Hier, une augmentation significative des allocations familiales (salario familiar) argentines a été annoncée par le Gouvernement (Casa Rosada ou Gobierno de la Nación) : l’augmentation, de 33,3%, concerne les allocations familiales que touchent les parents de mineurs de moins de 18 ans et d’enfants handicapés sans limite d’âge, y compris l’allocation prénatale, sous plafonds de ressources (lesquels n’ont pas été réévalués), avec valeur rétroactive au 1er octobre, mais à l’exclusion des primes ponctuelles (asignaciones extraordinarias) octroyées pour une naissance, une adoption ou un mariage.
Sur les règles d’attribution des allocations familiales, voir mon premier article à ce sujet, publié le 21 septembre 2008, lors de la dernière augmentation de ces prestations sociales.
Le nombre d’ayant-droit a sans doute diminué depuis la dernière réévaluation il y a 13 mois puisque, tandis que les plafonds n’ont pas été réévalués, la plupart des salaires, eux, l’ont été, même si les Argentins ont l’impression, et ce n’est pas toujours faux, qu’ils n’ont pas suivi l’inflation. Les salaires depuis le début de l’année civile ont augmenté d’environ 15% en moyenne.
En revanche, la mesure ne constitue pas un surcoût pour l’Etat puisqu’elle se fonde sur l’augmentation des recettes de l’ANSeS, l’Administration Nationale de Sécurité sociale, qui dépendent des contributions patronales assises sur la masse salariale (qui a elle-même augmentée d’environ 15%). A noter cependant qu’en Argentine, seule une partie des entreprises verse effectivement ses cotisations patronales. Le travail au noir reste très largement présent dans l’économie argentine, à hauteur d’environ 40% de la population active, et l’Etat n’a pas les moyens d’effectuer des contrôles assez coercitifs pour obliger les entreprises à respecter la loi.
L’Etat fait donc une campagne civile (probablement assez peu efficace, vu les rapports de force en présence) pour rappeler aux salariés-citoyens qu’ils disposent de droits dont leurs employeurs ne sont pas autorisés à les priver, et notamment des droits à une protection sociale en terme d’assurance santé et d’assurance vieillesse, dans l’espoir que les salariés puissent faire pression sur leurs employeurs et exiger d’être "blanchis" (déclarés).
Le travail au noir est si répandu en Argentine qu’on distingue en effet entre les "salariés blancs" "empleados blancos" (en français "salariés déclarés") et les "salariés noirs" (en français "au noir" ou "non déclarés"). Attention donc quand vous voyez parler de blanchiment (blanqueo) dans la presse : il ne s’agit pas nécessairement de recyclage d’argent sale, provenant d’activités crapuleuses. Cela a certes bien à voir avec le respect de la loi mais celle du code du travail et de la sécurité sociale. Rien à voir la plupart du temps avec le produit du trafic de drogue, de la prostitution, de la contrefaçon en tout genre et des autres contrebandes plus lucratives les unes que les autres.
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Pour aller plus loin : lire l’article de Clarín (édition d’hier).