mardi 23 novembre 2010

Osvaldo Berlingieri : sa biographie vient de sortir [Disques & Livres]

Le pianiste et compositeur Osvaldo Berlingieri, 82 ans, revient sur scène après trois ans de maladie dont il dit lui-même qu'"elle l'a mis au gnouf" (en cana) : il sera ce soir, 23 novembre 2010, à 22h au Centro Cultural Torcuato Tasso à San Telmo (Defensa 1575) avec toute une constellation de musiciens de la jeune génération : Daniel Falasca, Pablo Agri, Horacio Romo, Raúl Luzzi, Carlos Corrales, Lautaro Greco, Daniel Naka, Juan Pablo Navarro, Cristian Zárate, Hernán Possetti, Fernando Suárez Paz, Guillermo Fernández et María Lavalle !


En même temps que le Maestro retrouve la scène, sort en librairie sa biographie, intitulée Yo toco el piano (moi, je joue du piano).

A cette occasion, le quotidien Página/12 publie ce matin une interview et fait la une de ses pages culturelles avec la photo du vieux maître à la discographie fournie.

Extrait final (en version bilingue, of course) :

–Al repasar sus discos salta en la audición su carácter vanguardista. La incorporación de saxo al tango, por ejemplo...
–¡Nooo! ¡La vanguardia era Troilo! Al lado de Troilo yo fui vanguardia...
–¿Cuál fue la mayor satisfacción que tuvo con esa orquesta?
–Troilo no permitía a nadie tocar una nota de más. Pero a mí un día me escuchó una variación y me preguntó: “Pibe, ¿qué tocó?” “No sé, maestro, improvisé.”, le contesté. Y me dijo: “Bueno, hágalo siempre”. Después salieron críticas que decían que yo desvirtuaba la orquesta, que estaba metiendo jazz, que cómo Pichuco lo permitía. Me daban con todo. Y era jodido, porque en esa época esas críticas tenían influencia. Troilo siempre me defendió.
–¿Y de los años de gira con Tango Argentino, qué recuerdos guarda?
–Yo aparecía en penumbras, con una variación de “Nunca tuvo novio”. Se empezaban a prender las luces y venía Raúl Lavié, cantando. El teatro se venía abajo.

Berlingieri no dirá más. Leda completará la escena recordando los elogios del The New York Times, o a Liza Minnelli y Anthony Quinn, haciendo cola al término de la función, “como cualquier hijo de vecino, con una humildad sorprendente”, para felicitar a los músicos. O a Robert Duvall, o Al Pacino, o Robert De Niro o Lady Di, igualmente emocionados. Y volverá sobre las invitaciones que se acumulan, como la de la Orquesta Sinfónica de Tokio, cuyo representante no entiende que Berlingieri rechace la oportunidad de dirigirla, y el cachet que se ofrece. “Es un hombre que trabaja muy silenciosamente, hay orquestas de todo el mundo que hoy tocan sus arreglos”, concluye Leda. Berlingieri sólo quiere agregar algo más. Dice que le gusta el título de su biografía, que siente que es el que más lo identifica: “Yo toco el piano”.
Página/12 (Karina Michelleto)

- En réécoutant vos disques, ce qui frappe, c'est leur caractère avant-gardiste. L'introduction du saxo dans le tango par exemple....
- Noooooon ! L'avant-garde, c'était Troilo ! C'est avec Troilo que j'ai été l'avant-garde...
- Quelle a été le plus grande satisfaction que vous avez eue avec cet orchestre ?
- Troilo ne permettait à personne de jouer une note en trop. Mais moi, un jour, il m'a écouté dans une variation et m'a demandé : "Dis, le môme, qu'est-ce que tu as joué là ?". "Je ne sais pas, Maestro, j'ai improvisé", lui ai-je répondu. Et il m'a dit : "Bon, fais-nous ça à chaque fois". Après les critiques sont partis en guerre, ils disaient que je dévitalisais l'orchestre, que j'y fourrais du jazz, que comment Pichuco pouvait permettre ça ! J'en ai entendu des vertes et des pas mûres. Et ça faisait suer, parce que à cette époque-là, ces critiques avaient de l'influence. Troilo m'a défendu chaque fois.
- Et des années de tournée avec Tango Argentino, quels souvenirs gardez-vous ?
- Moi, j'étais dans l'ombre, avec une variation de Nunca tuvo novio. Les lumières commençaient à s'allumer et Raúl Lavie venait chanter. Et le théâtre s'effondrait.

Berlingieri ne dira plus rien. Leda [sa femme, NDT], continue la scène en rappelant les éloges du New York Times, ou Liza Minelli et Antony Quinn, faisant la queue à la fin de la réprésentation comme n'importe quel habitant du coin, avec une humilité surprenante, pour féliciter les musiciens. Ou Robert Duval, Al Pacino, Robert De Niro ou Lady Di, émus eux aussi. Et elle reviendra sur les invitations qui s'empilent, comme celle de l'Orchestre Symphonique de Tokyo, dont le représentant ne comprend pas que Berlingieri refuse l'occasion de le diriger et le cachet qu'on lui offre. C'est un homme qui travaille beaucoup en silence, il y a des orchestre dans le monde entier qui aujourd'hui jouent ses arrangements, conclue Leda. Berlingieri veut juste ajouter une chose de plus. Il dit qu'il aime bien le titre de sa biographie, qu'il ressent que c'est celui qui lui ressemble le plus : Moi, je joue du piano.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Yo toco el piano, Osvaldo Berlingieri, par Rafael Flores Montenegro, est sorti aux éditions Abrazos. Il coûte 16 € sur le site de l'éditeur. Voir la page du livre sur le site de Abrazos Books.

Pour aller plus loin :