mercredi 24 décembre 2008

Le joyeux Noël d’Elisa Carrió [actu]

Elisa Carrió est, en Argentine, la chef de file de la Coalición Cívica, une coalition de partis de droite qui mène l’opposition nationale. Elle-même vient de l’UCR (Unión Radical Cívica), un vieux parti de gauche anti-péroniste, qu’elle a quitté lorsqu’elle s’est droitisée et elle est en train d’entraîner la partie la plus anti-péroniste de l’UCR (1) dans une alliance électorale et d’opposition UCR-CC.

Deux fois Elisa Carrió a été battue à plate couture par les époux Kirchner à des éléctions présidentielles, en 2003 et en 2007, d’abord par lui, Néstor Kirchner, ensuite par elle, Cristina Fernández. A chaque fois, elle a obtenu un score inférieur de moitié au leur. Et c’est peu dire qu’elle les déteste. Avec un acharnement presque obsessionel, elle n’a jamais manqué une occasion de les accuser de corruption, concussion et autres malversations dans le cadre de l’exercice de leurs responsabilités gouvernementales. Jusqu'à présent sans guère convaincre que ses propres suiveurs.

Cette fois-ci, elle a marqué au moins un point. Un juge a décidé il y a quelques heures de lancer une enquête préliminaire sur un trafic d’influence qui met en cause Néstor Kirchner (ancien président de la République, de 2003 à 2007, et actuel président du PJ), l’actuel ministre de la planification, Julio De Vido, le ministre des transports, Ricardo Jaime (qui vient de faire des pieds et des mains pour récupérer Aerolineas en froissant le moins possible le gouvernement espagnol) et un certain nombre de conseillers actuels de Cristina Fernández qui travaillaient déjà à la Casa Rosada dans l’équipe du précédent président.

L’enquête fait suite à une dénonciation, déposée par Elisa Carrió et onze députés de CC. Ils accusent l’ancien président et ses collaborateurs d’avoir fait pression pour forcer l’ouverture de certains marchés à des entreprises (nominalement désignées) tenues par des péronistes, entre autres dans la Province de Córdoba et dans le sud du pays.

Les comptes des 24 sociétés incriminées vont être épluchés. Des informations financières sont en route pour la Principauté du Liechtenstein (pour blanchiment d’argent) et dans les jours prochains, Néstor Kirchner risque une inculpation pour association illicite. Qui vivra verra...

En tout cas, Elisa Carrió se rendra sans doute à la messe de minuit ce soir, avec le sentiment du devoir accompli : elle a une réputation de catholique très pratiquante, bien entendu très diversement appréciée d’un bout à l’autre de l’échiquier politique argentin.




(1) l’UCR est profondément divisée entre une aile (los radicales K) qui a fait alliance avec le PJ (Partido Justicialista, le parti fondé par Perón en 1945) et divers socialistes dans une coalition éléctorale, le Frente para la Victoria, aujourd’hui aux affaires, avec, représentant l’UCR, le Vice-Président de la République, Julio Cobos, et l’aile anti-péroniste à présent fortement tentée par la droite et qui vote systèmatiquement avec l’opposition au Sénat comme à l’Assemblée Nationale.