Début du commencement de la fin du cauchemar pour les personnels de la compagnie d’aviation argentine Aerolineas Argentinas, suspendus depuis six mois aux opérations de renationalisation entamées à la mi-juillet 2008.
La semaine dernière, la Chambre des Députés a voté la déclaration d’utilité publique des 5 compagnies d’aviation commerciale du groupe Aerolineas ainsi qu’en conséquence l’expropriation des actions formant le capital du groupe et de ses filiales à 100%, en particulier Austral, qui assure les dessertes aériennes intérieures en Argentine. De l’expropriation sont exclues les actions détenues par l’Etat argentin (qui avait toujours conservé 5% du capital de la société depuis sa privatisation en 1990 par Carlos Menem) et par les salariés (1% du capital seulement).
Le Sénat vient de mettre à l’ordre du jour de ses Commissions des Affaires constitutionnelles d’une part et des Transports d’autre part la pré-discussion de cette loi. Le vote devrait intervenir au cours de la semaine prochaine au plus tard. Il est probable qu’il sera très largement positif, l’ensemble de l’échiquier politique argentin s’entendant sur cette question précise. Dès lors l’expropriation prendra effet dès publication de la loi au Bulletin officiel de la République Argentine et Aerolineas aura aussitôt le statut d’entreprise nationale d’utilité publique, ce qui lui accordera des protections mais lui conférera aussi des devoirs, notamment celui de desservir plusieurs lignes intérieures indispensables mai peu rentables. L’Assemblée Nationale a prévu un plan d’accession au capital pour le personnel d’Aerolineas et ses filiales à hauteur de 10% du capital. Les élus comptent aussi exiger de l’Etat qu’il achète les avions dont la compagnie a été dépouillée par son actuel propriétaire, le groupe de tourisme de masse espagnol Marsans, ce que le Gouvernement s’emploie d’ailleurs à organiser depuis la fin juillet.
Marsans, de son côté, continue à proférer des menaces de poursuites judiciaires internationales contre la République Argentine envers laquelle il a pourtant un passif considérable (non paiement de la taxe professionnelle et des taxes aéroportuaires, non présentation des comptes en temps et en heure, endettement excédant le pourcentage de capital permettant à l’entreprise de continuer son activité, etc...). En ces temps de crise économique où le monde entier s’interroge sur l’éthique des affaires et de la gestion financière, il y a des leçons qui se perdent. Et des coups de pied quelque part aussi, mais ça, plus pour très longtemps...