mercredi 1 juillet 2009

Etat d’urgence sanitaire à Buenos Aires et La Plata [Actu]

Une Une en forme de pied de nez à la psychose


1er juillet 2009 : 17 Provinces argentines ferment ou vont fermer les établissements scolaires en avance sur les dates de vacances d’hiver. Cinq Provinces ou juridictions fédérées ont déclaré l’état d’urgence, qui n’est pas un état d’alerte mais une forme de Plan OrSec, un protocole qui permet de prendre des mesures inhabituelles pour faire face à une situation exceptionnelle.
Les Provinces en état d’urgence sont la Ville de Buenos Aires, la Province de Buenos Aires, la Province du Chaco, la Province de Río Negro et la Province de Corrientes.
Ce plan d’urgence se traduit dans les faits par la fermeture des établissements scolaires, où ne se maintiendra que la distribution de repas chauds pour les écoliers. Dans de nombreux cas, les familles devront venir chercher le repas des enfants. Dans d’autres cas, seule la cantine (el comedor) ouvrira à l’heure du déjeuner pour délivrer ce service, qui aide de nombreuses familles du sud à vivre. Il se traduit aussi par une réorganisation au niveau du système de santé et une gestion des stocks de médicaments pour que tous les malades disposent de ce dont ils auront besoin au moment voulu. Pour le moment et malgré la pression de certains inquiets, il n’est pas question de fermer les magasins, ni les centres commerciaux, ni les lieux de spectacles, ni les restaurants.

A Buenos Aires et dans la Province homonyme, les enfants arrêtent la classe à partir de lundi 6 juillet. Dans quelques provinces, l’école a cessé dès le 1er juillet ou le 30 juin. Les cours reprendront le 4 août. On estime en effet que les 3 premières semaine de juillet, les plus froides de l’année, correspondront au pic des maladies respiratoires infectieuses qui sévissent actuellement : grippe saisonnière, grippe A et bronchiolite.

A Buenos Aires, c’est Mauricio Macri lui-même qui a fait l’annonce par une conférence de presse où les questions angoissées n’ont pas manqué. Pour tenter de ramener un peu de raison dans cette réaction excessive, Mauricio Macri a insisté sur la responsabilité de chacun : les parents sont priés de garder les enfants à la maison et de ne pas considérer les deux semaines de suspension des classes comme des vacances (donc pas de promenade, pas de partie de foot avec les copains, pas de goûter d’enfants...). Quant aux adultes qui présentent des symptômes, les pouvoirs publics attendent qu’ils restent chez eux et évitent de se rendre dans les magasins, les cinémas, les théâtres, les restaurants, pour que ceux-ci puissent rester ouverts, une condition indispensable à la santé économique du pays, lui aussi atteint par la crise mondiale même si c’est en proportion moindre que les pays européens ou nord-américains.

Au niveau national, le Ministre de l’Education, Juan Carlos Tedesco, envisage de prolonger le deuxième semestre d’école de deux semaines, pour compenser les deux semaines de fermeture décrétées par la majorité des Provinces, en particulier en supprimant certains jours fériés.

Concrètement, j’ai déjà reçu moi-même sur ma boîte mail plusieurs avis de report de spectacles au mois d’août, les organisateurs préférant cette solution au risque d’une salle moins remplie qu’escompté.

Côté anecdote, trois ministres portègnes sont eux-mêmes malades et gardent la chambre. Dans Buenos Aires, on voit maintenant couramment des gens qui circulent un masque sur la bouche comme en avril au Mexique. Cette sage précaution a néanmoins un effet dévastateur sur la psychologie collective et l’on assiste à la résurgence de grandes peurs ataviques, démesurées, et qu’un médecin, le Docteur Mónica Müller, tente de décrypter puis de démonter tout en rappelant à l'ordre et à la raison ses confrères médecins pour qu'ils ne participent pas à augmenter la panique. Un très tonique éditorial de Página/12, daté du 1er juillet 2009, sous le titre Le virus de la peur.
Pour en savoir plus :
Lire l’article de Clarín sur le décret d’état d’urgence
Lire l’article de Página/12 sur le même sujet.
Lire l’éditorial de Mónica Müller dans Página/12 du 1er juillet.
L’ensemble des articles de Barrio de Tango sur la grippe A est accessible sous le mot-clé Grippe A dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, sous le titre de l’article.