A l’occasion des festivités du Bicentenaire, le supplément bibliographie du quotidien Página/12, Radar Libros, fait le point cette semaine sur les grandes tendances qui règnent dans les romans historiques en Argentine ces dernières années.
Le journaliste interrogent les différences de regard qui se reflètent dans cette littérature en Europe et en Amérique du Sud et soulignent ce que le genre, en Argentine, a de polémique puisque de nombreux auteurs entendent contester l’histoire officielle telle qu’elle est enseignée à l’école. Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises de cette dialectique historique spécifique qui hésitent entre deux Argentines, une Argentine essentiellement européenne et une Argentine métissée typiquement sud-américaine ainsi que de l’instrumentalisation de l’histoire, une cinquantaine d’années après la Révolution de mai 1810, au service de la construction d’un pays qui aurait copié le modèle de l’Angleterre victorienne au lieu de revendiquer une identité et une insertion dans le monde originales (voir mes articles du 26 juin 2010 sur la sortie du livre de Juan Carlos Cáceres et du 22 juin 2010 sur la sortie du plus récent essai de l’historien Norberto Galasso au sujet de ces polémiques très vives qui agitent le monde intellectuel et universitaire argentin. Le livre de Miguel Rep sur le panpéronisme -si vous voulez bien m’autoriser ce néologisme- des 200 ans de l’Argentine apporte lui aussi sa contribution, à sa manière, à la dynamique de cette controverse fondatrice, voir mon article du 14 juin 2010).
L’article de Juan Pablo Bertaza se termine par une revue des parutions récentes, centrées sur des faits emblématiques de l’histoire du pays : la Révolution de mai (on n’en attendait pas moins des maisons d’édition, cette année), les invasions anglaises, en fait des tentatives d’invasion en 1806 et 1807 repoussées vaillamment par les milices criollas qui prirent les armes pour défendre leurs terres, le début de la grande vague migratoire qui transforma profondément le pays et s’échelonna de 1880 (et même déjà un peu avant) jusqu’au début des années 1930.
Sur la une de Radar Libros (cliquez sur l'image pour la lire en une résolution plus haute), les fidèles lecteurs de Barrio de Tango, qui connaissent ce blog depuis au moins le 22 mai 2010, reconnaissent le document historique qui l'illustre... Il s'agit bien entendu de la convocation au Cabildo Abierto du 22 mai 1810 qui déclencha le processus révolutionnaire, allait conduire à l'éviction du Vice Roi et à l'institution d'un gouvernement criollo (lire mon feuilleton sur la Semana de Mayo, publié du 18 au 25 mai 2010 et les autres articles disponibles sous forme de raccourcis dans la rubrique Petites chronologies dans la partie médiane de la Colonne de droite).
Pour aller plus loin :
Lire l’article de Radar Libros du 18 juillet 2010