Clarín a publié hier soir un article sur un phénomène très alarmant. Deux ans et demi après l’arrivée de Mauricio Macri à la tête du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, voilà que la Direction Portègne des Statistiques délivre un rapport qui montre une poussée de la mortalité infantile qui régressait depuis 5 ans : la moyenne était de 7,3 ‰ (1) en 2008. Il est passé à 8,3 ‰ en 2009.
Mais cette moyenne sur l’ensemble de la ville cache des distorsions géographiques très importantes qui montrent clairement le lien entre pauvreté et mortalité des tout-petits. Les lecteurs fidèles de Barrio de Tango et ceux qui connaissent déjà bien la ville par leurs propres ressources me voient arriver : le taux dans le sud de la ville est largement plus élevé que celui que l'on trouve dans le nord...
Ainsi c’est la comuna 8, le secteur administratif qui regroupe les quartiers de Villa Lugano, Villa Riachuelo et Villa Soldati qui a le plus de mortalité, avec un taux impressionnant de 12,8 ‰, ce qui représente une augmentation de 0,9 ‰ par rapport à 2008. La comuna 9 (Liniers, Mataderos et Parque Avellaneda) est un tout petit mieux lotie avec 11,3‰, ce qui représente tout de même une croissance trois fois plus élevée que l’augmentation moyenne de 2008 à 2009. Faisant un peu mieux encore, la comuna 4, qui regroupe Barracas, La Boca, Pompeya et Parque Patricios, est passée de 9,8 ‰ en 2008 à 10,6 ‰ en 2009.
Au nord, les quartiers riches et patriciens, on trouve les taux les plus bas : la comuna 2 où se trouve le quartier de Recoleta montre un taux presque européen de 5,1 ‰ (ce qui représente tout de même une augmentation de 0,1‰ par rapport à l'année précédente) et la comuna 14, qui est celle de Palermo, a baissé son taux de mortalité infantile : il était de 6,5 en 2008 et de 5,2 en 2009.
Depuis 20 ans, en moyenne annuelle globale, on observait pourtant une baisse régulière de ce taux. En 1990, il était de 16‰. Pendant ces deux décennies, il y eu trois années où le taux remonta : 2002 et 2003, juste après l’effondrement économique général de l’Argentine (décembre 2001), et l’année dernière, qui était la seconde année de la gestion libérale de Mauricio Macri.
Où l’on voit que les cris d’alerte lancés l’année dernière dans les colonnes de Página/12 par différents groupes de militants politiques, sociaux, syndicaux et culturels pour dénoncer l’abandon des hôpitaux, des centres culturels et sociaux, le mauvais entretien des écoles publics dans les quartiers populaires, et la chasse aux sans abris n’étaient pas dénués de fondement...
Pour en savoir plus sur ce sujet : lire l’article de Clarín.
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(1) En France, en 2008, le taux de mortalité infantile d’après l’INSEE était de 3,8 ‰ et ce taux est stable depuis 2006. Il était de 4,8 ‰ en 1998. Ce taux est plus élevé que celui qui existe en Suède ou en Finlande, qui atteignent 3 ‰.