Pour clore sa saison 2008, le Complejo Teatral de Buenos Aires, qui se compose du Teatro Presidente Alvear (Corrientes 1659) et du Teatro General San Martín (Corrientes 1530) auquel est couplé le Centro Cultural San Martín (accès par la rue Sarmiento, derrière, à la même hauteur), organise tout ce week-end un vrai festival de spectacles et de concerts, tous gratuits, dans l’ensemble de ses salles et à plusieurs créneaux horaires, en matinée et en soirée.
De ce programme touffu, je choisis de vous présenter une sélection complètement subjective, donc parfaitement injuste et j’assume...
Au Teatro General San Martín (qui dispose d’une impressionnante collection de salles toutes très bien équipées, sur plusieurs étages et qui abrite, à l’un d’eux, les studios des deux radios publiques de Buenos Aires, la 11.10 et la 2x4), dans le Hall Carlos Morel, en matinée les deux jours, à 17h, un spectacle de théâtre intitulé María Elena, écrit et mis en scène par Héctor Presa, joué par la compagnie La Galera Encantada (la galère ravie), rend hommage à l’écrivaine, poétesse et chanteuse María Elena Walsh (à qui l’on doit quelques tangos qui ont fait date).
Dans ce même Hall Carlos Morel, samedi, à 20h, un concert de tango par le trio du bandonéoniste Walter Ríos (à 21h, lui succédera une représentation de la pièce de théâtre autrichienne Heldenplatz, Place des Héros, de Thomas Bernhard sur l’Anschluss de 1938).
Enfin toujours dans ce Hall Carlos Morel, à 22h45 samedi, un concert de musique klezmer (musique des juifs d’Europe centrale et orientale), par Marcelo Moguilevsky et César Lerner, dont les prénoms indiquent clairement qu’ils ne sont pas exactement des immigrés de la première génération. Buenos Aires est une des rares villes du monde où le yiddish est toujours parlé (il y a en particulier à Buenos Aires un théâtre yiddish qui perpétue la tradition de ce répertoire dramatique, fortement politisé, qui connut en Europe occidentale entre les deux guerres un développement extraordinaire).
Au Teatro Presidente Alvear, ce seront les dernières représentations de Las Mujeres Sabias (voir l’affiche ci-dessus), une comédie satyrique française du Grand Siècle : Les Femmes Savantes, de Molière dans une mise en scène argentine (1) de Willy Landin (et une traduction en espagnol, bien sûr). Les jeudis et vendredis, la place était à 30 $. Les samedis et dimanches, c’était déjà gratuit pendant toute la durée des représentations...
Et dire que les Portègnes croient que pour la culture, vaut mieux vivre à Paris qu’à Buenos Aires... Ils sont fous, ces Portègnes, dirait Obélix...
(1) La perruque blanche, anachronique, en fait foi, sur l'affiche. Les personnages de Molière porte la perruque brune à la mode du temps de Louis XIV. La perruque blanche n'est arrivée que sous Louis XV, du temps de son règne personnel (après la Régence).