dimanche 16 mai 2010

Vino Carlón : le vin du Bicentenaire [Coutumes]

A chaque semaine, son produit phare pour les deux suppléments gourmands du quotidien Clarín. Cette semaine, Vía Resto, le guide touristico-gastronomique, nous emmène à la découverte du vino carlón, infâme piquette de la fin du 19ème siècle, cherchant à imiter un vin de la Costa Blanca espagnole, et devenu au fil des ans un vrai vin, comme de nombreux crus argentins dont la vinification et l'élevage se sont beaucoup améliorés au fil du temps, souvent grâce à l'arrivée, pourquoi ne pas le dire ?, de maîtres de chais bordelais...

Je vous laisse à vos découvertes oeno-linguistiques en tête à tête avec l'article de Clarín et vous emmène vous promener en tango, en 1930, en compagnie du compositeur (et poète) Cátulo Castillo et du poète (et dramaturge) Nicolás Olivari, à la rencontre d'un pauvre immigrant italien, qui noie sa détresse dans le vin... Carlón, justement...

Con el codo en la mesa mugrienta
y la vista clavada en un sueño,
piensa el tano Domingo Polenta
en el drama de su inmigración.
Y en la sucia cantina que canta
la nostalgia del viejo paese
desafina su ronca garganta
ya curtida de vino Carlón.
(La Violeta, de Cátulo Castillo et Nicolás Olivari)

Accoudé sur la table crasseuse
Et le regard rivé sur un rêve,
Domingo Polenta, le Rital, songe
au drame de son immigration.
Et dans la gargote sale qui chante
La nostalgie du vieux paese,
Son gosier éraillé, bien soigné au Carlón,
entonne en déraillant :
(Traduction Denise Anne Clavilier, in Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, © Editions du Jasmin, mai 2010)

E La Viuleta la va, la va, la va;
la va sul campo che lei si sognaba
ch’era suo yinyín que guardándola estaba...

On se l'écoute dans l'interprétation à jamais géniale de Carlos Gardel grâce à Todo Tango...

Et vive le Bicentenaire !