On n’a pas tous les jours vingt ans,
Ça nous arrive une fois seulement
Ce jour-là passe hélas trop vite
C’est pourquoi faut qu’on en profite
Ça nous arrive une fois seulement
Ce jour-là passe hélas trop vite
C’est pourquoi faut qu’on en profite
dit une chanson populaire française, de Léon Raiter (musique) et Fernand Pothier (paroles), sans grand intérêt littéraire, soit dit en passant, pour ne pas dire même assez cucul-la-praline (1). Mais enfin, elle fait partie de notre culture de base, cette rengaine à la noix.
Or il se trouve qu’en ce moment, c’est ce qui, en cette toute fin d’année 2008, arrive à Melopea Discos, la maison discographique que Litto Nebbia a monté il y a 20 ans pour défendre la bonne musique, la musique qu’il aime, la musique dont se désintéressent si souvent les grands labels internationaux.
C’est Melopea qui vient d’éditer, en octobre, De mi barrio, le premier disque commun de Mariel Martínez et Alejandro Picciano, qui le présentent en ce moment à travers l’Espagne après l’avoir présenté à Berlin, à Londres et à Paris tout récemment (le 18 novembre).
C’est Melopea qui a sorti de l’oubli dans lequel il coulait l’immense chanteur de tango, le second Gardel, que fut et que demeure Roberto Goyeneche, dit El Polaco. C’est Melopea qui a publié ses derniers albums, avant qu’il ne quitte cette terre, prématurément, en 1994. C’est à l’initiative de Litto Nebbia que plusieurs hommages lui ont été rendus et dont l’un a donné lieu à un très beau disque : Tributo al Polaco, avec Adriana Varela, Antonio Agri (aujourd'hui décédé), Horacio Ferrer, Néstor Marconi, Walter Ríos et Esteban Morgado... C’est encore à Litto Nebbia qu’Antonio Carrizo a confié une montagne de chutes d’émissions qu’il avait faites avec El Polaco et qui ont donné trois albums intitulés El Polaco cuenta y canta su historia (un millefeuille de pièces chantées accompagnées de différents articles et d’interviews où il parle de sa carrière et de tous les géants qu’il a côtoyés au long de sa vie artistique : Salgán, Troilo, Piazzolla, Kaplún, les frères Expósito, Discépolo, Homero Manzi, Horacio Ferrer, Cátulo Castillo et j’en oublie). C’est chez Melopea que vous trouverez des disques d’inédits de Piazzolla-Ferrer (eh si, ça existe), de Enrique Cadícamo (un disque dont la chanteuse est Adriana Varela, un autre interprété par Litto Nebbia lui-même) sans oublier le disque Cadícamo-Goyeneche, el poeta y el cantor, et toujours sur Cadícamo, un documentaire sublime, avec le poète lui-même et sa fille qui chante si merveilleusement : La historia vuelve a repetirse...
C’est aussi chez Melopea que vous trouverez Homenaje a Woody Allen, un album fantastique avec un excellent chanteur uruguayen trop tôt disparu, Gustavo Nocetti (6 novembre 1959 - 30 décembre 2002), qui chante ici des morceaux alors inédits de Raúl Garello et Horacio Ferrer, avec une jacquette dessinée par les Maestros Jorge Muscia (poue le fileteado et la conception générale) et Lulú Michelli (pour le portrait du cinéaste new-yorkais en pur style portègne).
Chez Melopea aussi, un album historique très émouvant : Virgilio Expósito, pianiste et compositeur de grands standards du tango des années 40, la plupart composés en coopération avec son frère aîné, le poète Homero, et avec lequel Litto a travaillé pendant plusieurs années, au sein du trio Expósito-Marconi-Nebbia. Virgilio Expósito Melódico y Cancionista, où le compositeur chante en s’accompagnant lui-même au piano quelques uns des grands morceaux du duo fraternel. Hyper-émouvant...
Chez Melopea aussi, la série des DVD Tangos instrumentales, qui nous montrent des formations passionnantes en pleine séance d’enregistrement en studio ou Susana Rinaldi en vivo en Finlandia en 1999, avec Juan Carlos Cuacci (aujourd’hui co-directeur de la Orquesta de Tango de la Ciudad de Buenos Aires) et Walter Ríos, un bandonéoniste dont il a déjà été question plus haut et je reparle plus bas. Ces DVD, nous pouvons les trouver sous nos latitudes, surtout dans les grandes villes mais enfin, en cherchant bien...
Sinon, vous allez directement sur le site de Melopea et vous faites vos courses tranquillement avec votre souris....
En ce moment, chez Melopea, en vedette :
Litto Nebbia y La Luz, le 2ème volume d’hommage rendu par Litto au blues (neufs morceaux de sa composition sur les 14 pistes qui constituent ce disque)
Le bandonéoniste Walter Ríos et la chanteuse Mariel Dupetit : Tarde de julio (après-midi de juillet, donc d’hiver), un album de tango de 17 pistes, dont 3 sont occupées par des compositions de Walter Ríos (dont une co-signée avec Litto Nebbia) et beaucoup de classiques (Malena, Responso, Balada para mi muerte, Pedacito de cielo, El choclo, El Corazón al sur, Balada para un loco, etc...).
Eduardo Lagos, Folcloreishons, un disque de folklore argentin (attention : en Argentine, la musique folklorique, c’est de la musique vivante, contemporaine, ce n’est pas de la muséologie sonore). Le disque comporte un morceau de Atahualpa Yupanqui et un autre du Tatá Farias Gomez.
Un disque d’un duo violoniste-guitariste, respectivement Mauricio Marcelli et Hugo Romero, un duo de tango. L’album s’appelle Motivos, comporte des grands classiques (El motivo, La ví llegar, Lo que vendrá, Discepolín, Libertango, El día que me quieras) et d’autres morceaux nettement moins connus, comme Alfonsina y el mar (sur le suicide de la grande poètesse argentine Alfonsina Storni, 1892-1938) et Menta y Miel, une composition de Mauricio Marcelli lui-même.
Un disque de décembre 2007 du bandonéoniste Ernesto Baffa, l’un des maîtres du film El Café de los Maestros, avec Romance de Barrio de Pichuco, le maître dont la seule évocation le fait pleurer dans le documentaire, plusieurs tangos dont il est le compositeur et un éventail de compositeurs classiques (Cobián, Laurenz, Razzano, Maffia, De Caro...).
En 20 ans, Melopea a déjà publié plus d’un milliers d’albums, dans tous les genres vivants en Argentine (tango, folclore, jazz, blues et rock), en musique uruguayenne (candombe, murgas et autres) et aussi en flamenco. Litto Nebbia adore le flamenco et va tous les ans en Espagne, où il est attendu à nouveau cet été. Il fera une tournée dans la Péninsule, passera par Londres, où il est invité d’un groupe de rock dans la veine Beattles avec lequel il vient de se produire en Argentine, lors d’un festival de jeunes musiciens. Et dès que j’en sais plus, je vous annonce s’il passe ou non par Paris ou par la France...
(1) cucul-la-praline (popular) : tonto