Dimanche 28 juin, les Uruguayens votaient eux aussi. Dans le cadre des primaires organisées par chaque parti pour choisir son candidat à l’élection présidentielle d’octobre prochain. A l’exemple de ce qui se passe aux Etats-Unis, la grande démocratie modèle pour l’ensemble du continent, chaque parti désigne son candidat puis celui-ci choisit son partenaire qui, s’ils sont élus, occupera le poste de Vice-Président.
L’enjeu le plus passionnant était celui qui se jouait au Frente Amplio, large parti fédératif regroupant la quasi-totalité de la gauche uruguayenne.
En effet, le Frente Amplio, qui s’est formé en 1971, juste quelques années avant l’arrivée au pouvoir d’une junte dictatoriale qui le jeta aussitôt dans la clandestinité, est devenu un parti de gouvernement il y a quatre ans lorsque son candidat,un ancien maire de Montevideo, a été porté à la Présidence de la République. Jusqu’alors, le pays n’avait vécu qu’une alternance entre les deux partis de droite, désignés comme les Colorados et les Blancos. Avec l’élection de Tabare Vázquez, le pays est entré dans l’ère du tripartisme. Or Tabare Vázquez n’a pas été usé par le pouvoir. Sa popularité reste immense auprès de la majorité de ses concitoyens, qui ont très bien accepté ses positions anti-avortement (pourtant contraires au programme de son parti, le parti socialiste) et beaucoup regretté qu’il refuse obstinément l’offre qui lui avait été faite de se représenter, au prix d’un changement constitutionnel qui pouvait être obtenu à partir d’une pétition populaire.
Or cette primaire du Frente Amplio, c’est le candidat du Parti socialiste qui l’a emportée haut la main, José Mujica, un ancien guerrillero, qui avait pris le maquis sous la dictature militaire, un homme politique lui aussi très populaire. Si aucune catastrophe n’intervient d’ici octobre, Pepe Mujica a donc des chances non négligeables d’être le prochain président de la République d’Uruguay.
Dès lundi, les trois candidats en lice ont donné le coup d’envoi de la campagne. On verra bien ce qu’il en sortira au printemps...
Pour aller plus loin : lire l'article d'Observa Uruguay sur la victoire de Mujica sur Astori.