C'est à un chanteur à la fois très oublié à Buenos Aires et très vénéré dans quelques zones reculées de l'intérieur de l'Argentine que Jean-Louis Mingalon devrait consacrer sa prochaine chronique, à la fin de l'émission de Benoît Duteurtre, Etonnez-moi Benoît, sur France Musique : Agustín Magaldi (1er décembre 1898 à Casilda, en Province de Sante Fe - 8 septembre 1938 à Buenos Aires).
Ce sera samedi prochain, le 22 mai 2010, vers 11h30, et cette fois-ci, la chronique sera diffusée en direct. D'ordinaire, elle est pré-enregistrée. Comme d'habitude, l'émission est téléchargeable automatiquement pendant une semaine en format Mp3 si vous vous êtes abonnés. Sinon, elle peut être écoutée en écoute à la demande sur la page de l'émission sur le site de France Musique pendant 30 jours après la diffusion, soit jusqu'au 21 juin.
Agustín Magaldi est l'un des trois cantores criollos (1) qui étaient très en vogue dans les années 20 et 30, avec Carlos Gardel et Ignacio Corsini, qui était le sujet de la précédente chronique de Jean-Louis (voir mon article du 10 avril sur cette émission).
Bien qu'aussi contesté qu'admiré, Magaldi repose aujourd'hui dans le carré des personnalités artistiques du cimetière de la Chacarita, aux côtés de Troilo, dont on commémorera mardi prochain le 35ème anniversaire de la mort (voir mon article du 11 mai 2010 sur le concert qui se prépare à cette occasion au Teatro Alvear), de Pugliese (auquel rend hommage ce soir une grande milonga à ciel ouvert à Villa Crespo), de Rosita Melo, la compositrice de la valse Desde el Alma, des frères Julio et Francisco De Caro, du peintre Benito Quinquela Martín, entre autres... Pour les uns, Magaldi est un artiste exceptionnel. Pour les autres, il est un mauvais faiseur, sombrant trop souvent dans la facilité et la sentimentalité nunuche. A vous de vous faire votre propre jugement, la chronique de Jean-Louis est là pour ça...
Agustín Magaldi a une manière de chanter bien à lui, très différente de celle que Carlos Gardel a mise dans nos oreilles. C'est sans doute la raison pour laquelle on l'entend peu de nos jours sur les ondes de la 2 x 4 par exemple (la radio 100% tango de la Ville de Buenos Aires, dont le lien se trouve dans la rubrique Ecouter, en partie inférieure de la Colonne de droite). Compositeur, on lui doit plusieurs tangos aux connotations elles aussi inhabituelles : Levantate la frente (relève la tête), où il prend la défense d'une fille-mère abusée par un homme sans honneur, El Penado 14 (le matricule 14) où il raconte la fin misérable d'un bagnard relégué à Ushuaia pendant la terrible période de la Década Infame, ces 13 ans de gouvernement anticonstitutionnel qu'a subi l'Argentine entre 1930 et 1943 (voir mon article Vademecum historique, dans la partie médiane de la Colonne de droite, dans la rubrique Petites chronologies), Nieve (Neige) et Triste Destino (Triste destin), deux tangos qui parlent de la répression en Argentine sous la Década Infame, sous couvert de décrire la situation dans l'Union Soviétique stalinienne contemporaine (2).
Pendant un temps, Magaldi a formé un duo avec un autre chanteur, Pedro Noda, lui aussi peu diffusé de nos jours. A eux deux, ils ont été l'un des rares mais très appréciés duos de chanteurs de l'histoire du tango. Ils ont eu pour guitaristes Enrique Maciel, qui travaillait aussi avec Ignacio Corsini, mais aussi José María Aguilar et Angel Domingo Riverol, qui furent tous les deux guitaristes de Gardel (3).
Bien évidemment, si Jean-Louis a pu me dire le jour, l'heure et le sujet de sa chronique, il ne m'a rien dit sur les morceaux qu'il ferait entendre. Et quand bien même il me le dirait, je ne suis pas sûre qu'il faudrait le publier dans ce blog : il faut tout de même se ménager un peu de surprise, non ?
Pour écouter l'émission ou la podcaster, cliquez sur le lien vers sa page sur le site de France-Musique.
A lire aussi : mon article du 26 mai sur le contenu de cette émission (ajout du 28 mai 2010)
A lire aussi : mon article du 26 mai sur le contenu de cette émission (ajout du 28 mai 2010)
(1) Le caractéristique du cantor criollo est de chanter avec l'accompagnement exclusif d'une ou plusieurs guitares. Cette tradition vient des payadors, ces artistes ambulants qui firent l'unité culturelle des rives du Río de la Plata à la fin du 19ème siècle (voir les Grandes dates du tango, dans la rubrique Petites chronologies de la Colonne de droite).
(2) Ces trois derniers tangos, El Penado 14, Nieve et Triste Destino, sont présentés et traduits en français dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, que je viens de publier aux Editions du Jasmin (mai 2010).
(3) Aguilar était aussi l'un des compositeurs du répertoire de Gardel. Il fut l'un des trois survivants de la collision de Medellín où Gardel et Le Pera trouvèrent la mort. Riverol était lui aussi dans l'avion. Il n'a survécu que deux jours à ses blessures. Il est mort le 26 juin 1935 à l'hôpital de Medellín.