mardi 18 mai 2010

Nouvelle fiche thématique sur le site de Gisela et Rodrigo [Troesmas]

Gisela Passi et Rodrigo Rufino par l’ami Philippe Fassier (que je salue)

Depuis le début de cette année 2010, j’ai avec Rodrigo Rufino et Gisela Passi un partenariat qui nous permet à trois d’animer sur leur site, dans la rubrique Ecouter, une série pédagogique sur les thématiques du répertoire du tango, en huit fiches distinctes, illustrées à chaque fois de 3 exemples de tango (vals ou milonga), en version bilingue.

Cette semaine, Gisela et Rodrigo ont mis en ligne la fiche n° 3 qui porte sur le sort des femmes et vous proposent Los cosos de al lao, de José Canet y Marcos Larrosa, Madame Yvonne, de Eduardo Pereyra et Enrique Cadícamo (grand poète dont nous avons déjà présenté Tres Esquinas avec la fiche 2, sur Buenos Aires) et Margot, de Carlos Gardel et José Razzano pour la musique, et Celedonio Flores pour le texte, un tango historique, qui date de 1919 : c’est le premier tango écrit par Celedonio Esteban Flores. En fait, il l’avait écrit comme un poème pour un concours de poésie organisé par le journal Crítica (voir mon article du 11 mai 2010 sur Crítica et son successeur, Crítica de la Argentina), que lisait assiduement Carlos Gardel, à cause de la qualité de ses pronostics hippiques. Gardel était un parieur invétéré ! Ainsi donc, un jour, découvrit-il Por la pinta (pour avoir fière allure), d’un jeune poète inconnu. Le poème lui plut. Cela faisait alors à peine deux ans que el Morocho del Abasto (le beau brun de l’Abasto) s’était converti en chanteur de tango, lorsque Pascual Contursi lui avait apporté la letra de Mi noche triste sur une musique de Samuel Castriota (voir mon article sur Les grandes dates du tango argentin, dans la rubrique Petites chronologies, dans la partie médiane de la Colonne de droite) et il était à la recherche de bons textes pour construire un répertoire qu’il voulait solide (et qui fut fondateur pour le genre). Il adopta ainsi Por la pinta, commença, avec son ami et partenaire de duo, José Razzano, à le mettre en musique, commanda le studio d’enregistrement et au dernier moment, se souvint qu’il lui fallait prévenir l’auteur. Il convoqua alors Celedonio Flores au studio et lui conseilla vivement de changer le titre. Comme le poète hésitait, surpris de tout ce qui lui arrivait et ne voyant pas l’utilité d’un tel changement, Gardel reprit la situation en main, baptisa le tango Margot et l’enregistra dans la foulée.

Par la suite, Celedonio Flores écrivit encore 19 autres tangos pour ou avec Gardel, dont des merveilles comme Si se salva el pibe ou Mano a mano, que j’ai traduits dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, à l’inverse des trois que vous trouverez sur la page Ecouter du site de Gisela et Rodrigo : ceux-là sont des traductions exclusives pour leur site.

Margot est le premier tango de ce poète à paraître sur la page Ecouter, où vous avez déjà lu des letras de Homero Manzi, Enrique Cadícamo, Homero Expósito, Cátulo Castillo et Enrique Santos Discépolo, troesmas entre les troesmas s’il en est (1).

Autre grand classique à ne pas manquer sur cet épisode n° 3 : la version éminemment célèbre de Los cosos de al lao, chantée par Roberto Goyeneche, accompagné par l’orchestre de Néstor Marconi, choisie par Rodrigo, grand spécialiste de la discothèque tango. Une merveille à vous tirer des larmes !

Pour consulter la rubrique Ecouter, cliquez sur le lien.
Pour en savoir plus sur Rodrigo et Gisela, visitez le reste de leur site (dont vous trouverez aussi le lien permanent dans la rubrique Eh bien dansez maintenant ! de la partie basse de la Colonne de droite) et, sur ce blog, cliquez sur leur double prénom, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus : vous accéderez ainsi à l’ensemble des articles que j’ai consacrés à ces excellents et très recherchés professeurs de tango, à qui vous pouvez faire confiance pour l’authenticité du style enseigné et la sécurité musculo-squelettique de leur pédagogie (avec eux, aucun risque de lombalgie et ce n’est pas si fréquent).

(1) troesma : maestro en verlan. Les Portègnes adorent utiliser le verlan. Ils le font d’une manière beaucoup plus naturelle et spontanée que les Francophones.