La liste des scandales dans lesquels se trouvent impliqué l’ancien Président de la République, Carlos Menem, le second dans la liste des chefs d’Etat de la Démocratie actuelle, continue de s’allonger.
Hier, dans une lettre adressée à l'actuel Ministre de la Planification (qui a en charge le secteur industriel), le Président de la filiale argentine qui reconnaissait que sa société avait versé des pots de vin (sobornos) à des ministres (functionarios) argentin entre 1998 et 2001. Dans la même lettre, le même homme d’affaires prend la précaution de mettre hors de cause les gouvernements Duhalde, Kirchner et Fernández de Kirchner.
L’aveu intervient après qu’une enquête menée aux Etats-Unis a dénoncé le géant allemand pour des dessous de table (coimas) à plusieurs hauts responsables argentins entre 1998 et 2004. Il s’agissait d’obtenir un contrat de concession pour la fabrication des documents d’identité en Argentine. Or le rapport du juge nord-américain met en cause le chef d’Etat de la période couverte par la concession accordée à Siemens ainsi que le Ministre de l’Intérieur et le Directeur du Contrôle de l’Immigration de la même époque. Ce qui revient à accuser directement Carlos Menem, Président de la République entre 1989 et 1999, Carlos Corach et Hugo Franco, respectivement ministre et haut fonctionnaire de son gouvernement. Il semble que Siemens souhaite tourner la page de ces années peu glorieuses et repartir du bon pied en Argentine. La filiale argentine a donc tout à la fois reconnu l’acte de corruption et rectifié les données du juge nord-américain, en réduisant la durée de ces mauvaises pratiques, ce qui exonère les actuels dirigeants du pays, dont l’opposition met sans cesse en doute la probité, mais fait plonger le successeur immédiat de Carlos Menem, celui qui décreta le Corralito (le gel des avoirs bancaires) et précipita le pays dans une crise économique catastrophique (décembre 2001).
Du coup, le caricaturiste de Página/12, Daniel Paz, tire aujourd’hui sans sommation. Dialogue :
Les observateurs : Les Etats-Unis, c’est comme le Vatican, ils reconnaissent les choses mais longtemps après.
L’officiel américain : Menem recevait des pots de vin.
Le journaliste : Vrai ? Dites-en plus...
L’officiel : L’invasion de l’Irak, c’était à cause du pétrole.
Le journaliste : Pas possible !!! Dites-en plus...
(1) Casserole (popular) : escandalo (literalmente: caserola)