comparaître devant la commission d'enquête parlementaire de la Legislatura Porteña, voici que la justice a convoqué pour le 10 décembre Mauricio Macri pour 19 actes de violence commis par la UCEP (Unité de Contrôle de l'Espace Public) entre juillet 2008 et octobre 2009. La UCEP a été démantelée depuis, lorsque ses méthodes scandaleuses ont été rendues publiques par des rapports d'ONG des droits de l'homme, des enquêtes de journalistes, en tête desquelles on trouve les articles du quotidien Página/12, et des plaintes du Défenseur du peuple, le médiateur ou l'Ombudsman de la vieille traditon hispanique.
Mauricio Macri, qui vient de chercher à détourner l'attention du public avec son énième mariage, qui intervient après de très nombreux divorces et à grand renfort de séances photos pour la presse du coeur, rentrera tout juste de sa lune de miel, nouveau voyage somptuaire réalisé à l'étranger pendant que la Ville de Buenos Aires, ses lycées, ses rues, ses théâtres se déglinguent à vue d'oeil faute d'attention des pouvoirs publics, que les artistes, les professeurs et d'autres catégories de fonctionnaires territoriaux sont laissés à l'abandon, sans révision de leur salaire et parfois sans salaire tout court, et que les journalistes d'investigation découvrent des repris de justice dans les effectifs de la toute nouvelle police métropolitaine (entendez la police municipale de Buenos Aires).
Ce scandale de violence sur la voie publique a donné lieu à l'ouverture d'une instruction sur la plainte déposée en octobre 2008 par une députée de l'Assemblée nationale (assemblée de niveau fédéral donc et non de niveau local). Cette instruction est conduite par le juge Facundo Cubas (du tribunal n° 49). Parmi les victimes des agissements de cette milice de gros bras et d'hommes de main, Carla Baptista, une femme de 30 ans, alors enceinte de quelques mois et qui a été agressée à San Telmo, le 1er octobre 2009 sous le pont de l'autoroute 25 de Mayo, sous lequel elle s'abritait la nuit comme plusieurs milliers de sans-abris chassés de leurs maisons par la spéculation immobilière encouragée par le Gouvernement portègne actuellement en place (gobierno de turno comme on dit là-bas). Frappée au visage et ailleurs sur le corps, elle a failli perdre le bébé qu'elle attendait. Ce sont les policiers du commissariat n° 18 qui ont pu identifier les agresseurs. Comme quoi, tout n'est pas pourri dans les forces de l'ordre en Argentine. Il y a encore des gens qui exercent leur métier convenablement.
Le juge a convoqué plusieurs membres de l'ex-UCEP pour le 10 décembre et il vient donc d'ajouter le nom de Mauricio Macri à la liste. Le 10 décembre, c'est aussi le Jour International des Droits de l'Homme.
Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12 de ce matin.
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