C’est la 8ème fois en 2008 qu’un enfant enlevé à sa famille par les sbires de la Dictature Militaire retrouve son identité. Cette jeune femme de 30 ans, qui a appris toute petite qu’elle avait été adoptée, fait partie des personnes que recherchent les Abuelas de Plaza de Mayo (les grand-mères de la Place de Mai). L’enquête la concernant a été lancée à l’initiative de l’association et s'est trouvée dynamisée par les déclarations qu’un tortionnaire, dont la peine avait été commuée en résidence surveillée, a faite au début de cette année à la rédaction de Página/12 édition de Rosario (1).
Il s’agit de la fille de Tulio Valenzuela, né à San Juan, le 21 mai 1945, et de Raquel Negro, née à Santa Fe le 26 avril 1949. Tous deux étaient déjà divorcés lorsqu’ils se sont rencontrés. De son premier mariage, Raquel avait un fils, Sebastián Álvarez Negro, né le 28 mai 1976. Raquel et Tulio se sont connus dans la ville de Rosario où sa militance politique à lui l’avait conduit après son divorce et où elle travaillait comme assistante sociale dans un foyer coopératif. Tous les deux étaient péronistes et militaient dans les rangs des Montoneros (révolutionnaires de gauche radicale se réclamant de Perón). Lui était avocat. Elle était enceinte de 7 mois lorsque toute la famille fut arrêtée le 2 janvier 1978 à Mar del Plata, où ils venaient de revenir après quelque temps passé au Brésil. Les deux adultes feignirent de collaborer avec les geôliers pour obtenir la restitution de Sebastián à la famille Negro. Puis Tulio fut emmené au Mexique, au sein d’une fausse délégation diplomatique, en fait un comando qui avait pour tâche de débusquer (et d’abattre) des militants montoneros réfugiés dans ce pays et que Tulio s’était déclaré prêt à trahir. En fait, Tulio Valenzuela a réussi à fausser compagnie à ses gardiens et à prendre contact avec la presse pour dénoncer les atteintes aux droits de l’homme en Argentine. Ses déclarations furent à l’origine d’un énorme scandale diplomatique entre le Mexique et l’Argentine. Sa famille eut un dernier contact avec lui le 25 mai 1978. De lui, après cette date, on sait seulement qu’il est revenu au pays dans le cadre d’une contre-offensive de l’opposition. Personne n’a plus jamais eu de ses nouvelles.
Raquel, quant à elle, a donné naissance à deux jumeaux, un petit garçon et une petite fille, le 26 mars 1978, à l’Hopital Militaire de Paraná. Selon tous les témoignages concordant du personnel médical, le petit garçon a montré très vite des signes de détresse respiratoire et cardiaque. On sait que les deux bébés ont été envoyés dans un hôpital spécialisé pour être placés en soins intensifs. Dans les registres de l’hôpital en question, figure à la bonne date l’arrivée d’une petite Soledad Lopez et d’un petit NN Lopez. Les initiales NN servaient alors à inscrire les nouveaux-nés qui étaient déjà morts lorsque l’hôpital les recevait. La petite fille, elle, a été confiée très vite à un foyer d’enfants tenu par des religieuses. C’est là qu’elle a été adoptée en toute bonne foi par une famille ordinaire, sans lien avec la Dictature. Cette famille adoptante était d’ailleurs à ses côtés tout au long du processus d’enquête. Lorsque Soledad a été convoquée par le juge pour l’audience où devait lui être signifiée son histoire véritable, poussée par l’intuition, elle est d’abord passée au siège social des Grands-mères pour en savoir plus sur elle, puis elle s’est rendue à la convocation et au bureau du juge, l’attendait son demi-frère, Sebastián Álvarez Negro. Sebastián s’était porté partie civile dans ce procès en recherche de disparu, aux côtés des deux associations, Abuelas, comme toujours dans ces cas-là, et H.I.J.O.S (branche de Rosario).
Par précaution, en tenant sa conférence de presse, hier, alors que l’audience judiciaire se déroulait à Paraná, Estela de Carlotto, présidente de Abuelas, s’est abstenue de toute information nominative sur la jeune fille et ses parents, pour laisser tranquilles les familles impliquées dans cette histoire particulièrement compliquée. Les données biographiques ont été révélées aujourd’hui seulement, par un communiqué de presse, qu’on peut lire sur le site de Abuelas de Plaza de Mayo.
Soledad Valenzuela Negro est la 96ème personne identifiée grâce au labeur des Abuelas de Plaza de Mayo.
Le passé du foyer religieux de Rosario auquel la petite fille a été confiée à sa naissance va faire l’objet d’une enquête approfondie de la part de la Justice.
Cette affaire montre bien comment les militaires brouillaient les cartes et empêchaient les recoupements identitaires : Rosario est très loin de Paraná, et Paraná est elle-même très loin de Mar del Plata, où la famille avait été arrêtée. Il est possible que ces nouvelles investigations permettent de trouver trace de quelques uns des 400 enfants que les Grands-Mères recherchent toujours.
Les révélations faites en janvier par le criminel Constanzo au quotidien Rosario/12 ont mis en cause un certain nombre de bourreaux de la Dictature. L’un d’entre eux s’est suicidé à Córdoba il y a peu alors qu’un juge d’instruction s’apprêtait à l’interroger sur l’enlèvement (robo) de nourrissons dans la Province d’Entre Rios.
(1) Les peines de prison ferme prononcées contre les criminels de la Dictature sont souvent et rapidement transformées en résidence surveillée à domicile, ce qui fait hurler (on les comprend) les associations de droits de l’homme.
Il s’agit de la fille de Tulio Valenzuela, né à San Juan, le 21 mai 1945, et de Raquel Negro, née à Santa Fe le 26 avril 1949. Tous deux étaient déjà divorcés lorsqu’ils se sont rencontrés. De son premier mariage, Raquel avait un fils, Sebastián Álvarez Negro, né le 28 mai 1976. Raquel et Tulio se sont connus dans la ville de Rosario où sa militance politique à lui l’avait conduit après son divorce et où elle travaillait comme assistante sociale dans un foyer coopératif. Tous les deux étaient péronistes et militaient dans les rangs des Montoneros (révolutionnaires de gauche radicale se réclamant de Perón). Lui était avocat. Elle était enceinte de 7 mois lorsque toute la famille fut arrêtée le 2 janvier 1978 à Mar del Plata, où ils venaient de revenir après quelque temps passé au Brésil. Les deux adultes feignirent de collaborer avec les geôliers pour obtenir la restitution de Sebastián à la famille Negro. Puis Tulio fut emmené au Mexique, au sein d’une fausse délégation diplomatique, en fait un comando qui avait pour tâche de débusquer (et d’abattre) des militants montoneros réfugiés dans ce pays et que Tulio s’était déclaré prêt à trahir. En fait, Tulio Valenzuela a réussi à fausser compagnie à ses gardiens et à prendre contact avec la presse pour dénoncer les atteintes aux droits de l’homme en Argentine. Ses déclarations furent à l’origine d’un énorme scandale diplomatique entre le Mexique et l’Argentine. Sa famille eut un dernier contact avec lui le 25 mai 1978. De lui, après cette date, on sait seulement qu’il est revenu au pays dans le cadre d’une contre-offensive de l’opposition. Personne n’a plus jamais eu de ses nouvelles.
Raquel, quant à elle, a donné naissance à deux jumeaux, un petit garçon et une petite fille, le 26 mars 1978, à l’Hopital Militaire de Paraná. Selon tous les témoignages concordant du personnel médical, le petit garçon a montré très vite des signes de détresse respiratoire et cardiaque. On sait que les deux bébés ont été envoyés dans un hôpital spécialisé pour être placés en soins intensifs. Dans les registres de l’hôpital en question, figure à la bonne date l’arrivée d’une petite Soledad Lopez et d’un petit NN Lopez. Les initiales NN servaient alors à inscrire les nouveaux-nés qui étaient déjà morts lorsque l’hôpital les recevait. La petite fille, elle, a été confiée très vite à un foyer d’enfants tenu par des religieuses. C’est là qu’elle a été adoptée en toute bonne foi par une famille ordinaire, sans lien avec la Dictature. Cette famille adoptante était d’ailleurs à ses côtés tout au long du processus d’enquête. Lorsque Soledad a été convoquée par le juge pour l’audience où devait lui être signifiée son histoire véritable, poussée par l’intuition, elle est d’abord passée au siège social des Grands-mères pour en savoir plus sur elle, puis elle s’est rendue à la convocation et au bureau du juge, l’attendait son demi-frère, Sebastián Álvarez Negro. Sebastián s’était porté partie civile dans ce procès en recherche de disparu, aux côtés des deux associations, Abuelas, comme toujours dans ces cas-là, et H.I.J.O.S (branche de Rosario).
Par précaution, en tenant sa conférence de presse, hier, alors que l’audience judiciaire se déroulait à Paraná, Estela de Carlotto, présidente de Abuelas, s’est abstenue de toute information nominative sur la jeune fille et ses parents, pour laisser tranquilles les familles impliquées dans cette histoire particulièrement compliquée. Les données biographiques ont été révélées aujourd’hui seulement, par un communiqué de presse, qu’on peut lire sur le site de Abuelas de Plaza de Mayo.
Soledad Valenzuela Negro est la 96ème personne identifiée grâce au labeur des Abuelas de Plaza de Mayo.
Le passé du foyer religieux de Rosario auquel la petite fille a été confiée à sa naissance va faire l’objet d’une enquête approfondie de la part de la Justice.
Cette affaire montre bien comment les militaires brouillaient les cartes et empêchaient les recoupements identitaires : Rosario est très loin de Paraná, et Paraná est elle-même très loin de Mar del Plata, où la famille avait été arrêtée. Il est possible que ces nouvelles investigations permettent de trouver trace de quelques uns des 400 enfants que les Grands-Mères recherchent toujours.
Les révélations faites en janvier par le criminel Constanzo au quotidien Rosario/12 ont mis en cause un certain nombre de bourreaux de la Dictature. L’un d’entre eux s’est suicidé à Córdoba il y a peu alors qu’un juge d’instruction s’apprêtait à l’interroger sur l’enlèvement (robo) de nourrissons dans la Province d’Entre Rios.
(1) Les peines de prison ferme prononcées contre les criminels de la Dictature sont souvent et rapidement transformées en résidence surveillée à domicile, ce qui fait hurler (on les comprend) les associations de droits de l’homme.